Bah, que voulez-vous, l'ambiance plage et randos incite à une revue de presse flemmasse.
Qu'avons-nous donc aujourd'hui dans le panier à conneries ?

Macron. Macron, Macron. Et les 100 jours. Pourtant la presse est unanime : cette histoire de centaine, c'est complètement idiot, périmé. Mais toute la presse y sacrifie, déjà qu'y pas gras d'actualité à se mettre sous la dent : à peine 80 % de la planète en guerre, en désastres écologiques, en déni d'humanité... Et en France, rien ? A peine quelques bagnoles qui se jettent contre des bars ou des pizzerias. Donc, va pour les 100 jours.

Que le président, en France, soit élu en mai ; qu'il ne puisse commencer à développer son programme que fin juin après la mise en place du Parlement. Que la session parlementaire, avant la butée des congés d'été, n'ait que le temps de se roder et de se voir infliger une ou deux décisions iniques, rien n'y fait : le marronnier des cent jours fleurit en août, impavide. Attendez : je ne suis pas en train d'écoper la barque à Manu, qu'y se démerde, hein. Je suggère au contraire qu'on déplace l'épreuve des cent jours sur la période d'octobre à janvier de la troisième année du mandat. Là on rigolerait encore mieux. Bon, vous n'avez pas envie d'être navré.e.s ? Moi non plus.

Parlons plutôt des oeufs alors ? Le scandale à bas bruit des oeufs au Fipronil (fleuron de la société Rhône-Poulenc, un peu de fierté nationale que diable !) suit la ligne éditoriale habituelle en telle occurrence : le sang contaminé y a qu'à interdire le don du sang aux pédés et puis responsables pas coupables ; Tchernobyl le nuage s'est arrêté aux frontières... Le cheval dans les lasagnes oui mais PAS chez nous !! La pneumologue Irène Frachon ? Une emmerdeuse politisée atteinte de manie de la persécution, circulez y a rien à voir, Mediator pas mort, etc.

Les oeufs au fipronil n'ont pas atteint les usines agro-alimentaires françaises. Ca s'est arrêté en Belgique !! Non, attendez : juste 200 000 oeufs.
- Allez, 400 000 c'est mon dernier prix.
- Comment ça, plusieurs unités de transformation ?? Ovoproduits, kékcéksa ? Ah bon, on en bouffe depuis plusieurs mois ? Pourquoi des mois et pas des années ?

Seigneur, et mes petites crèmes dessert préférées, celles avec l'opercule à carreaux rouges et blancs ? Ah bon, le ministère nous promet de l'info pour bientôt ? A Pâques ou à... Non, pas Pâques, ça va ruiner la vente des oeufs en chocolat. 1 million 900 000 oeufs, en France, vous êtes sûre ? Et pourquoi pas 2 millions, 3 millions, une planète recouverte d'oeufs au fipronil durant plusieurs décennies, et ce n'est qu'un aspect mineur du problème global ?

Arrêtons là, vous n'habitez pas Billancourt, moi non plus. Quand je pense que le gars qui me vend au marché des oeufs bio est en vacances. Salaud.

Que fête-t-on à l'Assomption ? questionnent en choeur La Croix et Radio Notre-Dame. Une histoire de vierge fécondée par mon pote le Saint-Esprit et emportée dans le ciel par son Fils ("vous allez où ? - je descends au 7e, merci). Bah, je ne voudrais pas vous désoler...

Donald pas Duck s'étrangle à moitié en condamnant les racistes, eurphh, grrr... La suprématie blanche... Burgglll, arrrff... les néo-nazis crrrrsshhhh... Ah ce que ça lui coûte à cet homme, c'est carrément pénible à regarder. Il a fait un effort, il a appris ses quatre lignes par coeur. Bannon avec sa gueule de pochetron en panne de cagoule pointue le regarde de travers mais quoi, de temps en temps faut composer. Attendez, merdeux d'Européens, que Breitbart déferle chez vous. Vous allez comprendre, foi de connard alt-right.

Allez, on va pas se faire mal gratuitement...

Ah celle-ci, tiens, je vous en fais cadeau direct, pas besoin de la réécrire ça coule tout seul. C'est sur le Figaro.fr, via une dépêche d'Agence Option Finance :

« (AOF) - Danone (+1,96% à 67,72 euros) affiche la plus forte hausse de l’indice CAC 40 alors que le fonds activiste, Corvex Management, détiendrait pour 400 millions de dollars d’actions du groupe d’agroalimentaire. Selon Bloomberg à l’origine de cette information, Danone serait jugé significativement sous-évalué par le gérant. Corvex Management n’aurait pas pour l’instant l’intention de demander publiquement des changements dans la gestion du groupe ou de demander aux actionnaires de soutenir leurs demandes (proxy fight). Cette position pourrait cependant évoluer. »

Décodage : "fond activiste Corvex Mgt" - aucune info en français sur Gougueule. Un fonds activiste, on ne voit pas trop ce que c'est, ou plutôt on craint de voir. Et qu'est-ce donc qu'un "proxy fight" ? Là encore, grosse difficulté à trouver une définition ou une explication en français. Voyons donc le Cambridge Dictionnary :

« a situation in which a group of investors that wants to take control of a company tries to persuade shareholders of that company to vote at shareholders' meetings in a way that helps the investors achieve what they want. »

Rien de méchant : juste la technique consistant à rassembler par noyautage, persuasion (ou menace ? Non, allez, on n'est pas des loups-garous), quantité de procurations auprès des actionnaires minoritaires dont un autre journal financier dit que "les attentes sont relativement hétérogènes", comprenez : ils ne savent pas ce qu'ils se veulent, les uns représentant les salariés, les autres leur club de bourse, d'autres enfin eux-mêmes... Des gens divisés qu'il est alors facile de "rassembler" en les persuadant de ceci ou cela, regarde donc par ici la belle bleue hop-là, je t'ai piqué ta procuration t'as même pas eu mal.

Alors, dans un vote magistral de l'assemblée des actionnaires réunissant par exemple trois votants (et what mille procurations derrière), un "groupe d'investisseurs qui veut prendre le contrôle d'une société" et qui a réussi à "persuader les actionnaires de cette société de voter (...) dans un sens qui permet aux investisseurs de réaliser ce qu'ils veulent" (traduction libre de La Taulière), un "fonds activiste" (vous voyez que ça s'éclaire) tel que Corvex, qui n'a pas l'intention dans l'immédiat de demander publiquement des changements dans la gestion du groupe mais ça ne saurait tarder, etc.

Traduisez-moi ça en nombre de plans sociaux, de révision des politiques d'achat ("4 millions d'oeufs au fipronil par an sur un contrat triennal, tu me les fais à combien coco ?"), de pressions sur la grande distribution (1)... Le lobbying, à côté, c'est la quête de la Croix-Rouge sur le parvis le dimanche...

J'avais dit : ne pas casser le moral des troupes.

Alors là, je suis sûre de vous amuser : Henri de Laborde de Montpezat, alias Prince Henrik of Denmark. Ha ha ha !! Le consort (qu'on sort de moins en moins, d'ailleurs, et je vous accorde qu'elle est éculée, celle-là), le consort, donc, se plaignait hier abondamment dans la presse sérieuse (France Info) que ses droits étaient bafoués. Prenez les droits des femmes, appliquez-les à Henrik, il devrait être monarque (nous aussi). Bref, il râlait et tapait du pied, comme quoi du coup, il ne voulait pas être enterré à côté de la reine Margrethe ! Le révolté de 88 balais était qualifié, chez France Info qui ne craint pas l'hyperbole, "d'éternel second, râleur et artiste", nothing de moins qu'that.

Mais ce qui frappait surtout, lorsqu'on observait le cliché des époux, c'est la bonne trogne de pochetron du sieur Laborde. Un pif en fraise du plus bel effet, qui montre qu'il a fait mariner sa rancoeur, depuis 50 ans, dans l'armagnac, le premières-grives (2) et le château-yquem... En consultant les archives de Match on peut constater, sur les photos du mariage où il est présenté comme un play-boy (c'est selon les goûts), que son appétence pour la bibine avait déjà marqué son joli minois. La Margrethe, elle aurait dû y regarder de plus près, si vous voulez mon avis. Bah, elle avait peut-être juste besoin d'un peu de picaillons vranzais du Sud-Ouest... Bref, le Henrik, il donne de la gueule dans la presse people et le lendemain, que ne lis-je pas ? Il est hospitalisé ! Son haleine a dû transparaître sur la photo.

Si vous voulez mon avis, au Danemark ils ont des facilités à gérer les situations de crise : "en raison d'une augmentation de ses douleurs dans une jambe" (Match). Bon, pendant qu'il pionce au Rigshospitalet (hosto royal), le père Laborde, il ne dit pas de conneries.

Lààà.. Je savais bien que je vous redonnerais le sourire.
Bonne fête à toutes les assomptionnistes !

J'oubliais !! Actualité cinématographique, l'été de tous les nanards. Non, la Taulière ne vous infligera nulle chronique caniculo-nanardière cette année. Mais elle constate, résignée, en parcourant le programme du Méliès, que les metteurs en scène d'aujourd'hui persistent à utiliser de jeunes urbains savamment décoiffés au gel, adeptes d'une "coupe destructurée" qui n'est portée que dans le 18e arrondissement de Paris, pour incarner des personnages de paysans, d'hommes du peuple, ouvriers, marins ou aventuriers du siècle passé. Ecoutez les gars, regardez quelques photos : les mecs, qu'ils soient bûcherons au Canada ou forgerons dans l'Indre et Loir, qu'ils soient "apaches" ou chauffeurs de train de cette époque, ils ont quelque chose en commun : ils ont les cheveux courts, sont bien coiffés, la raie impeccable et la chevelure collée à la brillantine... ou à l'huile naturelle car on ne se "lave pas la tête" tous les jours. Ou alors ils ont la marque de la casquette. Ah oui, mais les gandins du cinoche des années 2000 ne veulent pas avoir l'air. Tant pis, ils n'ont l'air de rien.

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(1) Je sens que je vais vous faire de la peine, mais la Taulière a bossé, voici une trentaine d'années, chez un petit transformateur de produits d'apéro et autres fruits secs dont la clientèle, à 99,99 %, était la grande distribution (oui, y avait un forain parmi nos clients, c'était le gendre du beau-frère à la soeur du patron). Elle y a appris, la Taulière, des tas de choses assez sales qui feraient l'objet ici, non d'un billet, mais d'un petit bouquin où l'on n'apprendrait rien de bien nouveau sous le soleil, c'est pourquoi elle ne l'a pas écrit, par exemple ceci : si vous êtes le petit industriel en question, vous devez payer pour "être référencé", c'est-à-dire avoir le droit de voir vos produits figurer sur les linéaires des supermarchés.

Vous payez beaucoup, sous forme de "remises arrières" (ne me demandez pas), de "participation au catalogue", une forme de racket pas très raffinée qui consiste à faire faire, par l'industriel en question, un gros chèque à l'enseigne en question, qui peut représenter jusqu'à 20 % du chiffre d'affaires qu'on espère chez elle, fausse facture à l'appui ("participation à notre catalogue spécial promo de Pâques, hors-taxes 150 000, TTC 177 500 - règlement par chèque à 30 jours". Vous commencez à voir pourquoi l'histoire du fipronil est une non-information ?

Bien. Maintenant, quand vous vous appelez Danone (ou n'importe quelle marque dont vous pouvez mesurer, dans un supermarché, la présence en dizaines, voire en centaines de mètres), c'est le contraire : c'est la grande distribution qui vous paye et vous déroule le tapis rouge pour être présent, car la clientèle ne comprendrait pas l'absence, dans les rayons, d'un produit dont sa radio ou sa télé préférée vante la bonnure (*) à longueur de journée.

Vouallââh. (*) néologisme piqué à RR

(2) tariquet premières grives, un bonnard petit blanc de Gascogne sans prétention, un peu perlant, un peu sucré mais pas trop, et pas cher. Parfois j'ai des goûts pervers, voilà, vous le savez maintenant.