Allez zou, vite fait, avant que de fermer les derniers cartons et de mettre l'Appentis Saucier au frigo pour quelques jours (la température locale étant ce qu'elle est, en particulier dans cet appartement-ci ou règne un agréable micro-climat évoquant Dubaï, je ne redouterais pas de dormir moi-même dans un frigo)

Quelques jours... Voire : attendez-vous plutôt à un silence pesant (pesant pour celle qui vous cause, s'entend, laquelle se fane sur pied dès qu'elle n'a plus le micro) jusqu'à fin juin, z'environ. Telle est en effet l'incurie de la taulière de l'Appentis, si fort la tient sa procrastination, qu'elle n'a pas trouvé "moillien" (1) de se faire raccorder à l'aorte planétaire avant cette date ! Et quand elle appela l'entreprise au nom bleu de terre (2), eh ben on lui dit que ça ne s'rait pas possible avant le 29.

On comprend bien : déjà, il faut que les esclaves en salopette, là, chez l'opérateur monopolistique dirigé par un type un peu bousculé ces jours-ci, et qui porte un nom assez mal vu en ces temps d'austérité, il faut que ces esclaves, donc, poussent très fort, dans leurs petites brouettes, tout au long de grands tuyaux, la liaison téléphone illimité de la tenancière (illimité !! L'omnicommunicance miroitante !! Le monde à portée d'oreilles 24/24 !! Passées les bornes, y a plus de limites !!!) et internet (que notre mère prononçait sagement "l'internais"). Il faut qu'ils parcourent 60 bornes, les esclaves, avec leurs petites brouettes pleines d'IP, de cookies, de mails, de marque-pages, tags, blogs, de "concernant votre commande à La Redoute Madame V.", et autres stockages en HTML, wiki, rss, fesse-bouc laïquais ou non), le long des quais jusqu'à l'autoroute du Sud. Après, faut pas qu'ils oublillent de bifurquer sur l'A47, en faisant "comme à Givors" (3).

Faut ensuite qu'ils montent leur chargement tout au long de la vallée du Gier, et voilà-t-il pas que vers Grand-Croix ça se met singulièrement à grimper. Et pas le moindre relais, à la différence de ceux qui sustentent les 11 000 coureurs de la "Saintélyon", cette incroyable course nocturne décembriste (600 m de dénivelé, 75 bornes, congères et gel à tous les étages) dont vous devriez filer admirer les images étonnantes sur http://www.saintelyon.com/

Et sans rien perdre, hein.

Que s'ils étaient passés par Andrézieux, ils auraient pu prendre le tacot (TER) sur la première ligne ferrée de France (1828) !

Après, les esclaves du duc d'Orange, faut qu'ils arrivent dans l'ancienne capitale du charbon central, en passant par devant le siège de l'ex-Manufacture d'Armes, dans la ville d'origine de Paul Fournel, prestigieux président de l'OuLiPo dont au sujet duquel on peut lire l'impressionnante biographie chez "Oui, qui paya" ou sur son blog ; ville qui fut aussi une résidence passagère de la famille Vallès, et que Jules détesta, la trouvant aussi noire et triste que les murs de l'école qu'il y fréquenta pendant une demi-douzaine d'années ; commune minière qui vit naître de surcroît ce type au nom merveilleux : Joseph Python, qui ne dispose même pas d'une rue dans sa cité natale (il en a une petite à Paname, coincée entre le périph' et la porte de Bagnolet), Python au destin désolant, avocat mort sous les coups de la Gestapo après quatre années de résistance puisqu'il s'était engagé dès 40. Lieu de naissance encore d'un autre Jules : Massenet, le beau mélancolique romantique... Et de Georges Bereta (pas le fabricant de flingues, non : l'homme aux pieds d'or, 6 fois champion de France avec l'A.S.S.E. et première victime du mercato).

Comment ? Si, y a sûrement des femmes très bien qui sont nées à Terril City, mais à part Huguette Bouchardeau, on trouve pas grande monde sur le site dédié aux célébrités nées là et qui disposent d'une rue, d'une placette, d'un sentier, bref : topographiquement reconnues par la commune de Cycles-sur-Armes.

Pour finir, il faut que les mecs d'Orange, donc, montent deux étages et demi (le demi surtout) d'un vieillot immeuble des sixties situé en haut d'une rue (icite où c'est que je me rends pour habiter, ça ne peut que monter ou descendre, sauf une place un peu plate au miyeu, où ils ont déposé l'Hôtel-de-Ville).

Qu'ils montent deux virgule cinq étages, qu'ils sonnent à ma porte en bois d'allumette (seul point faible d'un logement par ailleurs coquet) ; qu'ils entrent ici, gens mous là, avec leur cortège de fils, câbles, aux armes, et cétéra et dans quel état j'erre, moi ? La fatigue, sans doute.

Enfin, qu'ils me BRANCHENT, QUOUAAA !!

Voilà. Fermeture exceptionnelle, ouverture très prochainement de notre succursale ligérienne,

A la revoyure, portez-vous bien toutes et tous.

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(1) Graphie digne de respect, due à ABB, Alexandre-Benoît Bérurier, personnage connu des seuls dinosaures qui ont un peu lu le célèbre commissaire San-A.

(2) "La terre est bleue comme une orange (...)", vous savez bien...

(3) Locution lyonnaise énigmatique : "t'as qu'à faire comme à Givors", qui signifie faire à son idée, comme on veut (on dit aussi "se garer comme à Givors"). Dans cette ville voisine de Lyon, il n'est toutefois pas observable que les autochtones se garassent comme des bouses, mais à Lyon comme à Paris, dès passé le périph où le pont du Rhône, on est réputé entrer en Barbarie. Tu parles.