« LONDRES (Reuters) - Les cours du pétrole s'apprêtent à subir de nouvelles pressions à la baisse dans un contexte de recul de la demande face à une offre de plus en plus surabondante et la phase de réajustement des marchés pourrait se prolonger jusqu'à l'an prochain, a déclaré vendredi l'Agence internationale de l'Energie (AIE) ».

Sous cette information, qu'on pourrait qualifier de bonne nouvelle dans le cadre d'une présumée tendance mondiale à calmer le jeu des énergies fossiles, s'en cache en réalité une autre, très probablement mauvaise.

Le premier producteur mondial de pétrole, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce sont les Etats-Unis, passés en position 1 en 2014 devant la Russie et l'Arabie Saoudite, avec 11,27 millions de barils/jour, malgré une augmentation annuelle qui a, semble-t-il, ralenti début 2015. Oui, c'est ainsi : parfois l'accroissement diminue, mais la tendance lourde, n'oublions pas, est encore à la hausse.

La notice Wiki faisant le point sur ces capacités s'appuie sur la production actuelle américaine de pétrole de schiste.

Or, les Etats-Unis sont en train de réviser totalement l'embargo existant sur les exportations de pétrole. C'est déjà fait pour les condensats (pétroles peu raffinés), attendons-nous à ce que l'embargo sur le brut saute prochainement.

Les Américains, pour qui la loi du marché prime en première et dernière instance sur toute notion de morale, de civisme, d'humanisme, pourraient donc tout à fait, d'une part continuer d'éventrer leur territoire jusqu'à occuper une position de leader bien assise (sur un désastre écologique à la mesure de leur énorme pays), tout en laissant jouer la baisse de la demande. Nous croyons que les Américains ont les reins assez solides (même s'ils sont en train de voir la pauvreté miner le pays de l'intérieur) pour continuer à produire et à vendre en faisant le gros dos face à des prix très bas (enfin, relativement) dans un contexte de demande ralentie, avant de sortir du bois et de "réorganiser l'offre" lorsque la demande remontera, sur fond de stocks gigantesques et de rareté artificielle.

Il est probable hélas que cela se produira, la mémoire humaine étant de courte durée. Si le "vent environnemental" souffle aujourd'hui (une bien légère brise au demeurant, bien loin d'un ouragan) et figure l'une des causes d'un marché pétrolier à la baisse, nul doute que les USA referont surface en laissant monter les prix jusqu'au point critique : celui que les (nouveaux) pays clients seront prêts à payer sans pour autant renoncer à leur consommation pétrolière, laquelle, pour peu que la fièvre qui a saisi la Terre (au secours, Dr GIEC !) ces dernières années, non pas tombe, mais simplement stagne : alors on verra renaître le triomphe de la bagnole, de l'avion, du plastoc et autres produits dérivés (qu'est-ce qui ne dérive pas du pétrole, au fait ?).

Tout ça, redisons-le, n'est qu'une question de temps et d'organisation. Si, d'ici une dizaine d'années, la Taulière s'est gourée, elle organisera un gigantesque apéro pour arroser ça. Dans la salle rafraîchie de sa maison de retraite.