Bon, la patronne de l'Appentis l'a assez clamé, qu'elle voulait déménager pour avoir moins chaud.

Lyon, 18 juin :35° dans le coeur de ville


Succès complet de la manoeuvre !

Arrivée à St-E le 19 avec une belle canicule locale de 28 petits degrés, première fraîcheur nocturne puis incrédulité croissante au fil de la semaine : frissons, claquage de chaillottes, réouverture du carton "affaires d'hiver", reprise de la couette remisée en haut, tout en haut du placard mural, soupes, boissons chaudes et battage de bras. Un petit 5° le matin du 27, des après-midi tempérées à 14, voilà qui raffermit les chairs.

Après quatre jours de ce régime, une embellie se montre : sur le thermomètre du thermostat d'ambiance (et y en a, de l'ambiance) on est tout de même remonté de 17 à 18,5 degrés. La patronne de l'Appentis tombe la veste. La deuxième veste.

C'est une chose acquise, l'Appentis sera bien au frais dans cette ville signalée partout comme "plus haute commune d'Europe de plus de 100 000 habitants". Faut pas exagérer, 480 mètres (non : 530, vérification faite) c'est pas St-Véran. Mais l'histoire des collines esquissée à Lyon va pouvoir continuer, et n'est-ce point là une nouvelle réjouissante ? Il y en a ici autant qu'à Rome, et presque autant de ruines, mais avec moins de colonnes doriques.

En attendant, quelques musarderies au hasard de la ville font comprendre pourquoi on l'aime déjà.

Cette petite demoiselle musiquante, par exemple, qui accueille les flâneurs à hauteur de cheminées :

Square Violette


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N'oublions pas la rue du mois : la rue Rémy Doutre


C'était un type qui avait l'art de la chute (oui, parce que quand Rémy Doutre tombe...). Indulgence pour la taulière fatiguée ! En tout cas, il composait des chansons (certaines, qu'on pourra oublier, d'autres à la gloire de l'industrie locale (les cartons, en l'occurrence) :

"Je suis Rosine, la plieuse,
Je chante du matin au soir,
On me surnomme la Rieuse
Aux quatre coins du « Pays Noir».

Addendum mai 2015 : entre temps, par l'intermédiaire du CLA (Cercle des Lettres et des Arts) de Saint-Etienne, la Taulière, au lieu de raconter des âneries, s'est cultivée sur Rémy Doutre par le biais d'une jolie conférence en prose, en vers et en chansons. Bravo le CLA !

Cette première stéphano-chronique ne serait pas complète sans une remarquable contribution de Lucie-la-Podo, qui, attristée par le décompte navrant des rues dédiées aux femmes à Exhouilleville, nous envoie quelques noms illustres pêchés dans "Oui, qui paya ?" Savoir :

A toute seigneure tout honneur : Claudine Chomat, née le 7 février 1915 à St-Etienne et décédée le 14 octobre 1995 à Boulogne-Billancourt, résistante et militante communiste française, dont la notice précise pudiquement qu'elle "subit la disgrâce du Parti" avec son époux Laurent Casanova, pour dire que celui-ci fut éliminé des instances dirigeantes puis exclu du PC par Thorez en 61pour révisionnisme (pas dans le sens actuel du terme).

Quelques autres, pêle-mêle (si on ose dire) : Laurence Iché, poétesse surréaliste ; Annette Kahn, journaliste, née pendant la mauvaise année 1941 ; Violette Maurice (le square Violette ne lui est pas dédié, c'est dommage !), résistante du réseau Mithridate à Lyon, revenue de Ravensbrück puis Mauthausen qui consacra le reste de sa vie à l'enfance malheureuse et à la LICRA ; puis une très belle, tiens : la princesse Yasmine d'Ouezzan, née en 1913 à St-E du chérif Moulay Brahim et de son épouse Rose Beuque ! La princesse Yasmine fut paraît-il championne de billard en 1932. Et Anne-Marie Reynaud, figure de la danse contemporaine disparue en 2009... Et l'animatrice Julie (Europe 1), et Hélène Luc, femme politique, Florence Quentin, égyptologue et collaboratrice du Monde des Religions... Et puis Emma Thiollier, sculpteure (trice ?) et fille du photographe Félix Thiollier...

Et voici la préférée de la taulière : Lucie Grange née Poujoulat à St-Etienne en 1839, médium et prophète féministe connue sous le nom de Habimélah. Cette abîmée-là croyait en la venue d'une «nouvelle Ève» chargée de rendre à Dieu son androgynie primitive. Mais moi j'ai toujours dit que si Dieu existe, c'est obligatoirement une femme !

Merci, Lucie, pour cette galerie de mignonnes minières !