Non, on s'était promis de ne jamais se plaindre ici de la météo.

On a supporté un hiver interminable avec des jours et des jours anthracite, des ciels bas et lourds comme des couvercles, un froid pas sibérien que ça, mais très pénétrant, humide (déjà). On a siffloté Brassens sous les averses, on a courbé le dos sous les draches, les hallebardes, les rincées, les seaux, les cordes pissant du haut jusques en bas. On a sauté et atterri, élan mal calculé, au beau milieu d'une flaque de 15 m2 profonde de 10 cm, presque un bassin du Luxembourg.

On a remercié le ciel en question de toute la réserve de bonne flotte que ça donnait pour l'été (l'é- quoi ??). On a fait semblant, pendant toute une semaine de vacances bercée par le bruit de la gouttière débordante, qu'on était très contents de jouer à la bataille navale et de mitonner des boeufs bourguignons et autres couscous dans la maison prêtée (la chance !) à cinquante mètres du lac d'Annecy. On a constaté que le lac était aussi dans le ciel en question, du coup on ne distinguait pas l'un de l'autre.

On a ri aux protestations de Jules (4 ans et demi) : "j'les aime pas, ces vacances ! J'voulais pas des vacances à Annecy ! C'est pas bien Annecy ! J'veux rentrer à la maison ! Oh ! Un escargot ...". Pauvre pitchoun, qui croyait que seule la capitale haut-savoyarde était sous la flotte ! On est rentrés en évitant l'aquaplanning, sûrs de trouver le beau temps à la maison, narquois. Au moins une déconvenue qui nous aura été évitée...

On s'est dit que non, non et non on remettrait pas le chauffage. Et puis si. Pas à 6, tout de même. Si, à 6.

On finit par contempler ce soir, écoeurée, les 12 petits picto narquois de la météo locale, qui alignent, sur 12 jours, le même dessin de deux nuages dodus (l'un blanc, l'autre gris foncé), sous lesquels deux gouttes bien pleines voisinent avec des indications mortifères sur une température inférieure de 4 à 9 degrés aux "normales saisonnières" (j'les hais celles-là).

On s'est dit que non, c'était pas possible, 3° le matin et 13 l'après-midi le 25 mai prochain. On a poussé jusqu'aux tendances saisonnières et là, non, on ne vous en parlera pas, c'est pas la peine.

On a ressorti, puis rangé, puis ressorti, puis rangé derechef pour finir par laisser dehors accrochés à la patère : l'imper et la doudoune.

On a évité de se souvenir qu'on avait acheté cette année pour la première fois, trois petits vêtements sans manches et très légers, pour l'été (l'é-quoi vous dites ???), et on a pensé qu'on les porterait sans doute de septembre à novembre, rien n'est perdu.

Mais là, voyez-vous, ce soir, eh bien :

Y EN A MAAAAAARRRRE !!!