Par neige et gadoue gelée (à Sainté il en est tombé exactement depuis mercredi 9 heures le matin jusqu'à jeudi 1 heure du matin sans interruption et les agents de la ville sont en grève, donc pas de déneigement), La Taulière a risqué une sortie au SPAR du coin, on aurait dit un Lapin Duracell monté sur piles premier prix d'Auchan. Autant rester au chaud chez soi et gratouiller les actu de Google à la recherche d'un truc intelligent. Hélas.

On tombe sur une "interview" de Benjamin Millepied sur LCI . "Millepied", pour un danseur, quel bel aptonyme dites-donc !

"Interview" avec guillemets : lorsque quelqu'un s'exprime face caméra en répondant aux questions d'une autre personne, ça s'appelle bien comme ça ? Ouais, enfin faut voir les questions. La nénette de service, parée comme une sous-Guermantes un soir de première, fait face à Millepied, qui fait les unes en raison de sa nomination comme directeur de la danse à l'Opéra de Paris : jean's, sweat et baskets. Le décalage vestimentaire est déjà réjouissant. Mais voilà-t-y pas que la questionneuse le branche direct sur son épouse, Nathalie Portman - c'est d'ailleurs le chapeau de l'article : BM parle de NP ! Ah l'événement...

On peut regarder 1 minute de cet exercice qui a l'air de navrer Millepied. A la première question sur "son couple glamour" il éclate d'un rire nerveux et navré en même temps. Dans ce rire, tout y est : qu'est-ce que je fous là avec cette conne, qu'est-ce que c'est que cette question, dans quel guêpier, etc. La froideur de son regard, voire sa gêne perceptible, ses tentatives pour amener l'interview sur un terrain un minimum professionnel, il a l'air de danser dans cinquante centimètres de mélasse, l'élégant.

On peut sourire aussi lorsque, parlant de son désir de réaliser un film sur la danse, il dit qu'elle est "quelque chose qui peut être organique à l'écran" - dommage, on ne voit pas la tête de la nénette, mais son neurone a dû surchauffer là. Millepied la hisse à un niveau où elle n'a plus d'oxygène. En fait, elle n'a rien d'intelligent à demander, Millepied n'a rien à répondre à ses questions cons, il a dû trouver le temps long, nous aussi.

Pourquoi je parle de ça ? Bof. C'est un joli jeune homme, ce danseur. Pour l'avoir entendu, une autre fois, lors d'un entretien approfondi (pas une "interview") sur une radio du service public ch'sais plus laquelle, je peux affirmer qu'il est très intéressant lorsqu'il parle art, danse, musique, etc.

Plus bas dans la page en question, on voit sur la droite la couv' du Point : une photo proprement effrayante du ministre Macron : on dirait un avatar diabolique de Boris Vian, qui serait revenu sur terre sans son génie poétique et musical, sans son intelligence et sa fantaisie, sans rien, quoi, juste une enveloppe faciale vide habitée d'un regard peu rassurant, et qui aurait mastiqué trop de chewing-gum. Pardon, Bison Ravi !

"Voyager en drone ? Pourquoi pas, si l'on réduit le risque à un niveau acceptable", nous propose l'Obs. Voire. La Taulière elle est pas tout à fait prête à voir s'étiaffer sur son bord de fenêtre, à trois heures du mat', un gus bourré qui se sera endormi aux commandes (ou plutôt, un gus bourré piloté par son pote bourré qui aura lâché la télécommande). Ni à se prendre sur la tronche, à titre de "risque acceptable", un Parisien en visite dans la Cité du Dézingue avec son sac de voyage et dont le drone aura soudain répondu absent.

Imaginez une vie ou, en temps ordinaire, faut se garder à droite, se garder à gauche, vérifier devant, derrière, le vélo là, l'autre en face qui grille le feu et nous tourne devant les orteils, le bus qui roule dans les flaques, bref. Et en plus, faudrait surveiller le ciel ? Déjà, avec les colis d'Amazon, ça va bien le faire, quoi... Ou alors, bon, un drone, OK si c'est Millepied qui pilote...

Tiens, je vais mettre France Culture. Bonne soirée !