Reçu ce jour le mail ci-dessous, que je reproduis le plus fidèlement possible, n'y ayant apporté que des modifications sans incidence sur le contenu :

- les options de mise en page pour une meilleure lisibilité compte tenu des possibilité de ce blog
- l'ajout d'une note en bas de page pour mettre un lien avec l'ADEME
- l'utilisation de chiffres pour les renvois en bas de page, au lieu d'étoiles dans le mail d'origine, pour éviter les confusions avec mes propres notes en bas de page.

J'ai eu à coeur de transmettre ce topo, de donner à connaître l'Observatoire du Nucléaire. Mais on pourra regretter :

- que ce texte, qui ne se présente finalement que comme une dénonciation tous azimuts - vous me direz, c'est son boulot à l'Observatoire - ne propose aucune piste en matière de décroissance, ou plutôt, puisque ce terme maintenant fait peur (*), n'évoque pas les possibilités de rouler moins, de rouler moins con (genre tout seul dans ma bagnole avec 15000 autres cons qui font le même trajet exactement à la même heure), de promouvoir les transports en commun, partagés, optimisés, etc. Malgré les nombreuses initiatives de covoiturage, on ne peut pas dire en effet que cette piste soit surexploitée.

- que l'expression "lobby nucléaire" ne soit pas remplacée, clarifiée, précisée, par la citation de noms d'organismes, d'entreprises, bref, qu'il n'y ait pas une désignation lisible comme ils le font pour Bolloré.

Pour élargir l'horizon sur le nucléaire, au-delà de la bagnole, si vous tapez dans votre moteur de recherche favori "lobby nucléaire", vous pourrez consulter avec les précautions d'usage une notice Wiki dans laquelle, au premier chef des membres cités du lobby en question, on trouve... La CGT.

Voilà - si la notice est de bonne source et de bonne foi (la Taulière vient d'être échaudée à propos de son billet précédent), elle en dit long sur l'incapacité de cette organisation (la CGT) à dire clairement et publiquement ce que disent ses responsables aux échelons intermédiaires (régions entre autres) dans les instances locales, où la Taulière les a elle-même entendus directement, à savoir que la CGT ne défend pas le nucléaire en tant que tel mais l'emploi, et qu'aujourd'hui, en dehors du nucléaire, ils ne voyaient pas comment le maintenir, sans parler de le développer, vu la demande en production (pour info, en ce moment même la consommation journalière en moyenne lissée avoisine les 76000 mégawatts, source RTE).

Aussi limité ou erroné que puisse paraître leur point de vue (**), il montre déjà la possibilité du début d'une réflexion, et comme toujours, on n'essaie pas de partir de ça pour construire cette réflexion ensemble, on préfère dénoncer.

On n'est pas arrivés.

(*) Ne parlons pas de la cuculette "sobriété heureuse", qui fait vraiment "chants du patronage avé l'abbé". Autant ce titre "Vers la sobriété heureuse" (Pierre Rabhi, Actes Sud, 2010) avait du sens en tant que tel, autant sa reprise et son galvaudage n'ont fait que nuire à une idée grandiose, comme nombre de celles de Pierre Rabhi, qui n'est pas homme à créer des slogans, il a mieux à faire.

(**) Comme si on ne pouvait pas créer des emplois techniques équivalents en nombre et en qualification avec l'exploitation d'autres énergies, étant entendu que la fameuse transition énergétique dont on nous bassine, ne se fera pas en une semaine. Comme si, précisément dans la filière nucléaire, les compressions d'effectifs déguisées ou non, l'externalisation, le recours aux intérimaires sous-payés et aux sous-traitants moins-disants n'avait pas déjà ruiné la légende dorée du plein emploi...

Bon, assez ri (de Lorraine), je vous laisse lire.

- Mail transféré -

De : OBSERVATOIRE DU NUCLEAIRE <observ.nucleaire@free.fr>
À :
Envoyé le : Mercredi 4 février 2015 16h51
Objet : Annonces de Mme Royal pour la voiture électrique : un coup de force pronucléaire et antisocial - Cf Envoyé spécial de ce soir

Observatoire du nucléaire - http://www.observatoire-du-nucleaire.org

Communiqué du 4 février 2015

Annonces de Mme Royal pour la voiture électrique : un coup de force pronucléaire et antisocial

Le combat de l'Observatoire du nucléaire contre la voiture nucléaire sera illustré demain soir dans l’émission Envoyé spécial (France 2)

Mme Royal a annoncé ce jour la mise en place d'un bonus prétendu "écologique" de 10 000 euros pour doper les achats de voitures électriques. Cela signifie que de lourdes sommes d'argent public vont être offertes pour une absurdité qui consiste à remplacer des voitures polluantes (thermiques) par d'autres voitures polluantes (électriques, et en réalité nucléaires puisque rechargées sur le réseau ErDF, à 75% alimenté par le nucléaire)

D'autre part, c'est un programme totalement antisocial car l'argent de tous va être offert aux constructeurs automobiles, au lobby nucléaire, et aux ménages aisés qui constituent 99% des acheteurs de voitures électriques.

Cette annonce est à relier à celle de la multinationale Bolloré qui a récemment été sélectionnée par le ministère de l'Économie pour déployer en France 16 000 bornes de charge pour véhicules électriques.

Présentée comme vertueuse par les pouvoirs publics et par l'industriel, cette folie en faveur de la voiture électrique est en réalité inopérante sur le plan écologique et gravement nuisible pour les finances publiques.

Un programme totalement injustifié sur le plan écologique

La première erreur grossière de ce plan est de prétendre que le développement de la voiture électrique serait bénéfique pour l'environnement. Pour mémoire, l'Observatoire du nucléaire a contraint les principaux constructeurs de voitures électriques à retirer les mots "propre" ou "écologique" de leurs publicités (1), en particulier parce que le rechargement des batteries est effectué en France à 75% par de l'électricité nucléaire.

Par ailleurs, l'ADEME (2) a montré que, même pour les émissions de CO2, la voiture électrique n'est pas plus vertueuse que la voiture thermique (3). D'autre part, la ville de Berlin a considérablement assainit son air (4) en imposant des conditions draconiennes aux voitures thermiques et non en tentant vainement de remplacer la peste (voitures thermiques) par le choléra (voitures électriques).

Un projet totalement antidémocratique et anti-social

Poursuivi en justice par Bolloré qui a porté plainte contre les débranchements d'Autolib (Paris) ou de Bluecub (Bordeaux) en charge sur la voie publique, l'Observatoire du nucléaire ne se laisse pas intimider et continue à dénoncer les mensonges des constructeurs de voitures électriques (Renault et Bolloré en tête). Ce combat sera d'ailleurs illustré dans l'émission Envoyé spécial de demain jeudi (5)

L'Observatoire du nucléaire dénonce avec la même vigueur le fait que l'argent public soit gaspillé en étant offert par les pouvoirs publics aux constructeurs de voitures et de bornes électriques, au lobby nucléaire (la quasi totalité de bornes prévues seront alimentées par ErDF, à 75% par le nucléaire) et aux citoyens aisés (99% des acheteurs de voitures électriques) qui bénéficient donc de l'argent de tous.

Les bonus prétendus "écologiques" sont de fait injustifiables tant sur le plan écologique que sur celui de la justice sociale. Quant au financement des bornes de rechargement par les communes et autres collectivités territoriales, il va sous peu faire l'objet d'un scandale de la plus grande ampleur (6).
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(1) France5 : La voiture électrique n'est ni "propre" ni "écolo" : http://bit.ly/1gMNM3I
(2) ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie : http://www.ademe.fr/connaitre
(3) La Tribune, 4 décembre 2013 : http://bit.ly/WELjVz
(4) JT 13h France 2 du 8 décembre 2014, curseur à 14min30 : http://bit.ly/1A8p4Fd
(5) Envoyé spécial : http://bit.ly/16njvty
(6) Économie matin, 28 novembre 2014 : http://bit.ly/1pMf1FD