Ce film indispensable est en accès libre - entre autres ici - et vous pouvez aussi le télécharger.

La Taulière a déjà vu le dernier film de Youlountas "Je lutte donc je suis", mais vient seulement de découvrir celui-ci, qui le précède. Elle conseille évidemment de consulter le calendrier des projections publiques de ces deux films, suivies d'un échange avec ce réalisateur pas comme les autres. Pour cela, voyez ici l'agenda détaillé de la tournée.

C'est peu dire que "Ne vivons plus comme des esclaves" est un chant d'espoir et de lutte. Qu'en Grèce, comme il est dit dans le prologue du film, "dans les ruines d'un mauvais rêve et le berceau d'un autre monde", quelque chose est en train de naître, était déjà en route, d'ailleurs, mais le monde n'avait pas encore les yeux tournés vers la Grèce. Maintenant, nous savons.

Ce qui est à l'oeuvre ici nous appelle avec insistance. Nous rappelle au passage que nous sommes des Grecs en sursis. Chaque image, chaque parole, dite avec force et fierté par les personnes interviewées, montre à quel point de désespoir sont arrivés les Grecs et sur quel terreau de misère est née cette relève qui force le respect.

Plus qu'une relève, un vent qui se lève : puissant, énergique, déterminé, établissant son espace, à partir du quartier emblématique d'Exarcheia, entre inventions de nouveaux schémas, contournement - voire abandon - du modèle aliénant qui a mené la Grèce dans le mur (le même vers lequel, sans conteste, nous nous dirigeons), et lutte anti-fasciste, parce que les extrêmes, on le sait bien, draguent chez les déshérités. Qu'il ne suffit pas de s'installer peinardement dans sa petite bulle, qu'il s'agit d'être sacrément vigilants sur les deux volets : économique et politique.

Il a déjà été question de la Grèce ici, mais ce que nous montre Yannis Youlountas, c'est encore bien autre chose !

Remède de cheval à l'usage des déprimés-résignés ! Non, nous ne sommes pas impuissants devant un désastre annoncé. Cette idée mortifère, qui fait malheureusement son chemin chez nombre de nos contemporains, à votre avis : à qui profite-t-elle ?

En France, nombreuses sont les "poches" de résistances qui s'organisent ici ou là dans l'anti-système, la solidarité, l'autonomie et les luttes. Mais ce que l'on voit dans "Ne vivons plus comme des esclaves", c'est ce qui se passe quand un pays entier commence à s'ébrouer et à adopter de nouveaux modes de vie et de penser-sa-vie, ou plutôt : nos vies. Car, comme le dit l'un des interviewés, ma liberté n'a de sens que si nous sommes tous libres.

"Ne vivons plus comme des esclaves !" : titre de film, mais avant tout slogan qui s'est affiché partout en Grèce, c'est une invitation à l'action. Ainsi Yannis Youlountas, philosophe, nous propose-t-il de vivre la philosophie et de vivre nos vies. C'est pas si mal comme projet, et ce sera le voeu, global et enthousiaste, que vous adresse la Taulière à l'orée de 2016.