Un
L'hôpital public (un des hôpitaux publics ?) d'Athènes n'aura plus de trésorerie en août. D'ores et déjà les "meilleurs médecins", dit un patient lui-même toubib, ont pris la fuite parce qu'ils ne veulent pas travailler 48 heures par semaine pour 1300 euros. Un cardiologue a trouvé hier le scanner en panne et n'a pas de quoi le faire réparer.
« Mais, ajoute-t-il, s'il faut travailler gratuitement on le fera. Parce qu'ici... » sa voix résonne, derrière celle du traducteur, de la riche langue grecque pleine de sable, de mer et de vent, « ici, ce n'est pas le pays européen. Ce n'est pas le pays de Tsipras. C'est le pays d'Hippocrate ». Ce dernier nom est lancé devant lui comme une magnifique et sonore bannière.
Cette déclaration, quatre phrases incisives, emporte le journal d'information à une altitude où l'atmosphère est pure.

Deux
C'est le 20 juillet prochain, explique le présentateur du même journal un peu plus tard, que John Kerry se rendra à Cuba et hissera lui-même la bannière étoilée au cours de cérémonies marquant le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. L'image sèche et solitaire de ce politique américain faisant monter dans le ciel cubain son bout de chiffon, féodal prétexte à s'étriper, sur une île où Castro, en 1959, avait éradiqué la mafia amerlock, ses bars, ses bordels, sa corruption et la mise à sac de l'économie locale, et chassé le honteux Baptista, homme de paille des Yankees, tombe avec un bruit blanc dans une petite boîte poussiéreuse. Douteux bibelot que je livre aux archéologues du futur tant est évidente sa désuétude, pour ne pas dire sa ringardise.