Gloire aux géographes, poètes de l’espace qui divisent la surface de la planète en carreaux convexes et y dessinent des lignes imaginaires, supports de rêve rêvés !

Ainsi, la ligne de changement de date : en ce moment et pour encore quelques heures, selon que vous cabotez au plus près des Kiribati ou que vous quittez Tonga pour les Samoa, vous sautillez à travers les lagons bleus entre le lundi 31 décembre 2012 et le 1er janvier 2013 : «Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année !» – Oui, bon ça va …

Avant 1995, qui vit le léger déplacement de cette ligne (imaginaire !) pour éviter aux îliens des Kiribati de se trouver constamment à cheval sur deux jours, la vie des gens de l’archipel devait être un jeu ou un calvaire perpétuel.

Et les enfants de jouer à saute-ligne toute la journée : lundi ! mardi ! lundi ! mardi ! etc.

Mais quel casse-tête, pour le collégien du coin qui, déjà, ne sait pas s’il est polynésien ou micronésien en raison de la posture inconfortable de l’archipel entre équateur et antéméridien 180°, et qui se demande s’il a ou non latin le matin, maths l’après-midi ou demain, et ce qu’il doit mettre dans son sac de cours …

Quel imbroglio de la conscience pour le catholique pratiquant : faire maigre trois jours durant pour peu qu’il ait la mémoire un peu chahutée («quel jour on est, déjà ?» est la question la plus irritante que vous puissiez poser dans ces contrées), ou sauter allègrement la messe parce qu’il a reculé de deux pas et se retrouve samedi matin au lieu de dimanche ! Chic, week-end interminable ! … Mais : retondre la pelouse ? Relaver la voiture ? Refaire la sieste ?

Ne parlons pas des anniversaires, tantôt redoublés, tantôt inexistants : comment, ou plutôt quand souffler la première bougie des bébés samoans nés le 30 décembre 2011 ? Cette date a été supprimée du calendrier local cette année-là pour leur permettre de rattraper l’Australie et la Nouvelle-Zélande dans la course au temps !

Mais les habitants des îles Kiribati détiennent d’autres records : si l'étroitesse des terres émergées fait de l’archipel l'un des plus petits pays du monde (moins de 811 km2), la dispersion des îles (espacées de plusieurs milliers de kilomètres) permet aux Kiribati de revendiquer une zone maritime de 3 550 000 km2 !

C’est dans l’un de ces atolls, l’île Caroline, devenue précisément île du Millénaire, que le soleil s’est levé la première fois en 2000. Quant au point culminant de l’archipel, il se situe à 12 mètres pour l’ensemble des îles, si l'on excepte Banaba (l’île à phosphate) qui domine le paysage du haut de ses 81 mètres. Triste altitude ! En raison de l’élévation du niveau des océans, l’archipel est appelé à disparaître et le gouvernement est en recherche de solution pour sa population qui devra émigrer.

C’est donc le moment de présenter nos voeux au président Anote Tong et à ses concitoyens des trente sept atolls kiribatiens :

Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année ! Bonne année …





Toutes ces informations passionnantes se trouvent sur

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_de_changement_de_date

et

http://fr.wikipedia.org/wiki/Kiribati