Une autre traversée de ville
Arrivant par le Nord-Ouest, arqués comme pour tirer derrière eux le tram du fond de l'horizon, les magnifiques chevaux aériens d'Assan Smati (*) vont par deux, l'allure accordée, et semblent légèrement renâcler en abordant le parvis de la gare de Châteaucreux. Ils ont bien raison de marquer le pas, ces bleus auspices d'une modernité qui s'installe en douce dans la ville, à commencer par les abords de la gare, invasion de verre et d'acier. Un peu plus haut, un énorme cube jaune citron leur donne une réplique impeccable en couleurs primaires.
On peut penser qu'ils sont un hommage à leurs congénères de chair suppliciée qui, au siècle dernier, tiraient les wagonnets de charbon... Au premier cheval de fond français, descendu dans une mine de la Loire en 1821...
A moins qu'ils ne signent, de leur pas tranquille, cousins des Grands chevaux bleus de Franz Marc, un double clin d'oeil au Blaue Reiter ?
En attendant, quand on excave à Houille City pour planter de la modernité en face de la gare, on en sort du charbon... Les chevaux bleus vont-ils devoir nuitamment charrier ces déblais soigneusement classés, étiquetés ? Ce ne serait pas bon pour leur robe indigo.
(*) Tout (ou presque) sur les oeuves d'Assan Smati, ici :
http://blog.artsper.com/redecouverte/assan-smati-artiste-monumental/
Une lectrice avisée, Lucie-la-Podo pour ne pas la nommer (quelle expression idiote, bien sûr que si, on veut la nommer !!), réclame une photo mettant en perspective les chevaux bleus dans la rue où ils sont installés.
Las, allant voir ce matin, la tenancière de l'Appentis a déclaré forfait car il faudrait grimper sur quelque chose au moins à 2 mètres du sol ! Les chevaux sont en effet perchés. Mais pour avoir ce point de vue, il suffit d'aller là : http://www.petit-patrimoine.com/fic... et le tour est joué ! De bien plus belles images, la spécialité de la tenancière n'étant pas le clic-clac-kodak !