Le panthéon des footeux en 40 x 60 mm

«Nos joueurs seront dans l'album Panini, le monde entier nous connaîtra et admirera les mérites de chacun de ces héros.»

Luis Guillermo Montenegro, journaliste chargé du suivi de la "Seleccion"
El Espectador - (Colombie) du 7 septembre 2013


Rendement

« (...) Entre 10 heures et midi, 19 policiers, deux douaniers et un chien spécialisé dans la recherche de stupéfiants ont quadrillé la zone de sécurité prioritaire (ZSP). (...) Au total, 57 véhicules ont été inspectés et 73 personnes ont été contrôlées. (...) Un individu a été contrôlé en possession de 10 grammes de résine de cannabis. Il a accepté l'amende et a dû payer 100 euros. »

Compte rendu d’une opération « anti-stups » dans un quartier de Lyon (extraits)
Journal Le Progrès du 10 octobre 2013


« Cactus

Lyon : patrons en pleine crise de nerfs

Pendant que des syndicats de salariés ultracorporatistes occupaient le devant de la scène sur des sujets aussi vaporeux que les retraites, le travail du dimanche ou les plans sociaux, eux souffraient en silence. Ils erraient les mains croisées et les yeux fixés sur leur comptabilité. Mais qu'on se le dise, depuis mardi, tout ça, c'est fini. Eux, ce sont les patrons français réunis sous les bannières du Medef et de la CGPME. Mardi dernier, c'est à Lyon qu'ils ont décidé de laisser éclater une colère si longtemps contenue, sans doute par humilité.

Lever de rideau. Au commencement, le ton est celui de gens (bien) élevés au biberon des ors et des grandes écoles. « Nous ne sommes pas des extrémistes, mais maintenant, il faut nous écouter », ose ainsi Jean-François Roubaud, patron des petits patrons, avant de monter rapidement dans les tourelles : « Les arbres ne grimpent pas jusqu'au ciel, les charges patronales, si. » Insondable lyrisme. Sur scène, une chef d'entreprise se jette à l'eau, reprenant les douloureuses métaphores maritimes chères à Raffarin : « Il n'y a aucun cap, pas de boussole et pas de chaloupe de secours. » La fréquentation assidue des ports de plaisance provoquerait-elle de si graves lésions ?

Dans les travées, comme un seul homme-de-cinquante-ans-qui-n'a-pas-raté-sa-vie-parce-qu'il-a-une-Rolex, les entrepreneurs lèvent un carton jaune surdimensionné à l'adresse du méchant gouvernement qui fait rien que les ponctionner.

Bon, il y a bien deux trois cadeaux fiscaux pour un montant global de 20 milliards d'euros, mais même sur cette blinde, Pierre Gattaz trouve à redire : « Cadeau aux patrons ? C'est une insulte pour nous ! » peste la vigie du Medef. « C'est un cadeau aux entreprises et donc aux salariés ! »

Quelqu'un pour rappeler à Pierrot le principe de la lutte des classes ? Non, personne ? Pas même Gérard Collomb, le maire socialiste de Lyon ? Mais que fait-il là au fait ? « Je viens leur dire que je comprends ce qu'ils disent » et « j'essaie d'être un trait d'union entre les entrepreneurs et la classe politique ». A ce stade de la rencontre, ayons une pensée émue pour les syndicalistes rhônalpins qui rament toute l'année durant pour trouver un soutien du côté de l'hôtel de ville. Merci.

L'ambiance décomplexée aidant, les patrons continuent à avancer leurs billes jusqu'à s'aventurer sur un autre terrain que celui des sempiternelles taxes et autres mesquineries idéologiques d'un gouvernement de sales gauchistes. « Il faut en finir avec le Code du travail et ses 3 000 pages », lance, pépère, Bernard Fontanel, président du Medef 69. Plaît-il ? Se séparer du Code du travail pour mieux assurer le bien-être des salariés consommateurs ?

Ben oui, rien que ça. Si cette sortie a le mérite de la franchise, elle ne colle pas franchement avec l'incantation du voisin Gattaz qui jure la main sur le cœur : « Je dirai bravo au gouvernement si la courbe du chômage s'inverse. Et je souhaite qu'elle s'inverse. » Va comprendre, Alexandre. Mais passons sur ces petites contradictions pour savourer la plus belle référence qui soit en matière de déréglementation du Code du travail : la Chine. « Le droit du travail en France a pris une démesure considérable », explique, sans rire, un entrepreneur de la Loire. « Des homologues chinois sont atterrés quand ils comparent les pays d'Europe. Nous avons un Code du travail phénoménal, des charges, qui reposent sur le travail salarié, effrayantes. » Et c'est l'air grave et des trémolos dans la voix que tombe le verdict géo-politico-économico-historique : « La France est le dernier pays staliniste (sic) et communiste du monde. » OK, Pierrot, c'est dans la boîte. On n'aura pas mieux ! »

Joseph Korda
L'Huma - Jeudi 10 Octobre 2013