... Ce qui n'est pas le cas, mais enfin, si j'avais une liste de détestés, de honnis, de haïs, des gens à qui je souhaite non pas la mort, non pas la grosse tuile (on n'est pas si mauvaise), mais un moment d'emmerdement maximal, je leur conseillerais dare-dare d'aller voir :

LES MILLE ET UNE NUITS - Volet 2 "Le Désolé" et même tiens, pour le même prix : LES MILLE ET UNE NUITS - Volet 1 "L'Inquiet"

Je n'ai pas eu le douteux plaisir de voir ce premier opus, mais je sors - ou plutôt je suis sortie avant la fin du troisième sketch, ce qui représente pour moi une sorte de record car même pour "Le Camion" (Duras, avec Depardievlovitch), où je me trouvais avec un ami dans les 90's, nous avions résisté jusqu'au bout, alors que le dernier des 7 spectateurs quittait la salle à mi-projection - de ce "volet 2" qui devrait bien rester hermétiquement clos par ces chaleurs, et même ne pas quitter le Portugal où peut-être quelques intellos lisboètes hyprabranchés comprendront la symbolique du truc, son système allusif, sa sémiologie, quouââh, mais moi, hic et nunc, nada.

Si j'aurais, comme dit Béru, été seule à ne rien piper à cet interminable exercice formel prétendant dénoncer la situation économique faite au Portugal et qui ne fait que bavarder interminablement sur on ne sait quoi, j'aurais bouclaré ma boîte à bêtises.

Mais voilà : j'étais accompagnée de la personne ma frangine, une qui ne se laisse pas démonter facilement. Or, l'ayant dans le collimateur de mon oeil gauche quand il était ouvert (il est resté fermé, ainsi que son pote de droite, pendant presque tout le 2e sketch, malgré les gueulardises insupportables d'acteurs embarqués dans ce que je ne puis appeler que "ce machin"), j'avais l'impression trompeuse qu'elle suivait attentivement car elle ne bougeait mie et son regard semblait rivé à l'écran.

Admirant dans mon for intérieur (lequel avait été d'abord perplexe, puis légèrement agacé puis un peu indigné qu'on me prenne pour une cave à ce point-là et que Arte, ZDF et autres aient co-produit ce... ce... nous dirons ce "machin"), admirant, donc, que ma chère soeur puisse capter quoi que ce soit à ce qui se déroulait sur l'écran, je me disais comme ça qu'à la sortie elle m'expliquerait, et d'avance je me sentais niaise.

Or, elle était, en fait, totalement hagarde. De plus, n'ayant pas vu, de son côté, que j'alternais moments de somnolence dont les vociférations me tiraient parfois en sursaut, et exercices de remuements divers pour me tenir éveillée, elle pensait exactement la même chose que moi et baîllait en dansant la gigue assise sur son siège, tout pareil. C'est donc seulement en raison d'un défaut de synchronisation de nos manifestations gestuelles respectives, que nous sommes restées par erreur presque deux heures dans cette salle dont les fauteuils, de surcroît, sont durs aux postérieurs égarés des aoûtiennes.

C'est dans la dernière ligne droite (un sketch particulièrement emmerdatoire à propos d'un clebs nommé Dixie) que nous nous entreregardâmes et prîmes ensemble la décision de jeter l'éponge.

Nous plongeâmes d'abord dans l'ascenseur (les salles du Méliès sont haut perchées), puis dans la touffeur stéphanoise des rues surchauffées (histoire de donner une petite couleur locale il fait 32 asteure et il est bien, oui, 00 h 10) et rentrâmes au logis passablement énervées d'avoir filé nos 10 euros à ce, à ce... Nous dirons à ce machin.

Pour celleux qui souhaiteraient un bref résumé (qui ne spoilera pas grand-chose) :

Sketch 1 : une espèce de marginal sur le retour parcourt inlassablement des paysages désolés et se cache dans les bergeries, derrière les pierres, parfois il baise avec des belles nanas dont on voit les intimités parfaitement épilées ou ornées d'un brésilien assez fourni. Les belles, toujours à loilpé, tournent à la broche, au-dessus d'un feu (préparé par un accessoiriste qui doit ignorer les règles élémentaires du barbec, vu qu'à une flamme vive et follette on ne cuit rien : on brûle), des poulets déjà dorés à la rôtisserie du coin.

Sketch 2 : sorry, je pionçais mais en gros, une juge d'opérette costumée en juge d'opérette juge - c'est son job - dans un interminable, mais alors interminable, simulacre de procès, des gens masqués, déguisés, qui racontent n'importe quoi, le tout se passe dans un amphi genre théâtre romain, en plein air. Parfois la juge ferme les yeux, on dirait qu'elle va s'endormir, y a longtemps que je l'avais précédée. Le ressort de l'histoire semble être qu'on juge les gens pour leurs bonnes actions et qu'on absout les mauvaises. Très original.

Sketch 3 : un clebs nommé Dixie genre petit, frisé, blanc et monté sur piles, et ses maîtres, un couple de Bidochons. Le chien magique transforme tout ce qui l'entoure en amour pur, grâce à lui les gens s'aiment, communiquent, s'entre-invitent... Si, si.

J'espère que je ne vais pas faire de cauchemars.

Bonne nuit ! N'allez pas au cinéma l'été : en 2012, la Taulière, déjà amochée par la canicule, avait fait le mauvais choix en allant voir un naveton dont le titre était repris dans le billet 19 du 25 août de cette année-là : "Broken" - Mais alors, menu menu. On ne voudrait pas en faire une spécialité de la maison.