L’Appentis Saucier n’est pas un blog autogène, un miracle ymphormatique (1).

Il résulte d’un groupe de pression trinitaire.

Robert Rapilly, qu’on devrait rebaptiser Obet Apilly si l’on s’en tenait à la démarche de RR lorsqu’il a baptisé «L’Appentis Saucier», est l’une des trois sages-femmes de cet accouchement dans lequel il a joué un rôle prépondérant dont il devra répondre un jour.

Présentons donc Robert Rapilly au cas où, regrettable lacune (2), vous ne le connaîtriez point encore.

Robert Rapilly est peintre tous les jours de la semaine, toutes les nuits aussi. Il dépose sur toutes sortes de supports, essentiellement du carton récupéré, d’époustouflantes figures, d’intrigants portraits, de mystérieuses compositions totémiques où court, circule, s’insère, s’immisce, surgit, parmi un tas d’autres teintes roboratives, le bleu.

Bleu de cobalt surtout, sa couleur-signature, fil conducteur qu’on retrouve dans toutes ses œuvres : pour un échantillon, regardez là haut à droite de la page, le petit bout de ciel qu’on aperçoit au fond de la prairie dans laquelle s’entre-considèrent paisiblement un loup débonnaire en dépit de sa longue canine et un Chaperon Rouge impertinent comme Zazie … Ce loup, peint par Robert Rapilly, appartient à une lupocollection qu’on a pu admirer sur les «Fenêtres qui parlent», musée éphémère lillois.

Pour d’autres images au fil du fil bleu

Lorsque Robert ne peint pas, il écrit – le plus souvent de la poésie, mais pas que ; quand il n’écrit pas, il compose. Lorsqu’il ne fait rien de tout cela, il réfléchit à l’ensemble de ses activités oulipiennes. En dehors et de surcroît, il anime des ateliers d’écriture avec inépuisable générosité, entre autres pendant le festival Pirouésie à Pirou (Manche). Mais pas que.

Ainsi, cahin caha, pendant la vingt-sixième heure de sa journée, Robert s’occupe de la promotion d’autres blogs, de l’assistance à blogueuse débutante, de l’illustration de l’Appentis Saucier … Dans les intervalles que ça lui laisse, il adresse des messages d’encouragement et de motivation et se charge par exemple de la publication des premiers textes …

Enfin, lorsqu’un tout petit moment de repos lui advient, peut-être grignote-t-il un quart de biscotte ou dort-il une nano-seconde tout en notant des choses sur des petits bouts de papier, calepins, bouts de carton, etc. (Robert Rapilly sait écrire en marchant, ce qui est bien pratique et déchaîne mon envieuse admiration). Tout cela lui laisse encore un peu de temps pour concocter des calembours incroyables mais vrais (la «femme au foyer», idéal landruéen).

Pour un regard global sur la synthèse des activités rapilliennes, on peut traquer sur ce blogue les peintures à la marée bleue de RR disséminées ici ou là dans les billets publiés. En ce moment, juste en dessous du vase en camaïeu d’azur ornant la page, un portrait de l’ami Botul aussi carmin que safre d’ailleurs, dont la photographie permet de bien voir le travail de peintre/auto-encadreur qu’effectue Robert Rapilly en superposant, écorchant, creusant et cutterisant le carton jusqu’à ce que le pourtour du tableau devienne un objet artistique à part entière cernant d’une harmonie bienveillante le cœur de l’oeuvre.

Ensuite ou d’abord, vous découvrirez de lisu les magnifiques écritures de Robert Rapilly, que commenter serait un exercice stérile, mieux plonger dans l’original, se balader dans les billets, courir sus aux liens, prendre un bain de poèmes, un train de poèmes …

A propos de prendre le train : procurez-vous le livre intitulé ''El Ferrocarril de Santa-Fives'', œuvre étrange qui fera l’objet d’un billet ultérieur, très précisément au numéro 71 sous le titre "Notes de lectures El Ferrocarril de Santa-Fives".


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(1) Toute personne saisie de timidité, de dyspraxie, de paralysie des membres supérieurs, d’un ramollissement du cerveau et/ou d’une crise de fureur irrépressible lorsqu’elle est en présence d’un clavier et d’une souris, peut émarger au club des Tanches Ymphormatiques. L’adhésion est libre, toute sortie est définitive.

(2) «Lacune» : le papa d’un collégien que je recevais fréquemment, flanqué de son rejeton rétif aux apprentissages, dans un bureau occupé du temps que je gagnais ma vie à l’Education Nationale en vue d’administrer au mouflet l’habituel discours mixé de semonces et d’appel à la morale élémentaire, ce papa donc, désireux de s’impliquer complètement dans un acte co-éducatif, se tourna un jour vers son fils après m’avoir écouté dans un silence recueilli, et lui asséna ce propos proprement sélénien l’air de rien, la dextre sur le cœur et la senestre levée comme dans un vitrail : «tu vois, Abou Bakr, tu dois écouter la dame et bien apprendre toutes tes leçons, apprendre tout, tout, tout. Sinon, attention : Madame la Lacune va faire son apparition !»

La poésie s’invite partout où on lui ouvre une porte.