« La Ville de Saint-Étienne a été condamnée à une amende pour défaut d’exécution par le juge des référés du tribunal administratif de Lyon, mercredi 29 avril. Cette condamnation fait suite à la décision du tribunal datée du 11 février dernier qui enjoignait la municipalité à réintégrer le directeur de l’Opéra-théâtre de la ville.
Le tribunal a donc condamné la Ville de Saint-Étienne à verser 2400 euros à Vincent Bergeot et 3 120 euros à l’État au titre de la liquidation provisoire de l’astreinte prononcée dans son ordonnance du 11 février.
Dans ses attendus, le juge administratif estime que Vincent Bergeot « n’a recouvré qu’une partie résiduelle des fonctions stipulées à son contrat », fixant à 80 euros par jour l’astreinte pour non-exécution de sa précédente ordonnance par la municipalité.
Contactée, la Ville de Saint-Étienne ne souhaite pas faire de commentaire. »
AFP
Article piqué dans Le Progrès en ligne du 30 avril.
On sourirait de tout ça si, en premier lieu, il n'y avait pas des salariés malmenés qui doivent vivre ça : être saqués comme des malpropres, aller en justice, etc. Et si, d'autre part, "l'ambition" clairement affichée du maire ne se réduisait pas, pour l'Opéra, à la programmation de "tournées Karsenty" au détriment de toute création. De plus, ça fait double emploi, car au rayon médiocrité, on a déjà le Zénith, en fait.
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Gueulante qui n'a rien à voir
Est-ce que quelqu'un, un jour, va essayer de faire comprendre aux incultes de la presse tous azimuts, qu'on écrit "enjoindre à quelqu'un de faire quelque chose" et non enjoindre quelqu'un à faire, etc., confusion d'esprits peu éclairés qui confondent vaguement avec "engager quelqu'un à faire quelque chose" ? Comme dans "je vous engage vivement à tenter de sauver les meubles en matière d'expression française". Merde alors.
La Taulière est la première à soutenir que la langue n'est pas une chose morte, propriété des académiciens, et que son évolution est plutôt une bonne nouvelle quant à sa santé. La langue évolue, c'est donc une affaire entendue. On n'a pas dit qu'elle devait naufrager, et avec elle les structures grammaticales qui la charpentent. Merde alors.
Et puis tiens, tant qu'on y est, serait-il possible qu'on parvienne à prononcer, qu'il s'agisse des documents anciens ou, dans le sens actuel, d'une liste d'engagements : charte et non "chartres" (sauf pour la ville et dans ce cas avec une majuscule) ? Et qu'on parle d'une personne fruste (= lourdaud, rudimentaire, primitif) et non pas "frustre", ce qui n'a rien à voir avec le verbe frustrer ni avec un rustre ?
Oui bon, je sais, ça ne concerne pas mes lecteurs. Mais parlez-en autour de vous, s'il vous plaît !
S'il vous plaît... Pour la langue française, une petite pièce...
PS en forme de relativisation : en fait, vu l'état du monde on s'en fout grave.
Ainsi me hérissent de même tous ces gens qui nettoient des "tâches", lesquelles "tâches" ne résistent à aucun produit, mais n'empêche qu'il faut toujours que cette tâche que l'on devrait accomplir consiste à effacer et blanchir les taches. Merde alors. (Ainsi parlait la Taulière !)
Du reste il faudrait aussi veiller à pallier ces anomalies, et non "pallier à", qu'on se le dise. Cela dit, si on se met à tout éplucher, on va se retrouver avec un énorme tas de détritus !
J'te le fais pas dire !! ça fait pas plaisir, pour sûr !
Mais ce qui fait très plaisir, en revanche (lorsque j'étais écolière, on m'a appris qu'on ne disait pas "par contre", aujourd'hui admis...), c'est de voir Mic-la-billetineuse dauphinoise pointer son museau par ici ! Merci de la lecture et du judicieux commentaire en forme d'addendum.
Ces histoires de formes malmenées, en fait, c'est tout le débat de ce qui nous défrise aujourd'hui et sera demain admis. Gageons que dans la prochaine édition du Robert, on va pouvoir pallier à ces difficultés et enjoindre nos enfants à bien apprendre la grammaire, tandis que la tâche deviendra indélébile (cas plus courant qu'on ne croit, où le vulgum pecus choisit l'orthographe la plus complexe : tâche avec accent circonflexe au détriment de la forme simple tache), tandis que l'acception "travail" disparaîtra progressivement au profit de "job", "taf" voire truc-à-faire !
Au rayon de ces machins qui font saliver la glande syntaxique, Proust dans "La Recherche..." tire sur tout ce qui bouge. Il pointe les moindres néologismes, les "cuirs" (barbarismes et autres) comme par exemple, lorsqu'une jeune marquise, qui se pique de culture, parle d'un auteur "talentueux". Proust se gausse vers 1905 de cet adjectif qu'il qualifie de nouveau et laid, mais qui ne l'était pas tant, puisqu'il figure aujourd'hui au Robert avec la mention d'une première occurrence en... 1876 ! Prou-prou récuse les abréviations de formules : "contente de vous avoir rencontré", "amitiés à votre maman", etc. qui aujourd'hui sont passées dans la correspondance courante.
Alors, à chaque époque ses navrés ? La Taulière n'exclut pas que sa "gueulante" soit un combat d'arrière-garde, mais pour celleux (néologisme militant) qui, comme nous, parlent et écrivent encore la langue d'hier, celle de demain est rude à entendre et à lire.
Après, il faut se rappeler que dans l'histoire de la langue française, ce sont la plupart du temps les formes populaires, voire vulgaires, qui ont emporté l'usage et qui aujourd'hui font figure de classiques. Et que, c'est patent dans les manuscrits du XVIIe, chacun-e écrivait comme il voulait, la règle orthographique étant... pas de règle ! Quelques académiciens et autres grammairiens s'y sont collés et ont élaboré des cadres, mais dans l'ensemble, la langue est une construction genre nid d'oiseau : une architecture globale, mais beaucoup de brindilles, de boue mâchée, d'enchevêtrements... ça tient on ne sait pas comment mais ça paraît indestructible... Jusqu'à la fin de la saison !