Non mais attendez... Tout de même. La Taulière ne peut pas vous abandonner comme ça sur le chemin du Cocommuniste... Figurez-vous que ça se corse, bien que, pour le moment, les aventures des personnages soient plutôt continentales. Comment elle en est arrivée à la page 345, ça vous ne le saurez pas, sinon, n'est-ce pas, on gâche le métier.

Sachez tout de même que, depuis 77 (la page), la lecture de ce romans (oui, j'ai mis un s à roman c'est ec'seprès) s'apparente de plus en plus au passage dans l'essoreuse à salade, la lectrice figurant la feuille de laitue. C'est-à-dire qu'elle en sort étrillée, briquée, rincée, à peu près sèche mais passablement tourneboulée. Entre temps on a décollé de Viry-Châtillon pour une virée à Moscou et ailleurs en URSS, un passage au pays de Parpara (mais si, voyons : capitale Parpara (et ses ponts sur le Postar). Il n'y fait pas bon vivre, d'ailleurs, à Parpara :

« Il n'est pas bon d'avoir un ennemi haut placé aux Archives dans une république d'Europe centrale à peine sortie du communisme de guerre froide et de la tutelle du gros ours. Avoir un ami n'est pas si enviable non plus car on ne peut jamais être sûr du désintéressement. Il vaut mieux avoir simplement des connaissances, une connaissance parmi d'autres, qu'on appellera "ami" par faiblesse, mais auquel on achètera un service. »

A peine refermée la triste dernière page de ce "roman de papier" (roman dans le roman, donc), nous voici plongée en pleine idéologie saint-simonienne, c'est-à-dire tout de même le berceau du socialisme, rien moins... Et pis nous voilà chez Enfantin (Barthélémy Prosper. Oui, lui...) bref, c'est maintenant le ton (rieur, primesautier à souhait) de la conférence.

Purée de nous autres, le Cocommuniste, il descend grave dans les entrailles de la terre-mémoire. J'espère qu'il a prévu une bonne corde de rappel... Mais le moyen de ne pas l'y suivre ?

Voilà, il n'y aura pas d'autre précision sur cet ouvrage-ci, estimez-vous déjà heureux-ses que je vous en dévoile autant. Pero sabes que, compañero, le panard littéraire, ça se partage sinon quoi.

Addendum du lendemain :

J'ai refermé la dernière page après ce genre de marathon contre la nuit qui rend urgente, le lendemain, une sieste prolongée. Le book-blues (quand un livre vous a tenu compagnie pendant un temps, et que soudain il agite dans le vent sa dernière petite voile rectangulaire et quitte votre port) m'empêchera de vous en dire beaucoup plus. Mais, bon sang, LISEZ-LE. J'ai clamé partout combien il était urgent de lire "Bodo", un chef-d'oeuvre jouettien. "Le Cocommuniste" va lui disputer la place dans mon panthéon perso.

A l'instar de ce merveilleux fourre-tout littéraire qui ne perd jamais de vue son fil central (comme le Comité, ha ha), le communisme s'en est allé :

« Le communisme dans la nuit était une petite étoile paisible et lointaine, morte et luisante à la fois, comme la physique nous a appris que ce n'était pas contradictoire. »

Bon. Pirouésie donc. Echantillon

La vie arc-en-ciel, atelier de Claire :

Choisir une couleur
Lister tous les mots, les expressions, qui vous évoquent - littéralement ou non - cette couleur
Si deux personnes ont choisi la même couleur, elles peuvent mettre en commun leur matériel.
Ecrire ensuite une histoire dans laquelle sera utilisé ce corpus, mais sans jamais citer la couleur. A la lecture, on doit deviner la couleur d'après le texte.

Choix de Muriel J.

Dans sa jeunesse le souffleur de cristal rêvait de boire une menthe à l'eau citron au fin fond de l'Irlande en fumant des algues bio au bord de la rivière. Il aimait la nature, l'herbe, le soleil car il était foncièrement écolo et antinucléaire. Mais tout ceci reste à l'état d'espoir car il se noya dans un verre d'eau.

Choix de MH

Un arbrechamp de la Juraforêt, tout blé dans sa robe de jeunesse, jouait de l'allélé (*) dans l'idée que sa musique atteigne un jour l'Irlande.
Des rayons de jadecitron irisaient la surface de la Mentherivière. Nul bruit autre que ses notes d'espoir.
Un cristalange fit pleuvoir sur la mélodie trois gouttes d'eau.

Poèmes autodatés, atelier de Dominique sur une idée de Benoît Richter :

Choisir une date qu'on écrira dans le format JJ MM AAAA et verticalement
Composer un poème, rimé ou non, dont chaque vers comprendra le même nombre de mots que le chiffre de la date correspondant.
Si la date comprend un ou plusieurs chiffres zéro, ce sera un vers vide (absent), ou un mot évoquant ce "rien".
A la lecture, on doit pouvoir retrouver la date.

Choix de ... (hélas signature illisible)

0
4 Je suis née tôt
0
6 dans la ferme de mes parents
1 un
9 samedi de pentecôte après une chute de ma mère
4 dans une baraque à
9 cochons et avant l'arrivée de la sage-femme étonnée

Choix de Gaëlle

2 Ma maison
1 est
0 vide.
8 Je peux partir loin avec mon vélo rouge
1 loin...
9 Pédaler pour découvrir respirer la liberté vivre la vie
8 enchanter mes souvenirs raconter l'avenir et réinvestir
1 ici

Apéroulipo au bar "La Marée" : poèmes aléatoires résultant du lancer de dés (voir billet n° 343 du 15/08, "Pirouésie et le retour du Cocommuniste"), atelier de Marie-Hélène sur une idée et avec les cubes de Robert Rapilly

Quelques exemples de tirages :

Aucune chance
Prenez soin de vous
Piscine d'eau de mer

Il fait beau en Normandie
La baleine rigole,
Le gendarme en goguette...

Il pleut sur Pirou
C'est la Manche
Miam... du homard !

Tous les vendredis karaoké
J'ai le cheveu gras
Vivent les vacances

La route est droite
Faites vos jeux
La roue tourne

Le train sifflera trois fois
Toujours là
Il a plu tout le jour

Absolument véridique
Arrivée à Cabourg à 14 h 30
***

etc.
3 cubes, 6 faces, sur chaque face 3 lignes, à chaque tirage 2 possibilités de lecture : verticale ou horizontale = combien de petits poèmes ?
Si un esprit mathématique voulait bien se pencher sur cette question ? D'avance merci.

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(1) L'allélé se joue sur trois notes et de préférence, pour que la résonance soit parfaite, à l'intérieur d'un chaudron.