Chaque fois que vous gobez un Doliprane, vous permettez au groupe Sanofi d'engraisser la prime d'entrée versée à son nouveau PDG. Chaque fois que vous déposez sur les fesses de votre nourrisson une noisette de Mitosyl, vous permettez au groupe Sanofi... Chaque fois que vous prenez Maxilase, Maalox, ou un comprimé de Vitamine B12 Delagrange, que vous vous bombardez les naseaux avec Physiomer... que vous délassez un muscle froissé avec Decontractyl... etc. vous permettez au groupe Sanofi etc.

Désolée pour la pub gratuite de leurs produits, mais comme ils sont partout, de toute façon, qu'on les cite ça ne fait aucune différence.

Le groupe Sanofi est un des fleurons de l'industrie pharmaceutique française. Le groupe Sanofi est présent partout chez vous. Le groupe Sanofi poursuit depuis plusieurs dizaines d'années une politique "sociale" sans états d'âme. Le groupe Sanofi, avec les économies réalisées sur des milliers d'emploi au travers du pays pendant ces dix dernières années, se paie un patron coté au mercato des dirigeants du CAC40 & C° et lui offre un confortable "golden hello" ou prime à la signature.

Aggravant : le boss millionnaire est, de formation, médecin. Il a donc, en son temps, prononcé le serment d'Hippocrate où figurent, dans la version de 1996 (mise à jour du serment d'origine), les phrases suivantes :

Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. (...) Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j'y manque. »

Raaaah, je m'étouffe de rire, donnez-moi de l'air.

A ce gougnafier, vous avez donc financé, au minimum :

1) ses études ; tous les Français, avec leurs impôts, financent l'enseignement supérieur et en particulier les très longues études des futurs médecins

2) sa prime et ses futures rémunérations, y compris les actions. Celles-ci en effet récompensent la stratégie commerciale de Sanofi et en particulier ses profits, réalisés soit en cash, grâce à votre porte-monnaie, soit, plus insidieusement, sur le dos de la Sécu qui rembourse les médicaments qu'on vous prescrit. Et qui donc alimente les caisses de la Sécu par ses cotisations ?

3) l'indemnisation, via les caisses de chômage, des salariés par Sanofi privés d'emploi. Bon, d'accord, c'est pas le plus coûteux.

Rubrique "risque". Le Foll dit que la prime d'entrée octroyée à ce patron est "incompréhensible" (on peut l'aider à comprendre s'il veut), puisque le gars n'a encore pris "aucun risque".

Je veux qu'on m'explique quels sont les risques encourus par les PDG de ces grandes machines, en cas de pertes financières du groupe qu'ils dirigent. Même quand ça va bien, à titre d'anticipation, ils se servent des salariés comme variable d'ajustement. Et quand ça va mal, s'ils se cassent ou sont limogés, qu'on me montre un ex-patron du CAC40 ayant descendu toutes les marches des indemnités de chômage pour en arriver à l'ASS, Allocation Spécifique de Solidarité, dont l'acronyme signifie en anglais, opportunément, cul. Qu'on me montre un de ces mecs ayant même pointé une seule minute au Pôle Emploi de son quartier.

On rit aux larmes, je vous dis.

L'annonce fracassante des "4 millions d'euros" de prime d'entrée sont en fait l'arbre qui cache la forêt. La rémunération du nouveau boss de Sanofi dépasse évidemment de plusieurs longueurs cette prime qui fait le buzz de ce matin.

« Le laboratoire pharmaceutique a prévu une rémunération fixe annuelle brute de 1,2 million d'euros, une rémunération variable « cible » de 150 % de la rémunération annuelle fixe et susceptible d'atteindre 250 % de celle-ci, ainsi qu'une rémunération en actions qui consistera en une attribution annuelle de 220 000 options de souscription d'actions et de 45 000 actions de performance. » Le Monde Economie du 23/02/2015.

Addendum du 4 mars : il manquait quelques chiffres pour bien apprécier ce qui précède : sur Euronext Paris aujourd'hui, l'action SANOFI est cotée 87,45 euros à la clôture, elle a pris 1,50 % aujourd'hui, ce qui traduit probablement l'optimisme et la confiance des actionnaires envers le monsieur objet de ce billet (la Taulière ne l'a pas nommé dans ce billet, car on parle ici de processus et de gens innommables). 3 140 628 est le nombre d'actions SANOFI.

« En contrepartie des avantages auxquels il a renoncé en quittant son précédent employeur et pour saluer son arrivée dans l'entreprise, Sanofi se prépare en outre à lui verser une indemnité forfaitaire brute de deux millions d'euros payable à sa prise de fonction, renouvelable s'il reste dans l'entreprise en 2016, à laquelle s'ajoutera l'attribution de 66 000 actions de performance sous condition de performance. » Même source.

Un petit calcul s'impose... Mais on ne voudrait pas être dans la peau des salariés, car ce loup-cervier doit loucher de près sur les fameuses conditions de la "performance" en question, clé de ses rémunérations variables proprement inouïes. En toute logique, il doit être prêt à sacrifier pour ça quelques milliers... d'employés.

« Pendant sept semaines, les salariés du site Sanofi de Quetigny n’ont pas lâché l’entrée de leur usine. »
Le Bien Public en ligne de janvier 2014

« Les Sanofi ne cessent depuis un an de se mobiliser pour défendre leurs emplois et l’avenir du site.
Lundi 1er Juillet, ils étaient présents au débat de Montebourg à la salle Pétrarque avec une banderole on ne peut plus explicite « Montebourg, complice de nos licenciements » !
Site de la Gauche Anticapitaliste du 3 juillet 2013.

Et ce ne sont que quelques extraits de presse...

Il est donc urgent et citoyen de s'intéresser aux alternatives possibles à ces médicaments "du quotidien", de s'engager à en parler autour de soi, de les promouvoir. Quoi, on met en péril l'emploi des salariés ? Parce qu'il leur est garanti par la prime de leur patron, leur emploi ?