... Avant de passer à autre chose

Devant l'ampleur des réactions "anti-Charlie", on est obligée de constater qu'y a des abrutis qui font semblant d'être experts en beaux-arts et qui ne comprennent pas le sens le plus élémentaire du mot "caricature" : "Dessin, peinture qui, par le trait, le choix des détails, accentue ou révèle certains aspects (ridicules, déplaisants)" - définition extraite du Nouveau Petit Robert édition 2010.

Que les faux-culs dévôts qui prétendent encore que Luz, ou ses prédécesseurs lâchement assassinés, s'en étaient pris au prophète et l'ont "caricaturé", apprennent à lire et même à regarder. Et je vous parle pas du Charlie tourné à l'envers pour chercher la bite cachée.

Inutile de s'en faire cuire la rate au court-bouillon : aucune argumentation sur le fond qui vaille : l'aiguille est bloquée sur "l'insulte à Mahomet", un prétexte des enragés pour installer plus que jamais la haine de l'autre. Cette "insulte" fonctionne comme une torche de paille enflammée qu'on promènerait imprudemment près de cloisons en bois sec.

J'aimerais ajouter le paragraphe classique de précaution, qui dirait que je respecte toutes les religions, mais ce n'est pas tout à fait vrai : athée, profondément attachée aux valeurs fondamentales de la laïcité, je me considère comme tout juste tolérante envers les croyances de tout poil, qui selon moi doivent rester du domaine de l'intime et s'accompagner de la plus grande réserve.

Je tolère donc, sans les approuver ni autrement les moquer, les gens qui ressentent le besoin de croire à l'existence d'un dieu, quel que soit X, et pratiquent des rites religieux divers. La transcendance n'a jamais fait de mal à personne.

Allons plus loin : à celles et ceux, quelle que soit leur religion, qui pratiquent l'attention à l'autre, la bonté, la générosité, la tolérance, la main tendue (j'en connais) et ne nous font pas caguer avec les textes, leur interprétation fallacieuse ou le besoin fanatique de prosélytisme : salut et fraternité. Pour les autres, en particulier pour ceux qui mettent en avant leur religion pour s'autoriser n'importe quoi en république : allez vous faire voir.

Bon, ça ne réjouit personne de voir qu'on se dirige, depuis ces foutus attentats, vers une guéguerre nationale qui pourrait bien se terminer par une bonne guerre (mondiale ?), mais c'est ainsi, à mon humble avis on n'y peut pas grand chose.

Ni de constater que le retour du religieux arrive à plus véloce galop que la marée à Saint-Benoît-des-Ondes. J'aurai oublié de vous narrer le navrant épisode suivant : j'assistais en novembre dernier à une conférence sur les Roms et leur histoire, à l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne, conférence prononcée par le Pr Virgil Ciomos, prof de philo à l'Université de Cluj (Roumanie). Excellent texte, approche novatrice (surtout pour nouzaut' Français qui ne comprenons rien aux Roms), quand tout à coup, à cinq minutes de la fin, voilà l'orateur qui nous balance de l'épître à Saint-Paul et se met à témoigner de sa catholiscience et à appliquer une grille de lecture évangélique aux données qu'il venait d'énoncer, suscitant dans le public une vague de professions de foi en tous genres. Dans une salle de la Fac. Oui, l'Université, laïque et républicaine. Ce ne sont que quelques exemples, Seigneur...

J'aimerais dédier ce billet, pour conclure, au pape Bergoglio dont j'ai déjà dit combien j'appréciais son regard de poisson froid mal dissimulé par un sourire de requin communicant, qui a parlé "d'insulter la foi". No comment, mais putain, ce que ça me fatigue.

Il est vrai que le même personnage vient de recommander aux catholiques de ne pas se reproduire "comme des lapins" (un peu tard, c'est bien engagé), sans toutefois lâcher quoi que ce soit sur la contraception. Eh ben allez ! L'hypocrisie élevée à la hauteur d'une vertu cardinale.

Je clorai donc cette parenthèse et le billet tout ensemble en prodiguant aux personnes concernées par ce qualificatif lagomorphique le seul conseil qui vaille en la matière : chers lapincathos fidèles à la méthode du bon docteur Ogino et autres coïts sautés-du-train-en-marche, choisissez donc plutôt un procédé contraceptif entièrement naturel et gratuit ou presque, sans risque chimique, et garanti efficace bien qu'encore peu connu : le verre d'eau. Un grand verre d'eau bien fraîche. Pas avant l'acte, pas pendant ni même après : à la place.