Aujourd'hui, en toute logique, l'Appentis Saucier, illuminé par le soleil d'un gai mois de mai, devrait vous pondre un truc genre "Chanson de printemps" (billet 15).

Mais voilà : lorsqu'il fait beau, les animaux politiques se promènent sur les marchés...

Et là, la patronne de l'A.S., le torchon sur l'épaule, s'essuie les mains sur sa basane (*) avant de crier son amertume. Puisse le tréfonds de ses gamelles en renvoyer l'écho !

Si Cahuzac ne mesure pas l'impossibilité qu'il y a, pour un ex-député convaincu de fraude fiscale et qui l'a avouée - pas besoin de passage par les mains de la justice, donc, pour affirmer qu'il s'en est rendu coupable, l'impossibilité, donc, de se représenter devant les électeurs, c'est que le cynisme et l'inconscience du bonhomme sont presque comme une pathologie mentale qui lui rendrait le réel inintelligible.

Qu'il effectue une sortie publique pour prendre la température de sa popularité ; que la presse relaie cette "promenade" avec des commentaires pour le moins modérés ; que par la suite - projetons-nous dans un futur nauséabond - cet homme se présente ; qu'enfin il soit réélu dans son fief... Préférons ne pas y penser pour ne pas perdre la dernière de nos illusions, accrochée sur notre corps politique comme une vieille culotte sans élastique - manière de dire qu'on est presque à poil.

Eh bien ? Serait-il le premier ? Il est le seul - de mémoire - à avoir avoué publiquement et sans détour. Oui mais quoi, au juste ? Une fraude fiscale d'un montant tellement ridicule que cet aveu se trouve comme une légère couche de couverture chocolatée sur une grosse merde fraîche. Cela change très peu le goût du gâteau.

Quelle république, VIe, XIXe ou CLIIIe, nous rendra des politiques intègres ?

Et donc ? Rien. Promenons-nous dans le bois...

PS - Il flotte bien entendu. Le gai soleil, c'était pour dire.

(*) Basane : si vous demeurez en dehors des frontières du pays dombiste, ne croyez pas qu'il s'agisse, comme le dit le Robert, d'une peau très souple garnissant un pantalon de cavalier. Non, par ici du côté des ancêtres de la patronne de l'appentis, la basane est un grand tablier de fort coutil bleu marine, taillé très large pour envelopper même le ventre d'un cuisinier victime de sa gastronomie. Avec des cordons très longs pour faire le tour derrière et se trouver noués devant sur ce même ventre, sans serrer. Un tablier dont la bavette monte presque sous le col et qui, dans sa partie inférieure, tombe jusqu'aux pieds. Cuisiner avec ça, c'est courir sus l'ennemi avec la plus chromée des cuirasses : la pire des sauces peut gicler, on ne risque rien de rien. Un vêtement bien pratique, peut-être, pour les prochaines élections. Basane et balai, armoiries de la prochaine ?