Eh oui, figurez-vous : les clés du Louvre l'ouvrent !

Alors : ce Glorieux voyage vers le Nord, c'est celui accompli par le célèbre tableau "La liberté guidant le Peuple", qui fut transféré du Louvre-Louvre à celui de Lens, lequel est situé juste en face du non moins célèbre stade Bollaert aux vives couleurs footballistiques SANG et OR.

En rêvant devant les actualités du Ouaibe, en particulier sur l'image du nouveau musée lensois - ce hangar de lumière grise qu'on doit à Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, architectes japonais qui ont su quoi faire avec la splendide clarté nordique - l'AS se prit à imaginer ce qui pouvait bien se passer dans la tête à la Liberté, maintenant qu'elle se trouvait installée au fond de la Galerie du Temps ...

Elle afficha donc la notice Wiki de cette bonne dame pour se documenter un peu car lesdites notices sont autant de sésames, elles aussi ; elles servent de passe-culture et permettent à l'insuffisante culturelle de se faire passer à bon compte pour un puits de.

L'AS apprit plusieurs détails intéressants qu'il serait fastidieux de reproduire ici : lisez plutôt la notice ! Première main, érudition garantie ! Gratuit et sans obligation d'achat !

L'AS ensuite regarda longtemps le tableau reproduit sur la page en question. Dans Moon Palace, Paul Auster imagine un vieux peintre qui, dans un mode initiatique, ordonne à un jeunot de se rendre au musée, de se poster devant telle de ses toiles (un clair de lune) et de la fixer intensément et aussi longtemps qu'il faudra pour qu'à la fin le contemplateur entre dans le tableau, que son regard soit bu par cette lune, orifice central, blanc et rond autour duquel s'organise la toile - un bucolique paysage nocturne. Lune qui jouerait là, dans une autre couleur dite opposée (mais Soulages ne dirait pas cela), le rôle d'un trou noir absorbant la matière-regard jusqu'à la perte. Lisez Moon Palace ! Lisez ce roman magnifique et drôle !

A l'instar du personnage d'Auster, mais avec moins de patience et d'application, l'AS regarda la Liberté non dans les yeux, le regard de celle-ci étant tourné vers ses troupes, mais dans le détail. Cette regardation obstinée, au bout de quelques minutes - et encore, il ne s'agissait que d'une image d'écran ! - occasionna soudain sur la toile fixée comme un frémissement, un mouvement, un élan ; mit en branle, en quelque sorte, la fière marcheuse, son gavroche, la troupe des révolutionnaires et fit entendre le grand bruit rythmé, la dynamique clameur de la marche du peuple, jamais arrêté, jamais vaincu. Les mourants eux-mêmes portaient le mouvement.

Et Delacroix peignait ...
Et le drapeau claquait !