Bruits du poste

Au journal de 7 heures on passe un extrait, environ 45 secondes, d'un "débat" sur une télé quelconque. NKM et Hidalgo ("Mon nom est Dalgo. Annie Dalgo") qui s'étripent en direct. Cohen commente, acide "autant pour les femmes qui soi-disant font de la politique autrement".

Il faut expliquer à cet inculte, pourtant autrement bagagé que la taulière, qu'en effet les femmes feraient de la politique autrement si on ne les contraignait pas à entrer dans/à fonctionner selon une matrice entièrement pensée par et pour les politiques mâles. Un "débat" organisé comme un combat de coqs : l'arène, le meneur de jeu, le M. Loyal de la chaîne ; le public avide, en studio et derrière son poste (encore qu'on puisse s'interroger sur l'audience d'un "débat" dans le cadre des municipales). Mais enfin, il faut qu'à la fin l'un-e des adversaires roule dans la poussière.

Oui, Monsieur Cohen, les femmes font de la politique autrement. Elles font de la vie publique autrement. Elles n'organiseraient évidemment pas de "débats" sur ce modèle si elles étaient aux commandes à 98 % de la presse et du champ politique. Elles n'organiseraient pas de débats mais des coopérations. Ah ! Vous imaginez le bordel ! Pas de partis, pas de rodéos électoraux... Des collectifs qui se rencontrent, échangent, construisent. Des rencontres mouvantes, renouvelées, des expériences. Le maternage du monde. Des logements pour tous. Santé et Social en étendard. La priorité au bien-être de tou-t-es... Le bor-del...

Bruits de femmes dans la ville

Hier à Sainté, clôture d'un colloque de deux jours "Représentations parentales : une question de genre ?". Interventions pêchues de politiques au féminin, d'universitaires juvéniles, des nanas dont j'aurais dit, si je les avais croisées dans la rue, qu'elles étaient étudiantes en licence. Que nenni : doctorantes au moins, maîtresses de conférence, elles ont exposé, en agitant leurs petites couettes et en croisant leurs bottines, des thèses hardies, rigolotes, ébouriffantes sur les questions de genre - pour faire court. Séances de questions/réponses, dialogues. Grande sérénité mais rigolade largement autorisée dans cet amphi où 200 personnes écoutaient et s'écoutaient dans un silence attentif. Une seule personne a coupé la parole à deux reprises malgré un rappel à l'ordre : c'était un homme.

Gardons-nous des généralités.

Bruits du poste

Journal de ch'sais plus quelle heure : la famille H., très connue comme l'un des pivots du grand banditisme français, a été mise en examen pour trafic de déchets toxiques. Le journaliste rappelle qu'en Italie, les mafias (du Sud, du Nord, etc.) ont fait leurs choux gras de cette manne dont le rapport est financièrement très intéressant et surtout bien moins risqué que les stups. En ce qui concerne les H., un flic de Tracfin estime qu'ils ont ramassé une mise d'un demi-million d'euros minimum. La réponse pénale à ce délit majeur et gravissime en termes de conséquences environnementales (épandages sauvages à l'appui), consisterait, en fonction de l'arsenal répressif actuellement disponible, en taule avec sursis et amende de 75 000 euros maxi. Cherchez l'erreur. Donnez-moi un moyen malhonnête de gagner une grosse somme avec 11 % de pertes, je ne sais pas si je reste honnête. Mais je n'épandrai pas, je vous en donne ma parole.

Bruits sur la colline de Tardy

Le dino est violet, je répète : le dino est violet. Ce sont donc bien les récepteurs rétiniens de la taulière qui déconnent (tentative de fidéliser un lectorat potentiel : pour comprendre les deux phrases précédentes, allusives en diable, faut avoir lu les billets n° 132 - Attention Mesdames et Messieurs, et surtout 134 - S'attarder à Tardy).

Hier à Tardy on a chanté super bien, il y avait une nouvelle qui beuglait à contre-temps et deux tons en dessous, mais avec un tel enthousiasme qu'on n'a pu que l'applaudir et l'encourager à rester. C'est une nana bien abîmée de la vie, et voyez-vous, ce qui me fait aimer cette ville de plus en plus, c'est le brassage des gens, absolument sans considération d'âge, de couleur, de catégorie sociale, de sexe, etc. Selon que vous serez puissant ou misérable, vous serez dans tous les cas le bienvenu à la Maison des Associations et l'on ne vous demandera pas d'où sortent vos fringues ni ce que vous faites dans la vie (d'autant que, franchement, on est fondé parfois à se demander ce qu'on y fait, dans la vie). Ah, le bien que ça fait... Que cette femme ait franchi la porte pour venir chanter ici, ça donne aux Ephémères leurs lettres de noblesse.

Chanter pendant deux heures en demi-cercle, s'entre-regarder et se sourire au fil des chansons sous le regard, genre bienveillant-mais-qui-loupe-rien du Chef, se caler sur ses balèzes accords et son swing bien balancé, entendre Pierre protester qu'il ne sait pas ce que "carré" veut dire, choisir nos costards de scène (jean's et tee-shirts de couleurs vives pour tout le monde), ben, vous voulez que je vous dise ?