... technicienne de la chambre d'agriculture, a été assassinée par l'un des deux hommes vivant sur l'exploitation où elle était présente pour son travail. Son agresseur l'a traînée sur une centaine de mètres jusqu'à une mare gelée, où il l'a balancée, et où elle est décédée d'un arrêt cardio-respiratoire.

Il n'est pas dans les habitudes de la Taulière de réagir aussi précipitamment sur une actualité pareille. Aussi ne trouvera-t-on pas ici de commentaire sur les faits. La police fait son travail d'enquête.

Ce qui suscite le titre de ce billet, c'est ce qui se trouve dans la presse d'aujourd'hui à propos de cette abominable affaire.

Florilège :

« A priori, cette exploitation est bien gérée. On n’a pas entendu parler de problèmes financiers particuliers. Non, on ne comprend pas… »

« Selon le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, la victime ne procédait pas à un contrôle mais à une « démarche de conseil. » - N.B. : dans certains articles, il est même indiqué que le ministre y a insisté.

« (...) la conseillère était venue "assister à la traite du matin pour conseiller l'éleveur", non pas pour sanctionner, "mais pour aider, accompagner l'agriculteur » (le Président de la Chambre d'Agriculture, lequel ajoute que cette visite-conseil avait été "décalée de deux jours, je ne sais pourquoi".)

« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé là-bas, à Mayran, mais nous, la chambre d’agriculture, on l’aimait pas. Avec eux, il fallait toujours répondre à des normes et à de nouvelles contraintes, et ça nous a plombés pendant des années. » (un éleveur de la région)

« Il n'y avait même pas de femme pour faire la soupe » (un voisin, à propos du mode de vie des deux frères dont l'agresseur présumé).

Une seule femme a été interrogée : la patronne du bistrot local, qui considère que le village a été "blessé dans son orgueil".

Donc si je comprends bien :

- Si les agriculteurs avaient été en difficulté, avaient connu des problèmes de gestion, alors on aurait pu comprendre ce crime ?
- S'il s'était agi d'une visite de contrôle et non de conseil, on aurait pu comprendre ce crime ?
- Le décalage de date justifierait ce crime ?
- S'il y avait eu "une femme pour faire la soupe", les moeurs barbares de celui qui a jeté à l'eau la jeune femme s'en seraient trouvées adoucies, il n'aurait pas commis ce crime ?
- Il n'y a pas eu d'autre blessure ici qu'une blessure d'orgueil ? Le village est la victime, il n'y a pas d'autre crime ?
- La palme de l'abjection revient à cet éleveur : "nous, la chambre d'agriculture, on l'aimait pas". Tentative d'explication macabre ; on sent qu'il n'est pas loin d'approuver la commission, par son confrère, de ce crime.

Absence de compassion, cynisme, tout est dit. Elodie, jeune femme de 25 ans, assassinée pendant son travail et peut-être parce qu'elle faisait son travail, peut-être pas... et aucun mot pour elle, pour ses proches - à l'exception d'un tiède tweet ministériel.

Oui, c'est une journée dégueulasse qui se termine.

Pas un mot de compassion, ou d'hommage, non plus, aujourd'hui (le lendemain).