Le 8 mars 2014
Hier nuit, en bricolant vite fait le billet ci-dessous, je savais qu'il faudrait y revenir : ce matin dans la presse en ligne, palanquée de "Journée de la Femme" !!!! ... Assorties des habituels, hélas attendus voire redoutés CALC (commentaires à la con, comme le PALM est du pain à la m... selon RR) sur le marketing vomitif qui accompagne cette désormais célèbre date. Curieux comme le mot "droits" écorche la gueule des journalistes de tout poil (oui, poil...) et de tout bord. Y a pas moillien de moillien, nom d'une b... tiens, on se mettrait en colère.
Donc on redit :
JOURNEE - Lààààà. Journée. Un jour dans l'année, quoi, pas pour que les bas-de-plafond demandent "quand c'est la journée de l'homme ?" et que dix mille mémères bien dressées répondent "Ah ben, la journée de l'homme c'est toute l'année". Non : un jour pour faire une sorte de point de la situation et une revue de ce qui se passe (et non pas "ce qu'il se passe", au passage).
INTERNATIONALE : n'y a pas que notre franchouillardise que ça chatouille, les droits des femmes. Regardons un peu plus loin. Dans de trop nombreux pays où le mot "droit" ne s'applique pas du tout. Là, en termes de déni de l'humanité, vous me direz qu'on atteint l'égalité quasi parfaite. Mais pour les femmes de ces pays-là, et d'autres encore, où s'est réalisé l'avènement d'une espèce de démocratie pour les hommes mais pas les femmes, quoi, faut pas pousser tout de même.
Journée internationale pour rappeler qu'elles ont des droits de principe, tout plein, neufs et prêts à l'usage, enfermés dans on ne sait quelle armoire forte de dictateurs couillus soutenus parfois par des religieux sans foi ni loi, mais le plus souvent et de manière tacitement soudée, bétonnée, par une population masculine bien décidée à ne pas céder une once de terrain mais au contraire à maintenir l'esclavage. Internationale pour que les énergies se fédèrent afin de trouver la foutue clé de cette foutue armoire et faire entendre aux mâles, peut-être, qu'ils ne seront pas en danger si leurs mères, filles, compagnes, accèdent à la dignité d'une existence reconnue. Au contraire.
DES DROITS (ou POUR LES DROITS) : suivant le degré d'évolution des mentalités, si le droit est bien assis ou en passe de l'être (en France on n'est encore pas trop mal), on pourra s'intéresser au statut, à la vision des femmes qu'entretiennent l'opinion publique, la culture dominante, le discours politique, l'éducation... Et là mes agnelles, on n'est pas rendues.
DES FEMMES : bis repetita : toutes les femmes. Les femmes de 0 à 120 ans, prévoyons large afin de n'en oublier aucune.
Alors, je dédie ce billet à Luz, la plus jeune femme de mon entourage proche : née un 21 janvier de l'année passée (journée de zigouillage monarchique, ça devrait lui donner la fibre révolutionnaire !). Aujourd'hui, petite Luz qui fait ses premiers pas avec ardeur, détermination et même une certaine pugnacité en dépit des bosses, chutes et autres bobos, je te souhaite une belle marche vers l'égalité femmes/hommes, vers l'équité de traitement pour ces deux faces de l'espèce, pour une belle vie féminine.
Et je la souhaite aussi à Mitzi, Pepita, Ester et Jules. Qu'un petit homme figure dans ce joyeux cortège de petites-filles permet une transition vers la belle pensée de Mary Wollstonecraft (fin du 18e siècle)“I do not wish them (women) to have power over men; but over themselves.” (**)
Billet du 7 mars 22 heures
8 mars : Journée Internationale pour les Droits des Femmes
Veuillez rayer de votre bagage lexical les expressions "Journée de la Fâme" (ah, l'idéal vaporeux, l'éternel féminin, Messssieurs, LA FAAAME), et encore bien mieux "Bonne fête chérie" ou "C'est ta journée".
N'allez pas aux "Soirées de la Femme" et autres "Fêtes des Femmes".
Chantez plutôt en choeur avec Les Rub J's de Santa-Stefania-la-gourdiflette et en canon, siouplaît :
"Si les femmes chantent fort,
C'est qu'elles ont à dire...
bis
Foutez la paix à nos corps
Et à nos désirs !
La porte je l'ouvre seule
Tout aussi bien que ma gueule,
AUSSI BIEN QUE MA GUEULE !!" (fortissimo)
(*) Cette citation tronquée est due au Marquis de Sade, la phrase complète : "Français, encore un effort si vous voulez être républicains".
(**) A vindication of the rights of Woman: with strictures on moral and political subjects
il s'agit des droits de la moitié de la population mondiale, ce n'est quand même pas rien :-)
ça doit pourtant faire du bruit 3.5 milliards de femmes ? Faut dire qu'elle s'y prend bien l'autre moitié pour assourdir leurs cris, ne pas entendre leurs voix.
Parmi les durs de la feuille, donnons une mention spéciale "Eloge de la bonne opinion de soi" aux autres barbus de l'académie du prix Nobel... En plus de cent ans (c'est long...) seules 44 lauréates ont été entendues (pour 803 lauréats).
Parmi ces voix et non des moindres, permettez ici ce matin (c'est dimanche et c'est poésie) que j'illustre cette journée par celle de Wislawa Szymborska
Eloge de la mauvaise opinion de soi
Le busard n’a strictement rien à se reprocher
Les scrupules sont étrangers à la panthère
Les piranhas ne doutent jamais de leurs actions
Le serpent à sonnettes s’approuve sans réserve
Personne n’a jamais vu un chacal repenti
La sauterelle, l’alligator, la trichine et le taon
vivent bien comme ils vivent, et en sont très contents
Un cœur d’orque pèse bien cent kilogrammes
mais sous tout autre aspect demeure fort léger
Quoi de plus animal
que la conscience tranquille
sur la troisième planète du Soleil ?
Si je permets !! Mais comment donc, d'ailleurs nulle permission nécessaire, ici la poésie a son droit de cit(er) !
Une bonne occasion pour connaître Szymborska, une trouvaille impeccable que ce poème pour prolonger la JIDF,
Merci Paul(A) !
Avec Madame K nous avons eu le plaisir d'aller apprécier Lulu femme nue, ça aurait pu être pire pour la journée en question, m'a-t-elle dit !
Reçu aujourd'hui d'une membre des Rub'J :
"Parce que les intégristes de tout poil et autres machos restent toujours tapis dans l’ombre... ! Vive les femmes
Une belle réaction des femmes espagnoles ! fallait y penser ...
Des centaines de femmes espagnoles ont fait enregistrer leur corps comme propriété afin de le protéger contre la loi Gallardon qui va supprimer le droit à l'avortement. A l'initiative d'une artiste activiste madrilène Yolanda Dominguez, ces femmes se sont présentées à l'administration pour faire reconnaître leur corps comme bien mobilier afin que l'Etat ne puisse pas avoir de droits dessus. Si l'initiative semble symbolique, elle a également une portée juridique inédite.
L'étonnement des fonctionnaires du Registro Marcantil de Bienes Muebles (registre commercial des biens mobiliers) n'est pas feint lorsque des groupes de femmes se présentent pour déposer une demande d'enregistrement particulière: elles souhaitent faire de leur corps leur propriété. Après consultation des chefs de services, les demandes sont acceptées et au même moment à Madrid, Barcelone, Bilbao, Pampelune, Séville et Pontevedra, le corps de centaines de femmes est protégé au regard de la loi. L'artiste Yolanda Dominguez explique que "nous voulions affirmer de manière officielle que notre corps nous appartient". Selon elle, le ministre de la justice (ndlr Gallardon) traite les femmes comme une marchandise, comme un objet, alors elles le protégent comme tel... L'artiste est persuadée que la démarche peut créer un précédent juridique.
Sur le formulaire, les femmes ont dû donner la description du bien qu'elles enregistraient. L'une des activistes explique dans El Pais que son corps est "grand, merveilleux. Il fonctionne à la perfection. Son odeur me plait. Il a deux jambes, deux bras, un utérus, deux ovaires...". Chaque femme a décrit sa propriété avec précision et détermination. L'action se poursuit actuellement dans de nombreuses villes d'Espagne."