"Pour les Galeries Lafayette, qui offrent, elles, une prime salariale de 100 %, l'ouverture dominicale a permis d'augmenter le chiffre d'affaires de 6 %, selon le premier bilan dressé fin mars. Pour les 1.000 commerces concernés en 2013, l'ouverture dominicale doit entraîner la création de 1.000 emplois équivalents temps plein." (Les Echos du 2 octobre).

Ce paragraphe, optimiste comme un pointu poussé par le mistral vers un banc de sardines, conclut un article dont le chapeau : "Travail le dimanche : quand Marseille donne l'exemple", suivi du sous-titre tout aussi euphorique : "A Marseille, l'ouverture le dimanche a fait l'objet d'un accord social consensuel" annonce l'avalanche de bonnes nouvelles résumées dans le paragraphe cité plus haut.

On serait tout à fait contents si :

- La prime offerte par les Galeries Lafayette devenait un élément salarial consistant, et comptant pour la retraite... Car c'est quoi cette prime ? Est-ce qu'elle est versée en sus des heures supplémentaires majorées, et au fait : celles-ci (celles du dimanche) excèdent-elle le contingent annuel autorisé ? Sont-elles payées ou donnent-elles lieu à un repos compensateur ? Celui-ci est-il compté totalement (à une heure payée à 150 % doit correspondre un r.c. de 150 %) ? Vous me direz qu'on est fondé à penser qu'une grosse boîte comme les GL connaît ses obligations. Mais on en a trop vu pour accorder le moindre crédit à la parole des dirigeants de ces paquebots...

- Et si l'expression "équivalents temps plein" était remplacée par "embauche de 1000 personnes à temps plein", même en CDD, mais au moins avec des contrats de travail décents, ce qui n'est pas tout à fait pareil. Le saupoudrage de ces ETP en petits contrats précaires ici ou là, en heures complémentaires et autres ruses, ne compte pas ! Et Dieu sait si la formulation est ambiguë... Si l'on rapproche ces "1000 ETP" des 1000 commerces ouverts, ça pourrait bien faire, avec une moyenne de 3 salariés par magasin, des contrats de travail de 10 ou 12 heures (un tiers de semaine)...

L'article souligne qu'un accord consensuel (avec FO, mais sans la CGT, apparemment - la notion de consensus selon Les Echos interpelle) a dégagé une majoration des salaires-planchers de 30%. Réjouissons-nous, réjouissons-nous... Pour quelle catégorie de personnel, comment, à quelles conditions écrites en tout petit ? Ces 30 % concernent-ils les heures complémentaires (quand il y en a), etc. etc. On n'est pas sans questions...

Enfin, pour en finir avec cette actualité sociale, on voit qu'on est loin, aujourd'hui, des rodomontades légèrement téléphonées par l'UMP sur tous les sites de presse la semaine dernière et qu'on quitte le traitement médiatique du problème sur fond de défis au goût de poker menteur, pour aborder des négociations qui commencent à ressembler à quelque chose.

Le travail syndical ne serait donc pas inutile ?

Tiens, tiens.

Ce billet conclut la série "Les cyniques" commencée au billet 86. Peut-on parler de série pour 2 billets, je vous le demande. Car les suivants ont un peu - beaucoup - dérivé vers l'anecdote personnelle, mais il me semblait intéressant de contextualiser un peu...