... Pour les ceusses qui voudraient partir en campagne avec Benoît Hamon pour la prochaine (présidentielle, pas guerre).

C'est une information parmi d'autres du Canard Enchaîné de cette semaine, dont la lecture fait rire jaune l'abonnée que j'ai le plaisir d'être, par la grâce d'un cadeau familial, merci mes chères frangines ! Grâce à vous je me navre chaque semaine aux nouvelles de la planète, en me vautrant dans les rires au vu des dessins, tous excellents.

Dans le numéro de ce mercredi, un dessinateur anonyme (sans doute une erreur, le volatile ayant été élaboré dans des conditions difficiles suite au cambriolage de son prestataire, lequel s'est fait voler, tiens tiens, les ordinateurs sur lesquels était composé le journal), un dessinateur, donc, nous propose un espace vide avec trois traces de pas : l'une, rectiligne et peinarde, va vers le soleil qu'on voit à l'horizon et suggère le type qui part en solo. L'autre est constituée d'un empilement de pas : un à gauche, un à droite, en avant, en arrière, c'est la trace brouillée de quelqu'un qui fait du surplace en ne sachant décider où aller. La troisième trace est celle de deux chaussures qui se sont visiblement enfoncées lourdement dans le sol. Elles suggèrent un homme accablé. Le titre du dessin : "Apprenons à pister Macron, Hollande et Valls".

Les lecteur du Canard savent déjà tout cela. Pour les autres, petit digest piqué parmi les bonnes nouvelles de la semaine que je n'ai pas résisté à commenter quelques fois, le Canard suscitant l'émulation :

  • Le Ministère de l'Education Nationale s'accroche à son algorithme scélérat qui permet au logiciel APB (admission post-bac) de distribuer les affectations comme une pluie de confetti (ça tombe où ça peut, parfois en tas, tandis que d'autres zones ne reçoivent rien).
  • La Commission nationale de la déontologie etc. créée par une loi de juin 2013, et qui est censée mettre en oeuvre la protection des lanceurs d'alerte, n'a toujours aucun membre nommé, trois ans plus tard. Il lui est donc difficile de se réunir.
  • 50 % des éoliennes du parc français ne sont raccordées... A rien ! ERDF et RTE traînent les pieds, tout ce beau monde ne jure que par le nucléaire. Pendant ce temps Royal produit du vent politique, énergie très renouvelable.
  • Guerre fratricide à la CGT entre les "historiques", les groupuscules autoproclamés (trotsko en tête) et les derniers cocos présents ! Si la gross Zentral se saborde, qui va écrire les textes comme ceux que nous avons publié voici peu ?
  • Suite des "Panama papers" et focus sur les à-côtés bien de chez nous qui font qu'on n'a rien à envier à ce sympathique petit pays. Comme, par exemple, les exonérations d'impôts directs (sur les sociétés et les revenus) pour l'UEFA, organisatrice de l'Euro 2016. Ou les cadeaux au Qatar (défiscalisation immobilière) ou Eurodisney : dérogation de son taux de TVA à 7 %, 100 millions d'euros de manque à gagner annuel pour l'Etat français...
  • Pendant ce temps-là, deux super-riches habitants d'une HLM de Torcy, dont le revenu de référence frise les 16500 euros (le scandale !!) se voient retaxer de la CSG et de la CRDS. Bilan : baisse de leur revenu annuel de 700 euros. On en profite pour leur sucrer leur APL qui s'élevait à 47 euros par mois. Bilan : moins 1250 euros par an pour ce ménage de nantis. Salauds de pauvres !
  • Amazon entre à l'Education Nationale par la grande porte, via un partenariat pour une formation à "l'auto-édition scolaire". Clients potentiels : 800 000 enseignants qui pourraient faire éditer leurs oeuvres "à contenu pédagogique". Bravo d'avoir intégré une autre multinationale qui fréquente assidûment les paradis fiscaux. On avait déjà Microsoft, c'est la fête.
  • Jérôme Guedj, chef de file des frondeurs du PS, chérit Juppé. Oui, il "confesse une tendresse irrationnelle" pour le triste-en-bottes...Faut le lire pour le croire.
  • Marine et Marion Le Pen, c'est la guerre. S'il y a duel, puissent-elles bien viser et tirer en même temps !
  • Le fonds d'indemnisation pour les victimes d'attentats demande, dans son formulaire, que la victime fournisse le nom et le prénom du terroriste... "si l'acte est revendiqué et l'auteur connu". "Quel est le prénom de Daech, déjà ?" demande le Canard.

... Und so weiter.

On pourrait dire que la lecture du Canard, d'une certaine manière, "plombe" car il semble n'y avoir pas de limites à la scélératesse de ce monde. Mais il faut se féliciter de l'existence, de la permanence dans la durée et de la qualité de ce journal sans pub, sans concessions, sans préférences politiques.

Et se réjouir du nombre de dessins humoristiques et autres caricatures excellentes. Valls est très gâté. La semaine dernière, Pétillon ou Lefred-Thouron, j'ai oublié l'auteur, le représentait en pyjama, mal rasé, de nuit, debout devant son frigo de cuisine ouvert qui seul donne la lumière dans la pièce obscure, tirant la gueule et disant "moi aussi, je passe la nuit debout". Une finesse incroyable dans ce petit portrait, on voyait le type ayant mal à l'estomac et qui se servait un verre de lait, toutes les mauvaises nuits du responsable politique de haut niveau étaient dans son expression d'humeur méchante.

Et puis, la page de "potins" politiques haut de gamme... Un régal. Et les petites perles ! Et les mots croisés, qui nous font suer des grosses gouttes avec une de mes frangines, mais on arrive toujours à finir la grille, fût-ce en se téléphonant pour joindre nos forces.

Oui, décidément, longue vie au Canard, un trésor national, l'honneur de la presse française, quatre pages indispensables.