Deux ou trois billets qui lui semblaient mal venus, ou vraiment détestables, ont été retirés de la circulation par la taulière, comme par exemple :

- une longue et indigeste note critique de "La traite négrière - Essai d'histoire globale" d'Olivier Pétré Grenouilleau, un mauvais livre rédigé par un médiocre historien obsédé par l'islam et qui utilisait son postulat de départ comme élément de démonstration tout au long du bouquin. Ce n'était pas une raison pour en faire une mauvaise critique dont le propos était bien au-delà des possibilités de la taulière, qui n'est ni universitaire, encore moins historienne, ni même documentée sur ces questions. Elle ne disposait donc pas d'outils suffisants pour régler son compte à Grenouilleau, d'une part, et d'autre part la communauté historienne s'en est chargée. De plus elle n'avait même pas fini de le lire au moment où elle rédigeait sous le coup de l'indignation. Après un moment de repos sur l'étagère, le billet s'est donc révélé nul et non avenu, dont acte. Non que le bouquin fût devenu entre temps plus lisible, au contraire, mais parce que c'était justement "too much" au fur et à mesure de la lecture, et qu'il lui a semblé alors que le sieur Grenouilleau ne méritait ni cet excès d'honneur, ni cette indignité, juste l'oubli.

- une vitupération à propos de cartes postales, également sans intérêt : fruit d'une amertume passagère (car la taulière n'est pas quelqu'un d'amer, du moins elle ne parvient pas à l'être longtemps), ce billet manquait mais alors, totalement, d'intérêt. Hop, poubelle. Sorry pour un joli commentaire de Mâme Paul(A), une lectrice fine et fidèle. Aussi on le retrouvera ci-dessous, et si ça n'a pas de rapport direct avec ce qui suit, tant pis : les jolies choses n'ont pas besoin d'être logiques.

Au rayon des (petits) remords, le billet sur Manchette, qui reste accessible car l'essentiel des reproches adressés à Manchette pour son style et certains points de vue discutables, se révèlent toujours fondés au fur et à mesure que je progresse dans sa lecture (cette nuit : Morgue pleine où l'on trouve la mention "youtre" en parlant d'un personnage et ce matin, commencé Que d'os !, un titre à la San-Antonio).

Mais Manchette se bonifie à la lecture, même si au final ses intrigues montrent un peu toujours le même ressort : il y a des tueurs quelque part aux trousses du héros ou de l'héroïne. Ca n'enlève rien au suspense, ça se lit bien.

Extrait d'un entretien avec Mystère Magazine, 1973 :

"Morgue pleine a été écrit à toute vitesse parce qu'il fallait que je paie mes impôts. J'ai livré le manuscrit le 12 ou 13 novembre, j'avais demandé que le chèque soit prêt afin de le donner le lendemain au percepteur ! Et j'ai passé les six mois suivants à me répéter que ce bouquin était affreux..."

Les extraits de journaux ou d'entretiens sont de plus en plus drôles, juxtaposés aux romans au fil de l'anthologie :

A propos de Que d'os ! :

"Bon travail à TARPON (nom du héros pour une fois récurrent, un privé minable mais très attachant, ndlr). Passé la page 125. Comme il y a un peu de mou vers cet endroit, je crois que je vais faire découvrir par Tarpon le cadavre d'Albert Pérez. Il ne faut jamais rester trop longtemps sans tuer quelqu'un, comme disait l'autre." - Journal, 25 février 1976

Il est donc préférable de lire Manchette dans cette collection, avec les entourages. Ca donne une autre lumière à ces polars encore une fois très datés. On roule en R16, en Aronde même, bref, des bagnoles antédiluviennes. L'humour est aussi d'époque, et ce matin ça m'a rappelé une blague qu'on se racontait dans les années en question :

Un mec en Porsche 911 roule peinardement sur l'autoroute, voie du milieu, à 180 (la blague date d'avant les radars). Soudain, que ne voit-il pas grandir dans son rétro ? Une deux-chevaux !! La deuch' arrive sur la voie de gauche comme une fusée, dépasse la Porsche. Le conducteur ahuri voit au passage que la deuch est conduite par une dame à indéfrisable gris.
Piqué comme on peut l'imaginer, il enfonce le champignon et rattrape la dame, qui s'est entre temps rabattue, et entreprend de la doubler. Avec peine. Arrivant à sa hauteur il voit qu'elle fait des signes frénétiques, la vitre relevée (dans les deux-chevaux, on ne baissait pas sa vitre, on plaquait la partie inférieure vers le haut, en espérant que ça tienne). Il baisse donc la sienne, de vitre, portière droite et entend la dame qui crie :

- Au secours, au secours ! Est-ce que vous pouvez m'indiquer comment on passe la seconde ? Mon moteur chauffe !"

L'actualité aussi est pleine d'humour. Trouvé ça dans un site d'info quelconque. Les deux infos étaient juxtaposées de part et d'autre d'une image de manif avec drapeaux palestiniens :

A gauche de l'image : "Appelant au boycott des produits israéliens et vidant les rayons du magasin, 70 personnes ont investi lundi un hypermarché près d'Avignon aux cris d'"Israël assassin, Auchan complice !"

A droite de l'image : Cazeneuve : "Défendre les lieux de culte, c'est cela la République"

On a l'impression que Cazeneuve défend les intérêts d'Auchan, ce qui n'est pas de l'ordre de l'impossible.

Bon, à part ça la taulière va vous dire salut pour quelques temps, elle est ben occupée présentement et doit faire un choix : tenir le blog ou faire ce qu'elle a à faire, y a pas la place pour les deux.

Alors à la revoyure tout le monde !

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Et voici donc le commentaire de Mâme Paul(A) sur le billet "Nouveaux codes de courtoisie" où la taulière déplorait la funeste habitude des cartes postales de vacances :

"Peut-être préférez vous une Fable(s) fraîche(s) pour lire à jeun, alors ?
(du livre du même nom de Pierre Bettencourt)

LE JOUR DU SEIGNEUR

Ici, le soleil change de couleur tous les jours, il passe par les sept teintes du prisme et recommence : jaune, orangé, rouge, violet, indigo, bleu, vert.
Nos femmes ne se maquillent pas, mais dans la lumière verte prennent une saveur d'irréel qui nous les rend tout à coup précieuses et fait que ce jour-là rien ne pourra nous distraire de les aimer. Aussi, le consacrons-nous au repos.
Vous diriez, vous, que c'est dimanche."

Merci pour la carte postale, Paul(A) !