Sur le site de Libé, trouvé ce reportage photo signé Corentin Fohlen, de l'agence Divergence.

Son titre : "Témoigner de la formidable énergie d'Haïti".

On ne comprend pas bien.

S'enchaînent des photos voulues esthétisantes (comme le cheval dans la rue déserte, photo 1 - la palissade rouge, 2), puis d'autres montrant avec une certaine complaisance les organisations chrétiennes (blanches) dont on sait - au moins pour Food for the poor, que leur action est très sujette à caution.

Les nénettes dans le bus de Food for the poor sont particulièrement gratinées, elles semblent tellement heureuses de servir... Quant au regard du passant, il est sans appel.

Suit une espèce de pochetron colonial (photo intitulée "un membre de l'ONG Healing Haïti, etc.") qui serre contre lui une fillette dénudée, c'est carrément gerbant. De plus, ce "membre" de l'ONG porte un badge annonçant qu'il est un "visiteur temporaire", ce qui semble contredire la légende. Tourisme humanitaire ? Pire ?

Le summum est atteint avec les deux godiches portant une croix...

D'une image l'autre, le propos est évasif, décalé : tantôt il semble dénoncer (clichés de l'enclave touristique de Labadie), tantôt on se croirait dans un publi-reportage (photos des hôtels, galas et autres manifestations publiques). La démonstration de vaudou organisée au bénéfice du photographe donne envie de crier, et pourtant on n'est pas possédé.

La photo intitulée "la tôle rouge qui entoure les chantiers dans le centre de la capitale" fait bon marché de la fille en bleu qui marche le long de la palissade. Cette fille disparaît dans l'énoncé, bien que ce soit visiblement elle, le sujet de la photo. Les touristes au premier plan sur les clichés pris à Labadie ("animation touristique"), caricaturaux à force de laideur et de vulgarité, savaient-ils qu'ils seraient utilisés dans ce but ? De quel pays sont-ils, ont-ils eu accès à leur image ?

Le "témoignage" (qui date de 2013, soit dit en passant) ne témoigne de rien du tout, et surtout pas de la "formidable énergie" en question. A quel point ce titre est putassier, c'est rien de le dire.

Bref, il s'agit, au mieux, d'une espèce de revue du pire traitée avec une certaine désinvolture et l'on finit par douter de tout à regarder ce ramassis de... clichés.

Pas chapeau, Libé. Pas meilleurs voeux. Y a pas photo.