A l'heure où nous mettons sous presse, le résultat du match des féminines ASSE/Yzeure en 8e de finale de la Coupe de France, n'est pas connu et ne le sera peut-être jamais. L'absence de place faite aux sports co. féminins dans la presse spécialisée et les flashes d'info (*), constitue précisément le démarreur de ce billet.
La taulière de l'Appentis souhaite aux Vertes tout le succès possible pour ces huitièmes de finale. Vaillante équipe composée de nénettes aux calibres hétéroclites, certaines plutôt sécottes comme COTON-PELAGIE (n° 14, attaquante, mais qui a une sacrée détente), d'autres plus massives comme GAUVIN (26, milieu)... Une équipe qui ne fait habituellement pas le poids face aux géantes de l'OL, ce qu'on espère ne pas vérifier le 23 février à Gerland ! Elles sont redoutables, les filles de l'OL dont le palmarès laisse sur place toutes les autres équipes, et qui se compose de joueuses baraquées comme des congélo (mais pas NECIB ! Non, pas Louisa NECIB la Marseillaise, idole de la taulière, NECIB au corps parfait (**) d'athlète complète, élégante fusée qui se faufile partout, toute en souplesse, redoutable meneuse de jeu qui vient d'exploser le chiffre des 100 sélections en équipe de France). Bref, les Vertes de l'ASSE auront-elles produit un résultat face aux Yzeuriennes aujourd'hui, pourront-elles tenir devant les Lyonnaises en D1 et iront-elles en finale ?
Oui oui je sais, tout le monde s'en fout. La taulière aussi, en fait. Le foot occupe dans ses préoccupations à peu près la surface d'une tête d'épingle posée sur la planète bleue. La complexité des coupes de ceci, championnats de cela, niveaux entrecroisés de compétitions tous azimuts (même les tifosi ne s'y retrouvent pas), décourage d'avance toute tentative de situer ce qui se passe, chez les filles comme ailleurs. Le mieux que puisse faire la taulière, c'est de regarder sur le seul site de foot féminin et d'essayer de déduire de la surface occupée sur l'écran, si c'est un gros match ou une promenade de santé régionale.
MAIS.
Mais la taulière cessera de parler foot-filles lorsque :
- Les médias mettront en première position les résultats des matches féminins de foot, de rugby, de hand. Ou de korfbal, seul sport co. mixte.
- Les photos de matches (y a pas de vidéo, ils ne sont jamais filmés ou presque) ne montreront plus d'immenses stades déserts, ou, plus ridicule encore, un cadrage ultra-serré sur les 150 personnes (familles, amis) venus soutenir les footballeuses.
- Les footballeuses cesseront de sourire à tout le monde, de se serrer la pince ou de rigoler ensemble (entre membres d'équipes adverses, en plus), et commenceront, comme leurs "homologues" masculins, à faire la gueule, à réduire leurs phrases à huit mots (sans compter les "voilà"), et à rouler en Ferrari.
- Corollaire de ce qui précède : lorsque les footballeuses gagneront la même chose que leurs "homologues" masculins.
Autant dire que vous n'avez pas fini d'entendre parler de foot.
En attendant, regardez cette photo.
La taulière apprécie particulièrement ce cliché, où l'on voit la Stéphanoise d'adoption Morgane COURTEILLE (défenseure, n° 20, une joueuse plus âgée et plus expérimentée que ses co-équipières, avec un début de palmarès dont plusieurs saisons au PSG avant le rachat de ce dernier par le fer de lance féministe du Qatar), aux prises avec SCHELIN (8, attaque) et KUMAGAI (N°5, défense), deux piliers de l'OL présélectionnées pour le Ballon d'Or 2013 (c'est l'Allemande ANGERER qui l'a eu, finalement).
Ces trois femmes grimaçantes (COURTEILLE au naturel a un visage régulier, les deux autres sont plutôt mignonnes), cette photo vraiment très moche quant aux visages, mais assez sympa si l'on considère le groupe de muscles en action, représentent l'archétype de ce qui devrait faire la une des journaux de sports si l'on vivait dans un monde ou la question de l'égalité hommes/femmes ne resterait pas sempiternellement remise à plus tard.
Alors, pour que les femmes gagnent le droit d'être aussi adulées en étant aussi moches que Ribéry, TOUS ENSEM-BLE TOUS ENSEM-BLE...
Dernière minute : ASSE/Yzeure 4-0 Ouiiiiiiiii !
(La taulière fait le tour de son salon en courant, les bras en avion, le bas du pull entre les dents).
Une petite cerise sur le gâteau pour la route ? Regardez un peu par ici ce qui se passe en Iran, les lunettes m'en choient sur le nez !
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(*) Et vous allez voir qu'il y aura bien un commentateur pour se récrier : "mais si, mais si, le XV de France féminin qui a gagné les Anglaises a fait quelques "unes", récemment !" Vous savez, c'est le même bon vieux ressort que "j'suis pas raciste, j'ai un ami arabe".
(**) Question silhouette, objectivement, SCHELIN ou KUMAGAI sont beaucoup plus dégraissées, plus "efficaces" que NECIB. Mais NECIB a du chien, ça se discute pas.
Alors là, madame la taulière, vous nous la jouez comme Beckham ;-)
c'est-t-y donc, ma bonne dame, que le foot (disons le sport médiatisé) est, et reste un bastion masculin où les femmes sont appréhendées comme un groupe social dominé (disait Bourdieu) ?
En cyclisme où les pratiquantes, pourtant nombreuses et triomphantes, restent tout autant invisibles...
Même si l'école a fait des progrès dans la mixité des disciplines sportives, et c'est pour cela peut-être qu'on a 40 000 licenciées footballeuses, les dirigeants médiatiques privilégient le conservatisme de l’opinion publique plutôt que l’ouverture (à quand l'ABCD de l'égalité dans les médias ? Valérie Fourneyron,si tu nous lis...).
D'ailleurs une footballeuse peut-elle se prévaloir d'un modèle féminin ? ou bien ses seuls modèles ne s'appellent-ils pas Zidane ou Beckham ? ( ma culture foot est très limitée)
Le fait d'avoir pour modèle un joueur (et non une joueuse) renforce le schéma bourdieusien dominants /dominés.
Le foot ,comme la sociologie, est un sport de combat ...
A quand un film, "joue-la comme Necib ?"
soyons précises!
en 2011 ( pas mieux) : "Sur les quelque deux millions de licenciés que compte la Fédération française de football, un peu plus de 60 000 sont des joueuses. La comparaison avec le million de licenciées allemandes est cruelle, et pourtant c'est bien Lyon qui s'est adjugé la dernière Ligue des champions féminine aux dépens des Allemandes de Potsdam."
source Le point juin 2011
Merci, Mâme Paul(A) pour ces analyses pertinentes et ces chiffres éloquents ! Une anecdote au passage : Laura Georges, à l'époque capitaine de l'OL (elle joue maintenant au PSG, club connu, j'aime toujours à le rappeler, pour son féminisme radical et son engagement envers le sport gay - Franchement Laura, kest'es allée fiche là-bas ?), Laura Georges, donc, racontait comment une équipe de poussins ou autres benjamins de l'OL avait dans un premier temps refusé un atelier foot avec elle avant de s'apercevoir qu'elle était capable de leur enseigner des gestes techniques de haut niveau, y compris la roulette zidanienne... On leur offrait Georges, 120 sélections chez les Bleues, et ils ne voulaient pas de femme !!! Vive l'école maternelle dès 2 ans et l'ABCD pour l'égalité filles/garçons !
"Joue-la comme Beckham" est un des films les plus réjouissants que l'on puisse voir sur le foot féminin. Merci d'avoir rappelé ce titre, une référence en termes de film de foot !
C'est con ce que j'ai écrit. C'est le seul film sur le foot féminin !!!