Au fil des billets, on voit qu'une des sources les plus fécondes pour l'AS - à la fois de citations élogieuses mais aussi de moqueries - réside dans cette bonne vieille radio généraliste de service public d'où l'on peut tirer, au fil des jours et des semaines, absolument le pire et le meilleur. N'est-ce pas là une définition correcte de la vie ?

Sur France Inter, donc, radio vivante, l'A.S. fait son marché plus souvent que de raison, en particulier ces jours-ci qu'un méchant gripouillon (1) lui a sauté sur le colback et s'y tient obstinément à cropetons, semblant n'en pas vouloir bouger.

Immobilisée dans le cube grisâtre (ça réfère à la lumière ambiante de ces jours-ci) d'un appartement un peu dévasté par l'accumulation de sacs-poubelles, l'A.S. a l'oreille, davantage que de coutume, collée au poste qui lui parle du dehors et, comme il l'a été dit dans le billet précédent, eh ben dehors, ça glisse un peu.

DERAPAGE 3 :

à 10 heures Guillaume Erner lance "Service Public", une émission tout de même un peu connotée M.M.-50 (2), par quelques propos qui se veulent légers à propos de l'affaire A, B, C, zébu. Erner multiplie les "bons" mots - et donc "(...)si on découvrait que les chevaux c'était des pur-sang arabes, on pourrait se demander si on ne nous fait pas avaler de la viande hallal"

Que voulez-vous, on continuera longtemps à glisser sémantiquement, dans un interminable tango dépassé (comme un coma est dépassé) sur le plancher ciré des approximations, entre les notions de groupe ethnique, de communauté religieuse (on dit musulman, M. Erner, dans ce cas et non "arabe"). Là, on exécute même une sorte de grand écart de l'écuyère en direction d'un équidé qui, même dans le conte des trois religieux et du cheval du sultan (pour un prochain billet, promis), est au moins agnostique. Sans parler de la notion de pureté. Et du fait que nombre d'Arabes, s'il faut utiliser cette appellation, sont chrétiens.

A, B, C... Soleil !

Le danger d'écrire "à chaud" sur cette affaire voici 48 heures, c'est que l'actualité va très vite. Au moment que l'A.S. pensait décrypter le truc à l'aide de ses trois pauvres lettres A, B et C, voilà que c'est beaucoup, beaucoup plus compliqué : ça passe par Chypre, par les Pays-Bas (juste à côté), et pour nommer tous les acteurs l'alphabet ne serait pas de trop...

Dans le vacarme produit par les journalistes qui n'espéraient pas, en cette morne période, d'aussi bons morceaux (de zébu bien rouge) à se mettre sous la dent, rien à ajouter : d'excellents schémas des circuits du zébu figurent dans la bonne presse, des déclarations gouvernementales circonstanciées tombent heure par heure, bref : le grand circus est en route, prochaine représentation m'sieurs-dames, avec nos pur-sang arabes, notre âne dressé à compter les dividendes et notre troupe de zébus acrobatiques sur le "Circuit de la Mort" !!!

La prochaine chronique, à bonne entendeuse salut, ne sera pas tirée par les phanères.


(1) Le gripouillon, tel que décrit à un enfant de quatre ans qui l'avait attrapé avant moi, est un vilain bestiau qui nous guette et nous saute sur les épaules "comme ça" (en mimant le truc avec les doigts en crochets sur la nuque frissonnante du garçonnet qui, instinctivement, rentre la tête dans les épaules). Il se plaît beaucoup sur notre nuque, il nous fait mal au dos et nous fait trembler, nous donne chaud et pour finir, nous communique une mauvaise toux. Pour se débarrasser du gripouillon il faut premièrement se reposer, deuxièmement se reposer, troisièmement boire beaucoup, etc.

2) Ménagère de moins de 50 ans (après fifty, c'est bien connu on est une grosse souillon sourdingue).