... C'est ici, chez Martin Granger, le maître de la "Chorale à vapeur" qui chante à Lille ou tout près... La chanson "Le Sauvage" peut être chantée, sur l'air qu'il vous plaira (Martin n'est pas jaloux), par exemple à la fin d'un repas de fête ?

Sur le site de Martin, vous trouverez également ici "Les lauriers sont coupés" (opérette), une de celles que répète en ce moment la "Chorale à vapeur". Il s'agit d'un collage épatant que vous pouvez écouter en cliquant sur le truc ad hoc à côté du fichier pdf.

Martin Granger est génial, je l'ai déjà dit, je le redis, c'est un copain de la famille mais ça n'empêchera pas la Taulière de le redire.

Et tiens, toujours sur son site, vous pouvez aussi bouquiner le journal de Raoul et Piero, les rejetons de Martin (un onglet dédié). C'est que de la bonnure !


-

Autre chose maintenant : on a fait souvent allusion, ici, au "Lexique georgettien", édition familiale du recueil des mots et expressions employés par Georgette (1913-2002). Il ne s'agit pas, pour certaines, d'expressions exclusivement georgettiennes, mais tout de même, la plupart n'ont jamais été entendues à plus d'un mètre de Georgette. Une bonne partie des expressions sont frappées au coin du régionalisme (Dombes, Lyonnais), ou appartiennent sans conteste au folklore familial. Le tout formait un parler spécifique, que nous, les enfants de Georgette, nous sommes fameusement amusées à reconstituer.

Quelques extraits pour la bonne bouche :

« L’air con et la vue basse » : deux qualités qui semblent inséparables, bien que le premier critère soit prépondérant (pas de vue basse sans air con).

Barjaquer : parler (péjoratif) de manière incompréhensible (langue ou accent étranger), s’exprimer de manière peu claire, grommeler.

« Bordel d’engeance ! » : juron exprimant le dernier degré de l’exaspération, adressé non à une personne mais à un objet, ustensile, dispositif ou situation, par exemple un couvercle qui n’emboîte pas. Ou qui tombe.

Chaussinettes : socquettes « mets tes chaussinettes blanches »

Citoyen : v. Copain
Client : v. Copain

Copain : 1° Familier, pour désigner une personne, ou même un animal – ex. en s’adressant à son animal familier : « il a faim, le copain ? » 2° Péjoratif : désigne un quidam « qu’est-ce qu’y veut, le copain ? » « il exagère, le copain … » - syn. : citoyen, client « c’est un drôle de client çui-là » - « en voilà un citoyen ! »

Gaunes (s’empl. plutôt au pluriel) : vêtements (péj.). Au lieu de s’habiller et de se chausser, Georgette pouvait à l’occasion déclarer : « je vais me gauner et enfiler mes tatanes ».

Gosier en pente : caractéristique de l’ivrogne, de celui qui ne suce pas que de la glace ; « Dis-don', l’copain, là, il a un peu le gosier en pente »

Malgracieux, se : personne revêche, voire mal embouchée (1)

Outil : enfant pénible, qui fait des bêtises, dont on ne vient pas à bout « quel outil !! ». Par extension, femme mauvaise « celle-là, c’est un outil… » - Syn. Engin « quel engin ! »

Rapproprier (ou approprier) : rendre propre, net, par extension : retaper ou remettre en état « j’ai approprié ton linge » - et pas du tout « ravoir » quelque chose qu’on aurait perdu…

Renvoyer la classe : vomir

Sifflet de deux sous : objet réputé suspendu sous votre nez et signalant la survenue probable pour ne pas dire certaine, d’ennuis ou d’événements désagréables : « Si ça continue, y va se faire attraper, ça lui pend au nez comme un sifflet de deux sous. »

Sommeil dans la peau (ne pas avoir de) : se dit à un enfant trop tôt levé « mais ça n’a point de sommeil dans la peau, ça ! »

Tasse (vieille) : rombière, par extension personne du même âge que vous, mais jugée par vous beaucoup plus atteinte.

Torchon : le terme torchon est utilisé comme générique, son usage est précisé dans la phrase : un torchon de cuisine, un torchon (et non pas une serviette, article qu’on ne mélange pas, justement, avec les torchons) de toilette, un torchon à poussière. Pour la toilette, il faut « le torchon de la figure », « le torchon des mains, des pieds »… et, last but not least, « le torchon des fesses ». Sacrilège si l’on se trompe.

---

Noyeux Joël ! Bonnes fins de fêtes damnées ! Buvons un coup, buvons-en deux ! A l'ânée prochaine, hi han !!

=========================================

(1) La Taulière ne résiste pas à vous faire part du plaisir qu'elle eût, lisant voici bien des décennies Alphonse Boudard ("La Cerise", de mémoire), à y dénicher la phrase suivante : "La Taulière a rengrâcié, du coup". Il s'agit d'une patronne de bistrot renfrognée, qui se déride à la vue des biftards que lui met sous le nez le gars qui veut obtenir un renseignement ou un traitement de faveur. Cette Taulière redevenue gracieuse a indubitablement influencé, à distance, le choix d'un sobriquet pour celle qui a l'honneur et l'avantage de tenir la cantine dite "Appentis Saucier".