Retraverser serait donc un verbe inutile,
Il suffirait d'aller du côté opposé ?
Vu - oui - que bord à bord et réciproquement
Il est toujours un point de vue vierge et nouveau
Et qu'ainsi chaque fois : une première fois.
Retraverser n'a donc ni sens, ni vérité
En somme il s'agirait d'atteindre l'autre rive.
***
Aux environs de 1555
« France, mère des Arts, des Armes et des Lois (…) »
L'homme qui nous laissa cette oeuvre impérissable
Est assis tout peinard à l'autre bout de toi.
Un village parmi les élégants châteaux
Voit Ronsard composer un poème après l'autre.
Elégies et sonnets coulent comme l'eau calme...
Le poète parfois s'emporte dans les hauts
Ouvre large son coeur, épanouit le verbe...
Il finit par finir et, reposant la plume,
Reclus mais satisfait, descend en son jardin.
Eclos est le bouton qui lui souffle : "Mignonne..."
Il remonte au logis, les épaules voûtées et s'assoit, résigné, devant la belle ouvrage.
***
« Hé... Psst !
- ?...
- C'était Du Bellay, pas Ronsard...
- Quoi Du Bellay ?
- "France mère..." c'est dans Les Regrets !
- Ouarrfff Gnnh Rgnnnh Grmmblll... »
***
« Ne t'ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme,
Si de ton Du Bellay France ne lit plus rien (...) ».
Joachim Du Bellay, Les Regrets, sonnet 8
Dissection :
Suite d'acrostiches fluviaux dédiés à la belle Loire
Alexandrins plutôt synérétiques
Zéro rime
Epilogue 24 pieds (1)
Saynète additionnelle
Coda
(1) - Oui oui, 24 pieds, calculateurs que je devine ! Du Bellay, dans le sonnet 8 précisément, écrivit "Mais des Hyperborées les éternels hivers" en traitant le mot prosodiquement (hyperborés). La Taulière en use de même avec les épaules voûtées.
Partons donc du principe que d'autres bizarreries éventuelles ne seraient pas des fautes de syntaxe, mais des licences : « Poète, vos papiers ! ».)
Merci chère Taulière dont les mots nous charment… Pirouésie est impatiente de vous retrouver.
Ci-dessous un poème composé d'après Verlaine ("Colloque sentimental" dont les vers mesurent 4 + 6 syllabes) avec les bateliers de la Sensée : profession titanesque et douce et ponctuelle jadis sinistrée d'un trait de plume ministériel au profit du lobby des camions.
Parmi les lieux nommés, le Pont des Imbéciles existe, pas si bête puisque nous a abrités d'une sacrée drache !
Lien à cet affluent de l'Escaut https://fr.wikipedia.org/wiki/Sens%...
Sensée automne il fait doux il fait frais,
long du halage on dit des mots discrets.
Le timbre est sobre et la parole dense :
Notre canal fut corne d’abondance.
Sensée écluse et la pluie et le vent,
le passé glisse et suinte en Ostrevant.
Rappelle-toi sur l’onde sage et riche
ce frôlement on le nommait péniche ;
au loin voguait à l’heure et juste train,
flot éperdu louvoyant sous Estrun.
De tous les ponts qui vont darder les îles,
abri malin le Pont des Imbéciles
prévient aussi que dérive l’esquif :
d’ici le câble entre lame et récif
sait rattacher ceux de batellerie
à leur bateau de retour – on parie ?
Ha ha, c'est l'histoire du gars qui est invité à manger une modeste omelette de deux oeufs du matin, et qui arrive avec le champagne, les truffes, le pain frais et la nappe... Bref, l'auberge espagnole selon les poètes !
Eh bien on va déguster de bon appétit...
PS - La Taulière a commencé ses échauffements pour Pirouésie, ça va pulser dans le "off" !!
Et contrairement à ce que j'ai oublié de faire en 2015, il y aura ici des aperçus...
Tiens je vais me tenter un u o i e a... vu chez Robert !
@ Mr K : bien tenté l'ami, je m'en vais aller laeioure ça sur ton blaeioug ! Moi j'ai rien capté au truc, ça m'a paru de l'ordre de l'inatteignable...
Je m'y oolle mais c'est chaud... a suivre...
Nous y voilà :
Hurons libres, bras du roi delta,
Rusons, fiers au loin déjà
Sur nos îles au bord inégal
Luttons incessants, suons l’idéal
Un horrible cactus olive,là !
Un nocif éclat qu’on virera
D’un solide carquois, le bras
D’un bon tir le bas du pot visera
Un oiseau bois-métal
D’un vol cible l’autorisera .
L’utopie au fond nichera :
Support littéral, un bond sidéral
Et pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître !
En plus tu n'hésites pas à glisser l'actu au coeur du poème : "Sur nos îles au bord inégal / Luttons incessants, suons l'idéal"... ;-)
Plus sérieusement, j'aime particulièrement les quatre derniers vers, une très belle image poétique où l'on entend presque vibrer l'empennage de la flèche plantée...