Meilleurs voeux pour une année de luttes, et nous pourrons quitter nos petites laines car 2017 s'annonce plutôt comme un printemps chaud.

Une petite idée de ce qui est à venir : Libé en ligne nous annonce que les présidents de régions de droite sont en train de sucrer les subventions aux associations LGBT, par exemple, sous couleur de "réformes des procédures" et de "demandes non conformes".

On voit bien s'annoncer la couleur (pas gaie).

Si (je reste optimiste) mai 2017 voit la France confiée pour encore un bail à cette même droite, je ne donne pas cher des autres subventions au milieu associatif. Culture, diversité, actions citoyennes, soutien aux migrants "économiques", aux Roms, mouvements féministes et autres pourront aller se rhabiller, passer dans la clandestinité, user leurs derniers bouts de ficelle, etc.

Dans ce contexte, mes premiers voeux iront à certaine structure associative où, ces dernières années, il m'est arrivé de participer à quelques activités. Cette structure, en décembre 2016, a jugé prudent d'opposer une réponse dilatoire à connotation négative (c'est joli, n'est-ce pas, comme formulation) à ma proposition d'organiser une soirée d'information sur le Grand Projet Inutile d'autoroute A45, au motif que l'association, étant subventionnée par la Région, il fallait "penser stratégique". Il y aurait bien une autre façon de formuler ça, mais bon.

Il paraît qu'il ne faut pas faire de "militantisme politique" et qu'une telle proposition était de parti pris anti-autoroute. En conclusion, le lieu devait rester a-politique, neutre (une bien belle couleur). Mais peut-être pouvais-je "revoir ma copie" ?

Vers 1870 une telle révision aurait été du ressort de Mme Anastasie.

Il faut dire que notre région, en la personne de Wauquiez son président, n'hésite pas à balancer 131 millions d'euros dans cette affaire d'autoroute. Il s'agissait donc de ne pas froisser ce bailleur de fonds, afin que, une fois beurrée des deux côtés la tartine de VINCI & C°, il daigne pousser sous la table quelques miettes à destination des associations de son fief.

Impossible de faire entendre aux décideurs de cette association que s'afficher "a-politique", en particulier par les temps qui courent, c'est au contraire très politique. Que, si l'on commence, sous couleur de préserver les subventions, à préférer javelliser ses propos et se couler entre le mur et l'affiche, que ne ferons-nous pas quand d'autres symptômes d'étranglement se manifesteront ? Et qu'une telle prudence n'est de toute façon pas de mise car un jour on va s'attaquer aux LGBT, un autre jour à la santé publique, puis à l'éducation populaire, etc. Le programme des mecs de LR est vaste et comprend quelques axes qui devraient éveiller non notre prudence, mais notre rage.

Souhaitons donc à cette structure de passer le cap de cet accès de "prudence" et d'être un jour animée par des gens porteurs de cran, en plus d'une bonne dose d'inventivité pour compenser la diminution, voire la suppression totale des subventions de la Région. Ce qui serait aussi un gage de liberté.

A défaut, ils seront morts pour rien, ce qui serait tout de même particulièrement con, en 2016 comme en 2017.

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Coda

Dans une association, l'intégration de subventions dans le budget, si elle permet une respiration, voire une ambition, induit inéluctablement une soumission au pouvoir des politiques. Tant qu'on souffle le vent dans le même sens qu'eux, tout va bien et les sous tombent dans l'escarcelle. Qu'on se trouve du mauvais côté, et c'est la fermeture des robinets.

Dans un tel contexte, engager des emplois est périlleux et achève de ligoter l'association en question. De surcroît, si l'un-e des salarié-e-s a pour mission la recherche des subventions en question (on dit "recherche de financements" mais quelle est la part des financements indépendants ?), comment demander à cette personne d'assumer des risques, puisqu'elle mettra dès lors son propre emploi en balance ? Il y aurait là une certaine cruauté.

La Taulière, qui n'est pas un perdreau de l'année, a déjà connu quelques décennies de bouleversements de la vie publique bord sur bord gauche/droite (essentiellement dans ce sens, d'ailleurs). Chaque fois, les structures (asso, collectivités locales, dispositifs installés dans des établissements publics d'enseignement, etc.) qui dépendaient de subventions se sont trouvées salement ballotées, quand elles n'ont pas sombré. Aussi, lorsqu'on a le choix, l'autofinancement et le bénévolat devraient être la règle ou du moins, une source très majoritaire d'équilibre budgétaire.

Le "penser stratégique" de l'association dont il est question ci-dessus, est donc totalement biaisé.