C'est une alerte en 3 temps que la Taulière lance ici :


1) Ecoutez le groupe "Les Brigandes" chanter : « ça doit être Noël ». Mais écoutez s'il vous plaît jusqu'au bout, passée la première surprise et n'allez surtout pas en déduire que la Taulière est devenue folle ou a pris sa carte au FN. Et si vous n'êtes pas sûr.e d'avoir bien compris, voyez sur YT l'avalanche de chansons puantes de ce "groupe" aux allures de commando sectaire catho intégriste.

2) Lisez ensuite, afin de vous éclairer à propos de ces "chanteuses", ces articles dans Le Parisien.fr et sur France Info en ligne N.B. - si les liens ne fonctionnent plus, je me ferai un plaisir de citer les articles ici ou de vous les envoyer par mail sur demande.

Une petite idée de la situation commence à vous venir ?

3) Complément d'info chez mon anar préféré, j'ai nommé Serge Quadruppani - voir son billet du 15 septembre dans son blog Les Contrées Magnifiques.

Comme vous pouvez le lire dans les commentaires chez Quadrupp', la Taulière est intervenue par deux fois, dont une en réponse à un.e supposé.e habitante de La Salvetat. Mais après ça, elle n'a rien foutu (la Taulière, pas l'habitante). L'info salvetoise s'est perdue dans les dédales de sa mémoire défaillante, si ce n'est qu'un réflexe pavlovien s'empare d'elle chaque fois qu'elle cherche de l'eau gazeuse dans les rayons de l'épicerie, du coup elle boycotte en silence, et vu sa quantité d'achats il est peu probable que ça fasse tousser le maire divers droite de La Salvetat, qui accueille avec bienveillance et choie la bande de fachos en question.

Alors il est temps de partager, de faire savoir, et pour mon immense lectorat, il est temps de s'associer à ce boycott et de le faire tourner largement... Je médite une lettre au maire, tout en m'interrogeant sur l'efficacité de la démarche. Mais quoi faire ?

Je vous le demande.

Allez, deux billets pour le prix d'un...

"Voisins vigilants" : ce pannonceau aux relents de collabo-délation, symbolisé par un oeil stylisé dardé sur le passant qui passe, est habituellement apposé sur les villas dans les petites rues tranquilles et les lotissements sam'suffit (à Sainté comme ailleurs) des communes adhérentes... La Taulière n'a jamais été - pour ce que ça l'intéresse - persuadée de l'efficacité d'un tel dispositif de protection de la propriété privée, et trouve que l'entreprise du même nom pue un peu mais bon.

Car, ne nous y trompons pas, il s'agit de faire surveiller/prévenir l'éventuel cambriolage d'une maison désertée par ses habitants (qui paient pour cela une adhésion à la boîte, j'ai pas tout compris), en particulier l'été, et non de porter secours à une personne malade, isolée, etc. En revanche, ce dont elle est convaincue, c'est que ce type de démarche installe durablement dans la conscience collective la "normalisation" de l'attitude consistant à dénoncer son prochain ou, du moins, à le considérer d'abord comme suspect. Pour ceci, et cela. L'oeil de "Voisins vigilants" vous a un côté "Big Brother" qui ne rassure pas (ça dépend de quel côté de l'oeil on se place).

Car, dites-moi un peu : vous sortez vos poubelles et vous voyez un cambriolage en train de s'intentionner de commettre non loin de chez vous - j'entends, vous êtes absolument sûr.e de vous. Vous n'avez pas pris le beau-frère de votre voisin venu arroser les plantes pour un monte-en-l'air ; vous n'avez pas la vue basse au point de ne pas identifier une personne qui cherche simplement son chemin ou qui fait du porte à porte, vous ne prenez pas toute camionnette cabossée pour un véhicule de Roms cherchant le bon trafic...

Que faites-vous alors, sinon appeler les flics pour faire cesser le casse ? Et sans qu'il soit besoin pour cela de vous être organisé.e auparavant en commando de derrière-mon-volet astreint aux 3 x 8. Et bien sûr, vous feriez la même chose si votre voisin était en train de cogner quelqu'un.e chez lui, ou si vous observiez un fait de délinquance routière de nature à mettre la vie d'autrui en danger. Non ? Ah là, vous m'étonnez.

Où donc se situe l'équilibre entre une action citoyenne - ou réputée telle - et une paranoïa bassement flattée, génératrice de xénophobie galopante et de militaro-poliçophilie effrénée ?

Et à quoi sert d'apposer ces panneaux du type "Je suis partout" ? N'est-ce point pour vous transformer insidieusement en milice informelle embusquée derrière les rideaux, guettant le premier quidam venu ? Cela me rappelle - d'ailleurs, l'objectif, avoué ou non, est le même : travailler chez le citoyen le "sentiment d'insécurité" - un furieux débat au sein de la municipalité Collomb 2008-2014, où l'on nous expliquait qu'il fallait "redéployer" un paquet de caméras (comprenez : elles n'avaient servi à rien, là où primitivement installées) et, deuxième terme légèrement contradictoire avec le premier, en acheter un autre bon paquet. Le tout pour 1,5 million d'euros environ.

Le taux "d'élucidation" ridicule : de 1 à 2 % (sans doute de l'ordre de 1,001 - et calculé sur quelle base ?) de ces matériels, le fait qu'ils aient peu servi (l'organisme de contrôle vidéo avouait même, en toute candeur : "elles ont abouti à déplacer les trafics dans des secteurs non surveillés) aurait dû amener une réflexion approfondie sur cette question. Mais voilà : les gens se sentaient "rassurés". Et puis, de "vidéo-surveillance", nom donné, à l'origine, au dispositif, on est passé à "vidéo-protection". Ah, la puissance du langage poétique.

Un calcul rapide montre que la dissuasion (car il s'agit bien de cela, un truc par définition très difficile à évaluer), la dissuasion, donc, qu'on obtiendrait sur une ville comme Lyon, par - allez, mettons : 6 équipes de 3 ilotiers tournant sur chacun des 9 arrondissements par roulement, coûterait dans les 3 à 4 plaques par an.

C'est peut-être même concurrentiel avec l'installation, la maintenance, le "redéploiement", l'exploitation vidéo par des mecs qui planquent 24x24 et 7/7 dans un hangar à what mille écrans, sans compter que, si vous vous faites détrousser nuitamment, en criant bien fort vous avez la possibilité d'être entendu.e par les patrouilleurs, alors que vous pouvez bien gueuler devant une caméra perchée sur un lampadaire à 6 mètres du sol... A moins de vous balader avec un panneau "AU SECOURS" dépliable en cas d'urgence.

Mais voilà : ces ilotiers-là, ça devrait être pour partie des agents de la police nationale, parce que la municipale, sauf erreur, elle a pas la compétence pour la nuit... Alors qu'avec la solution Collomb : externalisation, remplacement des personnels par du matos, la nuit ça soulage la nationale. Et après, Collomb, il est devenu ministre de l'Intérieur. Mais qu'est-ce que je raconte là... ça n'a aucun rapport.

Les entreprises du florissant marché sécuritaire d'une part, les politiques de droite d'autre part (aucun lien entre les deux) ne surfent que sur ce sentiment-là. Car il est impossible de prouver le bien-fondé d'un machin qui vous est vendu pour que les choses n'adviennent pas. Or, lorsqu'en effet elles n'adviennent pas, comment calculer la statistique ? Quant au bon bourgeois, séduit par cette offre pléthorique il a totalement oublié que, pour engendrer un peu de "sentiment de sécurité" dans l'espace public, il faudrait d'abord...

Oh et puis merde, il faudrait tellement de conditions qu'il vaut mieux faire une croix dessus. Comme par exemple moins de commerces mais davantage de lieux d'accueil gratuits et laisser les associations s'installer dans les centre ville ; comme par exemple cesser de regrouper les citoyens par catégorie, les uns parqués ici dans un habitat indigne ou des barres inhumaines, les autres catafalqués dans leurs maisonnettes derrière leurs haies dans des quartiers connotés comme pleins aux as. Comme par exemple développer une véritable entr'aide de quartier sans qu'il soit besoin pour cela de payer une boîte qui vous vend le droit d'utiliser un autocollant. Comme... bof, je suis fatiguée, tiens.

Tiens, vous avez vu cette histoire des femmes de la Cité de l'Europe à Aulnay-sous-Bois qui ont patrouillé dans leur quartier la nuit du Nouvel An ? On est loin de l'esprit de Voisins Vigilants, ça fait pas de bruit et le bilan est, d'après la mairie, très positif. Et dans la bonne humeur. Evidemment ça fait rien vendre.