Les étoiles noires pleuvent ces temps-ci.

Jacques Chancel, papa - ou pape - de Radioscopie

Au Japon il aurait peut-être été élevé au rang de Trésor Vivant, mais bon. Sincères condoléances et on s'est épargné la rediff de son heure avec Jacques Brel. Le grand Jacques, soit dit en passant, on a aimé ses chansons sans particulièrement goûter ses opinions en matière de femmes, telles qu'elles sont exprimées dans lesdites chansons, ni se pâmer à l'écouter causer parce qu'il se contredisait beaucoup et n'avait pas, au final, grand chose à dire en dehors de ce qu'il a composé - et fort bien.

Jacques par Jacques, comme on dit : toute une époque, rien qu'une époque.

Et puis se farcir toute la journée la voix du disparu affirmant sans rire qu'il avait un seul talent : celui d'écouter, l'entendre fustiger ceux qui s'écoutent parler alors qu'on l'a supporté, pendant près de 3000 émissions, se donnant à lui-même la parole pendant 85 % du temps théoriquement consacré à l'invité...

Duverger, universitaire honnête et visionnaire : « Le scrutin majoritaire à un seul tour tend au dualisme des partis. »

En savoir plus. Mais dites-moi, le petit père Duverger, tout de même, s'pas, il avait dansé un joli pas de deux entre Doriot et le centre gauche, non ?

Exit Duverger, grande signature du Monde, Le Monde de Beuve-Méry, journal austère, protestant, neutre jusqu'à l'absurde, qu'on se cognait quotidiennement et presque in extenso. Eh oui, on avait des yeux et un cerveau à l'époque. Comme on dit : toute une époque, rien qu'une époque.

John Robert "Joe" Cocker, OBE (*)

Non, vous n'êtes pas invité-e-s à jouer aux devinettes pour savoir laquelle des trois disparitions me navre le plus. Allez plutôt sur Youtube ou Dailymotion, vous savez faire ça mieux que moi. Ecoutez et regardez encore une fois ce vieux Joe se démener comme un dément sur la scène de Woodstock (il ne pleuvait pas ce jour-là) en braillant A little help from my friends comme s'il s'agissait d'accrocher ses tripes en guirlande au micro. Regardez-le se contorsionner et se secouer comme un possédé, les tifs électriques, les rouflaquettes qui lui dévorent les joues, moulé dans son tee-shirt psycho qui souligne déjà une belle bedaine de bon buveur. Ecoutez la charretée de gravillons roulant au fond de sa gueule grande ouverte. Marrez-vous en voyant dans le coin de l'image je ne sais quel chevelu faire les choeurs avec une voix de fausset astap (**). Et appréciez le cri primal final !

Oui, écoutez et regardez Joe Cocker, le chanteur honnête artisan interprète de tubes inoubliables, qui nous a offert les meilleurs solos d'air guitar, de spatial air guitar même (***)... Ecoutez la belle, la magnifique voix anglaise du gars qui, comme le dit drôlement une nécro parue aujourd'hui dans la presse (j'ai pas regardé quel titre), "a composé avec la drogue et l'alcool".
Que faut-il comprendre ? Qu'il a composé toutes ses chansons en remuant son grog avec une seringue, ou qu'il a passé un deal avec les substances pour s'en sortir vivant (enfin, relativement) ?

Et, oh Unchain my heart...

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(*) Order of the British Empire, une de ces décorations british, so deliciously british
(**) A se taper le cul par terre. Oui, une expression de l'époque, de temps en temps faut faire revivre un peu les argots désuets, témoins du temps...
(***) Appris cette semaine par la chef de choeur de notre très sainte chorale de l'Amicale Laïque du Crêt de Roc, que les gens qui chantent en faisant des mouvements spasmodiques avec les mains, c'est en fait parce qu'ils ont le haut du dos totalement coincé, verrouillé même. Notre chef, elle nous fait faire plein d'assouplissements corporels et vocaux, c'est pourquoi on chante très décontractés (je ne vous dis pas d'où), et que nous, on fait pas de solos d'air guitar. "UUNNCHAIN' MA' HEART !!!...dzouiiing, dzouiiiing..."