Écrire quelque chose à propos d’écrire. Tu parles d’une idée à la noix … Migraine en perspective et surtout, certitude de n’apporter nulle eau à un moulin qui tourne tout seul, normalement n’y a rien à faire.

Comment ça naît, pourquoi ? Pourquoi maintenant, pourquoi ça, pourquoi moi. À quel sujet, de quel sujet. Utilité de faire cela, but, mobile, intention. Sous quelle forme.

« Et à qui donc écrivez-vous ? », me demandait avec une curiosité gourmande et empreinte de bonhomie un psychanalyste de ma connaissance, ouvrant ainsi largement devant moi un livre blanc, vide, résistant.

L’adresse, donc. D’où je déduis : qui dévoile l’adresse, élucide le propos. Mais dans ce cas, l’écriture ayant perdu son objet en route, la porte est ouverte, quelqu’un l’a enfoncée.

Ce n’est plus le psychanalyste qui parle ici. Lui s’est tu, comme d’habitude, embusqué derrière cette question maligne de vieux singe qui va décrocher la banane, faisant grincer le rocking-chair sur lequel il se balançait d'ordinaire comme une vieille mère-grand susceptible à tout moment de montrer ses grandes dents. Question qui résonna longtemps après la fin d’une séance par ailleurs décevante (pourquoi décevante, etc.).

À cette époque, je parcourais cent quarante kilomètres pour venir voir ce thérapeute, et bien évidemment cent quarante kilomètres pour retourner chez moi. Au volant d’une Ford Escort rouge un peu poussive mais assez valable une fois lancée, j’avalais la route du retour sans trop me soucier de ce qui m’entourait. Heureusement, cette route était la plupart du temps peu fréquentée. La Ford attaquait vaillamment une longue montée sans s’essouffler, franchissait en souplesse un col où même en été il faisait très frais, redescendait les vastes lacets de la nationale 102 sans ralentir, entrait dans la ville, se garait. La séance prenait fin véritablement lorsque, sortie de la voiture, j'en verrouillais les portières. Ce fut sans doute la psychanalyse la moins chère du marché, ramenée au prix de l’heure, et la plus distrayante question paysages.

N’importe, écrivons et voyons comment tout ça va s’organiser.

Ça met un moment à démarrer, ce qui est agaçant, d’autant plus que tout est déjà écrit dans la tête. Enfin, c’est ce qu’on a cru. Rien de plus illusoire que la composition mentale, subterfuges de la mémoire, de l’intelligence et des sens. La plupart de mes grandes œuvres se sont inscrites sur une surface lisse d’insomnie, ou sur la page mouvante d’un paysage défilant par les fenêtres d’un moyen de transport quelconque, à condition que je n’aie pas été en train de conduire, et encore, voir plus haut. Mais cette écriture devenait sympathique, c’est-à-dire invisible, dès que j’arrivais à destination.

J’ai stocké des feuilles blanches.

J’ai aussi écrit plusieurs parties de poèmes, romans, scénarios de films, pièces de théâtre – dont j’ai parfois assuré la distribution, le casting, l’éclairage, les décors, la mise en scène – pendant le temps que toute femme consacre à la vaisselle, aux soins du ménage, au repassage. Ces tâches répétitives exécutées dans la déconnexion totale d’une partie du cerveau, l’autre pilotant avec habileté le choix de la température de l’eau, la quantité de produit sur l’éponge, le degré de chaleur du fer à repasser, la trace de la frange à laver sur le parquet mouillé et la tentation toujours recommencée de l’unicité de la surface, la traque de la poussière sur un meuble, de la goutte d’eau sur un évier inox essuyé, ressuyé. La prosodie rythmée par le drap qu’on secoue, la phrase qui s’écoule dans l’évier avec l’eau du robinet, la mousse receleuse de mystères … On frotte une casserole avec d’autant plus d’énergie que se conduit le débat entre deux protagonistes.

Parfois tout de même les choses se concrétisaient sur le papier, le temps miraculeux d’une page, d’une autre, encore une autre … Marche, marche.

Écrire, écrire, écrire. Ça fume. Une idée entraînant l’autre, ça devient quelque chose. On le tient. On ne sait pas encore qu’on le tient mais on est porté.

Porté, transporté, transposé. On accomplit les actes de la vie quotidienne en planant juste au-dessus, on survole la table, on se voit dormir. On continue.

Cinq pages, quinze pages, soixante pages, quatre cents pages.

Soudain ça se noue. Hic et hickett, saperlipopette, que e’lo que pas’aqui ?

Le nœud devient légèrement résistant. Rature, mot supprimé, paragraphe supprimé, contournement, réflexion, silence. Incrédulité. Le nœud se serre inéluctablement comme vos lacets de chaussures quand ça veut mal partir et que vous ne coordonnez plus vos doigts gourds.

Ce nœud concerne : le propos. Le contexte du propos. L’objet. La personne, ou personnage. Le virage ou le changement d’une situation. La description d’un moment particulier. L’évolution de ce moment à un autre. Les changements de la personne entre ces deux moments. Le fait de savoir si la personne est un personnage. L’écriture s’écrivant. Le rapport entre votre écriture-in-process et la visée de votre viseur. La vanité de tout ça. C’est noué, c’est plié, on se lève et on s’étire.

Devant le nœud, chacun sa stratégie. L’évitement ne fonctionne pas. L’ignorance est une possibilité. L’affrontement différé est assez efficace. Allons donc nous faire quelque chose à manger.

A propos de personne ça me fait penser à mon petit-fils qui s’amuse beaucoup, en ce moment, de crier dans les endroits où il y a un peu d’écho comme les pièces vides, couloirs, halls d’immeubles : « Hééééyoooh ! Y a pessonne ? ». Il zézaie comme on le doit à vingt-huit mois, de manière particulièrement attendrissante ; il se débrouille avec son petit matériel de vocabulaire, sa quarantaine de mots bredouillés, les réminiscences d’histoires qu’on lui lit pour l’endormir : « Héééyoooh ? Ya pessonne ? ». Interrogation emblématique de ce qui nous occupe.

Ce nœud est en ficelle mouillée, vous n’y passez plus un doigt, pute vierge !

J’en connais qui traitent ça par le mépris. Ou qui s’inventent des théories, des méthodes, des contraintes. J’en connais qui s’inscrivent dans une filiation sans fin où l’on trouve, avant eux, à peu près tout ce qui est enterré au Père Lachaise. J’en connais qui font dans le système, déclarent qu’on écrit pour réaliser une œuvre. J’en connais qui l’ont fait, c’est ceux que je lis. Y en a des morts, et pis des vivants. J’en suppute qui ont du métier, un bagage intellectuel, culturel, spirituel, à vous dégoûter d’écrire même un ticket de caisse. Chemin faisant, atterrissons devant la gazinière et confectionnons des œufs au plat, la chose nourrissante, chaude, gratifiante, la plus rapide à préparer qui soit. Noyons le bébé pain rassis dans le jaune d’œuf, paf une tache. Qu’est-ce que je fous là. Morosité en perspective.

À demain ! (sur l’air de « soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien »)

Demain, enfin : aujourd’hui.

Ça ne revient pas. On accomplit d’autres actes diurnes. Le diable se cache dans les détails. Dans le bus ou le métro, quelque chose attire l’attention et l’on se dit, de manière primesautière et comme dégagée du mauvais machin, là, dans le tiroir : « tiens, je vais noter ça en rentrant ». On rentre, on note ou pas. Rien à voir mais tant pis, c’est bon pour le moral.

Chemin faisant, établissons la liste des rencontres cocasses de la journée : des vieux invraisemblables côtoyés au cours de gym ; un pharmacien complètement con (pléonasme) ; un type à dégaine de psychopathe dans le métro, on n’en a pas mené large pendant une minute avant de se moquer de soi. Le tueur dégaine son portable et, sitôt sorti de la station énonce dans l’appareil, d’une voix totalement anodine « t’as pu passer aux impôts ? … Non laisse, je vais y aller, j’suis sorti plus tôt … »

Embroideries.

Plus tard, dans cet océan de fatras, le tiroir est rouvert ; enfin, le fichier Word est affiché. On relit jusqu’au nœud … Bizarre. Oukilé ? Le nœud n’y est plus. La transition s’affiche plus claire que si on l’avait déjà écrite. La ficelle a séché, s’est desserrée et les lacets maintenant rampent sur le sol, dociles. Enfilons donc cette godasse familière : un texte en écriture, et marchons.

« MARCHONS, MARCHONS, QU’UN SAN-GUIM-PUREUH, TARATATAAAAA … »

On continue. C’est pas du tout la direction qu’on avait voulu prendre mais ça procède un brin et l’on argonne dur sur le clavier.

… Merdissimum !! Autrice de mes deux que je n’ai pas ! Écribavassière sans talent, sans technique, sans plume ! Oui, sans plume, vieille déplumée, va ! T’as laissé filocher le truc, et maintenant ça ressemble plus à rien !

Mettons que vous ayez commencé un genre de fiction, nouvelle, romancelet … Never mind. Vous tapez sur le clavier comme un automate. Ça vit sa vie là-dedans, ça entre ça sort (des maisons, je vous rassure), ça prend des initiatives ça quitte son boulot ça se suicide ça tue ça se marie (dans l’ordre) …

Si, à un moment, vous avez lâché le fil, vous observerez que vos personnages se mettent à vivre leur vie propre. Ça ne fait pas vos affaires, mais n’importe : les engagements politiques ne valent plus tripette, l’esthétique change de critères, les blonds deviennent noirauds et les métis diaphanes, les cathos deviennent cocos les instits boursicotent les épiciers jouent Brecht les paysans songent en tirant leur sillon les hospitaliers filent du raide aux malades les bêtassous deviennent malins, les jolies, repoussantes, les gros maigrissent les maigres enflent les enfants sont triomphants, les parents indifférents, les bons vraiment cons, les méchants, attachants. Les intellects s’affûtent ou se ramollissent en dépit de toute logique. Medium is message, on voit entrer des gens qu’on n’avait pas conviés, tout ce à quoi on avait tendu se détend, c’est très détendu même, on plane.

On s’ébroue et on va se faire à bouffer derechef. Il est trois heures cinquante, la nuit est foutue, qu’est-ce qu’on décide ?

L’espace-temps légèrement chahuté, en fait il s’est passé six mois. Dix ans. Deux minutes. C’est lundi. Voulez-vous supprimer définitivement ? OUI.

On mange des pâtes, pas de goût, on se remet au clavier sur lequel on finit par laisser tomber sa tête lourde. On s’endort. Un personnage du récit entre dans le rêve sans frapper et, la tronche dans l’encadrement de la porte, vous informe que vous allez repasser le concours administratif que vous avez réussi voici bientôt vingt ans. Ah mais c’est qu’on ne veut pas s’inscrire ! Le personnage insiste, c’est bon pour ta carrière. Il a pris l’aspect d’une vieille copine, tiens voilà un prénom que je pourrais utiliser. Ah non j’avais dit pas de prénoms, que des initiales. Déjà vu. Déjà utilisé. Déjà pensé. Déjà fait. Surfait. Fini. Nul nulnul nuunnununul.

Voulez-vous ? OUI.

On a sombré vingt secondes dans le coltar, on se lève avec cent pour cent de courbatures et zéro pour cent de bonheur, on ferme les appli (au Moyen-âge ils auraient juste replié les feuillets, repoussé le manuscrit, remis la plume dans le godet). On va pisser, on se couche, on lit dix lignes d’un polar, on s’endort en pensant que le polar en question est plutôt bien foutu. Lui.

On s’endort en pensant au métier d’écrivain qu’on ne fait pas davantage que celui de plaquiste ou de fondé de pouvoir. Un nouveau métier, tiens : pouvé de fondoir. À garder en tête au cas où. Clapiste aussi, c’est pas mal clapiste.

Non, en écrivant on ne devient pas écriveron. On passe le temps, voilà tout. Rangeons donc la passoire sur l’étagère du temps et pour l’heure, dormons …

Ah : un jour, se coucher de bonne heure et analyser vraiment le bien-être du corps exactement rangé dans les mêmes plis de draps, chaque matin lissés mais chaque soir reformés, le matelas qui vous connaît si intimement qu’il vient à la rencontre de votre carcasse ; la béatitude de l’angle juste de la nuque sur l’oreiller, des petits arrangements textiles qu’on fait pour être parfaitement bien au centre de son nid, espèce de gros hamster affligé d’un cerveau aux impulsions électriques survoltées. On se couche comme les rats, c’est vrai : d’accord, on ne se met pas la tête dans les fesses, on ne ronge pas ses draps mais pour le reste c’est commack.

Dormons.

La lumière du soleil enduit d’erreur le moment et le lieu. Gueule de bois pourquoi ? On n’a rien bu, y a longtemps qu’on boit plus jusqu’à la GDB. Onze heures quarante ? Bordel, tout va être fermé j’ai rien à bouffer. Tant pis, redormons.

La vie reprend. Ses cahots familiers bercent l’ouvrage inachevé, ses portes qui baîllent, sa maison abandonnée que les orties cernent maintenant. Les Orticernes. Tiens, un titre.

Reprenons. Ce qui ne va pas, c’est.

On détruit vingt-trois pages et on revient quasiment au point de départ. Parallèlement, on s’amuse à des âneries telles que « Écrire – modifications chimiques du cerveau » en se disant qu’on va tenter de décrire ce qui se passe au cours de la confection d’un récit, quel qu'il soit.

On énonce des lois : lorsque les personnages d’une fiction deviennent inconsistants au point de ressembler à des pubs pour le CIC, mieux vaut foutre le feu à la charpente voulez-vous supprimer définitivement OUI.

C’est pas la fiction mon truc. Mon truc c’est pas la fiction. Enfin si, mais pas celle-ci. La bonne distance, voilà c’est ça. Yourcenar disait qu’elle n’était pas intéressée par l’histoire du monsieur et de la dame. Quelle snob la Crayencour !! Mais je souscris.

Écrire.

Surtout, ne pas aller consulter sur Oui, qui paya ? la bio et la biblio de Yourcenar. Ce serait catastrophique pour la motivation. Trop tard. Alors, qu’est-ce que je disais, moi. Putain, elle a traduit Ce que savait Maisie ! Vas-y, ferme ton clapet.

Lorsqu’on écrit « la femme était flic » on ne raconte pas la même histoire que si on a noté « le flic était une femme ». Evident ? Ca va mieux en le disant. Oui, enfin seule l’autrice de ces lignes peut trouver de l’intérêt à de semblables triviales banalités. À coups de bottes ferrées, VLLLAAAN ! Dans les portes ouvertes. À mon commandement … FEU !!

Ne tentons point de nous convertir à l’essai, ce n’était pas le propos. Ce n’était pas le propos. Ce n’était pas le propos. Snétépalpropo. Ce n’était pâle croco. Pas le pro. Pas.

Faudrait pas non plus enfler de la tête. Je connais un type, non seulement il est dans les affres de l’écriture bien pire que ça, mais en plus il va publier. Donc il a son éditeur aux fesses (façon de parler), et il rame. Enfin, c’est ce qu’il dit. Mais dans mon for intérieur, lequel est très fort pour reconstituer le monde-monde, je reste persuadée qu’il écrit en chantonnant d’une voix de tête « je n’ai jamais, ja-mais connu l’amourrrrr », au fil très fluide d’un clavier de Mac tout neuf et horriblement aiguisé, le cerveau limpide, d’ailleurs ce type se conforme à une hygiène de vie rigoureuse, c’est un travailleur d’une espèce assez colossale, l’air de l’amateur de pêche à la ligne, genre sous-préfet aux champs, tu vois, et quand tu regardes sa tête, tu vois presque scintiller sous la peau les circuits surchauffés qui conduisent des wagonnets de génie poétique lesquels s’enfournent régulièrement dans l’espouvantable machine qui lui sert de pensotte, la locomotive d’une création aussi fertile que, que … Que quoi, au fait ? Je ne sais pas. Fertile en tout cas, ça ne s’arrête jamais. Et il a le culot de dire que ça ne marche pas comme il voudrait … Ay ay ay, de ces pécaïres !

En attendant, on est dans la mélasse. Bon, pas d’éditeur aux fesses (la seule idée de copuler avec un éditeur est inenvisageable, dieu que cet adjectif est laid). Pas d’urgence. On fait ce qu’on veut, où on veut, quand on veut.

Ça ne règle pas la question de savoir pourquoi l’on commence à

Le type, là. En plus il n’écrit pas un roman, lui. Il se fade une épopée historico-documentaro-lyrico-ferro-exotico-poétique !! Musicale aussi, pour ce que j’en ai entendu. Alors tu vois. En plus c’est mon beau-frère.

C’est bien la preuve.

Non. Ce qui se passe quand on écrit un truc, c’est très mystérieux parce qu’on ne sort pas du four ce qu’on y avait enfourné. Par exemple, tu enfournes une pizza et tu ressors un gratin de cardons à la moelle. Ou bien tu mets à cuire une énorme choucroute et quand tu soulèves le couvercle, tu trouves au centre de la gamelle vide une pomme (fruit) vapeur.

Quelle misère, quels miracles.

Qu’est-ce qui guide la durée, le temps, l’espace, le rythme du récit ? Ils existent sûrement, ces gens qui font des plans, qui prévoient exactement la forme définitive que ça finira par prendre quand ils relèveront leur beau front studieux de leur bureau patiné, sous la lampe. Des gens qui ont les outils, là, bien rangés. La boîte à trouvailles. Le réservoir à concordances des temps. L’organigramme complet du truc, avec les plans de rechange en cas de décès d’un protagoniste. Le propos de départ. Les références bibliographiques. Les autres ouvrages déjà écrits. Un mur entier de culture classique souventes fois feuilletée, pire : annotée. La bibliothèque universelle. À droite les feuilles blanches. À gauche, les crayons affûtés. Dictionnaires. Ouvrage en cours. Bocal de sapience. Formes poétiques articulées. Vocabulaire par centaines de CD compressés. Des méga giga. Tous les mots. Les verbes les plus incroyables, pas d’adjectifs ou très peu. Caca l’adjectif. Alourdit, engraisse le texte comme une gangue de suif autour de ton petit cœur surmené. Non. Au contraire : de beaux adverbes de toutes sortes, grands, déliés, juvéniles, elfiques. Des figures de rhétorique avec des chutes de reins à tomber. Des paragraphes passés à l’herminette. Style, élégance, brièveté, concision. La reconnaissance des pairs, le repaire des connaissances, la renaissance des compères, ta conne d’espérance.

L’épuisement du sujet.
Le sac de phrases de rebut, au pied de la table. Vidé régulièrement dans la benne à ordures.
Et moi qui écris en faisant les poubelles.
Qu’est-ce qui guide la durée, le temps, l’espace, le rythme du récit ?