Au lendemain d'avoir vu "Paterson" - qui n'est pas l'objet de ce billet, bien qu'il s'agisse d'un film très charmant et subtil, qui résonne de cette bonne petite musique Jarmuschienne - quelques vers flottaient toujours dans la tête de la Taulière. Elle en a retrouvé la trace ici et se fait un plaisir de partager avec vous ce très joli poème qui berce la première partie du film, bien que la bande annonce nous en propose un autre (du même auteur).

Love Poem – by Ron Padgett

We have plenty of matches in our house.
We keep them on hand always.
Currently our favorite brand is Ohio Blue Tip,
though we used to prefer Diamond Brand.
That was before we discovered Ohio Blue Tip matches.
They are excellently packaged, sturdy
little boxes with dark and light blue and white labels
with words lettered on the shape of a megaphone,
as if to say even louder to the world,
« Here is the most beautiful match in the world,
its one and a half inch soft pine stem capped
by a grainy dark purple head, so sober and furious
and stubbornly ready to burst into flame,
lighting, perhaps, the cigarette of the woman you love,
for the first time, and it was never really the same
after that. All this will we give you. »
That is what you gave me, I
became the cigarette and you the match, or I
the match and you the cigarette, blazing
with kisses that smolder toward heaven.

Dans la même veine que les textes intimistes de Peter Bakowski, poète australien découvert grâce à Mr K (bien connu de nos services), qui le chroniquait en mai dernier dans ses Interférences (du coup, achat du recueil "Le coeur à trois heures du matin"), ce très beau poème de Ron Padgett nous parle des allumettes de la marque "Ohio Blue Tip".

Que les objets connectés aillent se faire voir. Tant qu'il y aura des allumettes dans ce monde, ces "bâtonnets de pin tendre d'un pouce et demi, couronnés d'une tête granuleuse rouge foncé" , nous ne serons pas tout à fait foutus.