Ecoutez donc Ana Popovic+Russian Band (Crossroadz, Moscow blues fest 2007), ça vous fera des vacances vocales de qualité avec un vol gratuit aller/retour en classe VIP.

Cette guitariste sacrément douée et sacrément musicienne plane dans la strato (Fender ?) avec une aisance rafraîchissante. Vous pouvez aller écouter sur le tube la totalité du concert (crossroadz 1 à 9). Son jeu est hyper clair, puissant et cristallin à la fois, d'une précision impecc. La voix est joplinienne, et Ana est belle comme l'enfer. D'ailleurs, Dieu me pardonne, le public filmé au long de ce concert, essentiellement masculin, doit ressembler, vu de la scène, à une belle forêt de gourdins. J'dis ça j'dis rien, hein.

Mais franchement, ça fait beaucoup du bien aux oreilles.

Besoin d'une confirmation ?

En revanche, dans ce deuxième extrait, le batteur fait pitié avec son super matos et sa gesticulation peu convaincante. Mais c'est parce que je viens de regarder le concert de Tanglewood (1970) de Santana : une scène émouvante à force d'être étriquée où ils jouent les uns sur les autres, c'est un miracle qu'ils ne se cassent pas la tête à coups de manches de guitares ou qu'ils ne s'envoient pas des baguettes dans le nez (il y a toujours un micro à redresser, un câble à dérouler, un truc à changer de place) ; un matériel réduit à l'essentiel, quelques micros et un éclairage indigent (le bon vieux rond de lumière qui se déplace avec les musiciens !)... Et oyez le résultat !

Au passage, signalons qu'appeler le groupe Santana (Santana Blues Band, en fait) repose sur un léger abus de termes parce que Carlos Santana, c'est amplement démontré ici comme à Woodstock, qu'est-ce que ce serait, sans un certain Gregg Rolie (orgue, piano, voix), claviste remarquable (*) qui est le véritable meneur de jeu (moment de bonheur pianistique à partir de 37'35) ? Et sans un certain Michael Shrieve, une bête de batteur habité, (tee-shirt bleu et pantalon rayé) calé à l'arrière d'une section rythmique à faire peur (Shrieve casse toutes ses caisses pendant 3 min. vers 58') et sans un certain Mike Carabello (percu déchaînées, si qqn peut me dire qui est l'autre percu ?), et sans un certain Gus Rodriguez à la basse ? Certes, la guitare de Santana est reconnaissable entre mille, certes on aime ses longues notes déchirées, mais tout de même, sans les potos, hein ?

Le truc qui me fait toujours halluciner c'est les commentaires, comme celui de ce J-S. D., là, apparemment tout juste débarqué d’un vol sidéral en provenance d’une des 24 lunes de Saturne : « Très très bon !!!!! Voilà quelqu'un qui m'a donné envie de me mettre à la guitare électrique ».

Eh bien allons, tant mieux, tant mieux !

Repentir : écouter/regarder internet la nuit attire le dithyrambe aux ailes irisées... On s'emballe, on s'emballe. A la ré-écoute, miss Popovic me fait moins d'effet.

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(*) Pour voir un claviste navrant mais essentiel à l'histoire, allez voir le film "Frank", ovni et bijou de cette saison cinématographique, et jouissez de l'histoire de ce claviste navrant qui rencontre un improbable groupe de pop-rock expérimental au nom astap : les "Soronprfbs" ou quéquechose comme ça. Embarquez dans leur minibus, vous ne le regretterez pas. C'est glauque, angoissant à souhait, drôle à pleurer, déjanté façon Gondry. Du cinéma, quoi.