Messages personnels : la Taulière vient de s'apercevoir que maint commentaire publié par les lecteurs depuis quelque temps avaient été invisibles et du coup, non publiés. + Logorrhée de la Taulière sur un commentaire de K au billet 275 (isonnetwosh & C°), avis aux intéressés.

__ Suite du billet du jour :

... Je ne parle pas d'imagerie médicale mais d'images sonores qui m'ont accompagnées aujourd'hui.

Ainsi parfois la radio nous surprend-elle par une excellence particulière. France Culture est globalement une radio remarquable (on tremble toujours de ce que pourraient avoir comme projet, à son égard, des politiques scélérats (pardon pour ce pléonasme à 95 %).

Mais la livraison d'aujourd'hui était particulièrement pêchue :

- 13 h 30 "Les pieds sur terre", Sonia Kronlund. On ne dira jamais assez de bien de ces trente minutes de témoignages bien trouvés, bien mis en ondes, où l'on ne fabrique pas de l'émotion à bon compte mais où parfois elle se trouve, et de qualité.

Aujourd'hui nous parlaient Sidi et ses potes, jeunes errants de banlieue, en première approche on pourrait dire "de jeunes abrutis", et c'est à porter au crédit de ce format de permettre d'entrer un peu dans la personnalité du témoin du jour pour ne pas en rester aux premières impressions.

On appréciera (vers la fin) la navrante intervention d'une jeune conseillère en insertion/probation : pleine à ras bord de bonnes intentions et d'enthousiasme (à un point carrément bébête), délivrant le discours attendu, formaté dans du bon bois de chêne, sur ce que devra(it) faire Sidi pour se couler enfin dans le moule sociétal auquel on le destine, mais dont chacun-e sait, aussi bien le réinsérable putatif que la fonctionnaire qui le reçoit, qu'il ne peut pas y entrer parce qu'il n'est pas fait pour lui, ou plutôt : parce qu'il est, en fait, vide de sens et de réalité.

Triste jeu de dupes, dans lequel la partie tenue par la conseillère s'appuie sur des locutions qu'on devine incompréhensibles par son interlocuteur, formules toutes faites, blah, blah, blah, qui ne sont destinées qu'à la rassurer, elle, sur le fait qu'elle a fait son job.

Quant à la formation d'ingé-son que projette - ou plutôt que quelqu'un a projeté pour - ce jeune homme totalement déconnecté du réel, on se demande bien qui a pu lui refiler, en honteuse monnaie de singe, l'illusion qu'il pouvait seulement avoir accès à une formation de bac+2 à bac+5.

En revanche, l'indéniable talent juridique de Sidi, justiciable parfaitement informé des conditions, tarifs et modalités de peine, pourrait être investi. Ainsi que des notions de commerce tout à fait honorables, comme par exemple l'intérêt d'être grossiste plutôt que détaillant (on parle de vendre de la weed), ramené à un ratio bénéfice/risque bien calculé. Bien des stratèges d'entreprises seraient contents de valoriser de telles compétences.

Sans compter que l'intelligence du jeune Sidi, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle est tout de même un peu en friche à bien des égards et en particulier, pour ce qui serait d'être bon pour lui-même. Il voit tellement court, le gars, qu'il se louche sur le pif en permanence. Se projeter dans l'avenir, eh bien, la dernière phrase de Sonia Kronlund nous dit de quoi cet avenir se fait. Seau de glace garanti.

Telle est la vertu de cette demi-heure : nous donner à entendre le meilleur et le pire, indissociablement liés, de l'aventure humaine partout où elle se joue et en particulier dans les endroits les plus banals.

- 14 h 00 / 15 h 00 - Les Nouvelles Vagues, Marie Richeux. Aujourd'hui, 5e sur 5 d'une série d'émissions sur un "cinéma qui surprend".

Là, écoutez donc Pascal Tessaud, metteur en scène du film "Brooklyn" : si la relève d'un cinéma français enfin CINEMA existe, elle est chez des gens comme Tessaud.

Et qu'aillent se faire foutre les metteurs en scène formatés FEMIS, les scénaristes laborieux, le petit clan des acteu-teurs à barbe de 3 jours et coiffure dans le vent, des minettes qui vont avec. Qu'aille se faire foutre tout ce petit monde qui, comme le dit Tessaud avec une rage tranquille et pleine d'urbanité, distribue les cartes sans un regard pour "la marge" dont se réclame Tessaud.

Qu'aillent se faire foutre ces sempiternelles histoires qui se passent entre le canal St-Martin et deux ou trois autres endroits branchouilles de la capitale, où toute l'invention fictionnelle se résume à faire se rencontrer des gens comme eux - personnages tous réalisateurs, éditeurs, attachées de presse et autres pigistes - pour de faibles histoires de baise et de questions existentielles sur le choix des sushis.

Qu'aillent se faire foutre les avanceurs sur recette qui refusent le blé à des films faits par et pour des noirs parce qu'ils "ne représentent pas la société française", les mêmes qui nous infligent à longueur d'année un cinéma de gens qui ne représentent qu'eux-mêmes et que doivent se fader, en particulier, les spectatrices/teurs noir-e-s.

Longue vie aux films-guérilla de Tessaud et sa bande, et retenez bien ces noms : Tessaud, Djaidani, Gomis. Et puis, un cinéaste capable d'un tel hommage à Godard ne peut pas être mauvais.

Bonus : KTGorique chez les Canadiens

PS - C'était bien aussi hier, et avant-hier : le 6 janvier, Abdellatif Laâbi nous communiquait un message essentiel.

Oui, la Taulière le sait, son faible c'est d'avoir toujours des statistiques à 95 %. Je ne sais pas pourquoi, j'aime beaucoup ce chiffre, à la fois imposant et qui laisse 5 % d'espoir, ce qui est tout de même mieux que 0,0002 pour mille.

Je ne sais pas pourquoi ça me fait repenser à l'autre, là "nous sommes les trois millions"... :-)