Pour cette livraison, les Diffractionnistes Appentisés réunis dans un effort surhumain bien que mensuel, se sont donc lancé (sans se blesser) un nouveau défi :
- générer, en deux coups de cuiller à pot, un livre un vrai, via l'excellent site "Un titre", comme expliqué par Mr K dans son texte d'annonce. Que vous avez lu, bien sûr.
- y adjoindre LA phrase à insérer en 5e ou 6e position dans un texte de 10 phrases et environ 20 lignes en fonction de l'ouvrage en question.
Fourguer le tout au/à la comparse et roule !
Faites donc un saut chez les 10fractions pour voir comment Mr K s'est tiré de ce mauvais pas...
Quant à la Taulière, dans le fragment ci-dessous (qui dépasse quelque peu les 20 lignes, ahem...), elle a dûment inséré la phrase fournie par Mr K : « Je sens un frisson me courir le long de la colonne vertébrale quand je m’aperçois que Maria surveille la sortie en se tenant immobile devant la porte ».
Résultat destiné à vous faire partager les affres de l'auteure au boulot, extrait du tapuscrit en cours d'écriture de :
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(titre et couv' gracieusement fournis par Mr K bien sûr)
« La chevelure les cheveux la masse bouclée des cheveux de » – non faut créer un climat je vois pas trop tiens qu’est-ce qu’il fout Bernie, il a déjà passé la tondeuse avant-hier à passer et repasser devant la fenêtre il me perturbe non il est gentil en fait c’est pas une sinécure de vivre avec une autrice de thrillers en panne de virage si je l’avais pas, des fois je – ah ça y est je vois « de Maria immobile »
« Je vois la chevelure immobile de Maria... » – pas commencer par les cheveux 129,41 c’est pas le montant de la mensu... une erreur ou quoi faut que je regarde le compte les Irrégulières attendent mon tapuscrit et j’ai toujours pas la scène pivot cette facture de gaz me bouche l'inspiration ils ont dû répartir l’augmentation annoncée trtch-tfff (briquet, cigarette) on devrait baisser le chauffage et s’habiller plus faudrait marquer l’angoisse, la peur, le moment d’une révélation qui va – allez vas-y que je tchatche avec la voisine, tableau bucolique des deux côtés de la haie, qu’est-ce qu’ils peuvent bien se raconter fait pourtant pas un temps à bavarder dehors… genre « je sens un frisson… », un détail qui annoncerait la suite sans la dévoiler tfff-p'p (cigarette)
Où j'en suis ah, froid, frisson, « je sens un frisson me courir le long… » le long de quoi faudrait raccourcir le chapitre précédent et que Maria ait compris deux trois trucs avec quoi elle va essayer de piéger la narratrice je sais pas ce qu'il lui trouve Bernie à la voisine tfff-p'p, elle est con comme une valise sans poignée « me parcourir la nuque non, plus long le long » mmhh, mmhh, le long des golfes clairs, la MEEER beeergeaère d’aaazur, nah nah naaaaheu… BERNIIE !!
« Me courir… » me courir sur le haricot, les Irrégulières Bernard ne voit que son planning de sortie tfff p'p, la promo le communiqué de presse j’en suis cassée d’avance et chaque fois que je dis Bernard, j’entends Bernard – le mien – demander de sa voix égale « qui, moi ? » - mais non, Bernard des Irré, l’éditeur - ah bon - mais putain t’en a pas marre de ta blague à deux balles tfff-p'p, tu sais bien que je t’appelle JAMAIS Bernard d'ailleurs quand j't'appelle tu réponds jamais...
« Mine de rien je m’approche de la fenêtre et je jette un coup d’œil en dessous, d’ici on voit la porte d’entrée, si je regarde discrètement personne ne me verra et je saurai… » mais moi si je regarde par la fenêtre je vois Bernie ranger la tondeuse il a déjà fini c’est un rapide mon Bernie ha ha je saurai, ouais, je saurai, est-ce que l'animal utiliserait pas la tondeuse pour provoquer une petite rencontre fortuite avec la voisine ce serait ballot vu que ma fenêtre donne sur la haie la maquette de couv' est pas mal avec ce réveil prêt à tomber de la commode... tfff-p'p, tsschch (cendrier).
« Je sens un frisson me courir le long de la colonne vertébrale quand je m’aperçois que Maria surveille la sortie en se tenant immobile devant la porte. »
Et toc ouais, ça s’enchaîne, vérifier dans L'Amant des watts si je n’ai pas déjà utilisé ce pivot, ça vient bien, « en se tenant immobile devant la porte », et là les bagnoles arrivent et elle comprend que Maria a prévenu les autres – BER-NII-EEE !
Ecoute ça – non, mets le thé en route et reviens, faut que je te lise ma page qu’est-ce qu’il fout tu m’as pas écoutée ah bon, j’entendais pas de bruit c’est pour ça j’ai cru que t’étais ressorti oh ça va excuse « …son regard est fixe, comme habité… » – attends, vu que je la regarde de dessus et qu’elle me tourne le dos, comment je peux savoir si son regard pose-la ici vert nature merci, ma tasse est sur l’étagère aux dicos, « Anna surveille la porte en se tenant immobile devant » – surveille la sortie, pas la porte, Maria, pas Anna, voilà que je me mélange le clavier avec La marche des caniches...
« Je sens un frisson me courir – parcourir plutôt, « me parcourir la colonne vertébrale » non, trop médical voyons trtch-tfff synonymes hé bé y a pas grand-chose je changerai après, tfff-p'p – « je sens... » Y A LA BOUILLOIRE QUI SIFFLE, BERNIIEE !
Ah voilà : « Je sens la bouilloire glisser sur ma porte vertébrale quand je m’aperçois que Bernie surveille la sortie en se tenant immobile sur l’étagère », et toc, lààà je réglerai le cadre après, c’est important le regard mais là, je la tiens, ma scène pivot, aaaah j'ai le dos cassé moi (étirement) tfff-p'p, tfff-p'p, tsschch.
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BIBLIOGRAPHIE ANNEXE D'ANGELE LANGRENOIX
Ici comme chez K, les voies de l'écriture sont impénétrables ... Vous vous y entendez à vous deux pour semer le trouble chez le lecteur ! Ici, une haie où une micro-intrigue se laisse apercevoir, de l'autre une bibliothécaire fondue de bicyclette et des fantômes qui s'apostrophent...
Je me suis égarée dans vos deux récits, voyageant de l'un à l'autre ce qui a agravé mon état de confusion avancé.
Au final, deux beaux pieds de nez à la contrainte et à l'imposture du roman au kilomètre !
Quand La Taulière se surpasse, elle nous offre des affres qu'il faut revenir lire plusieurs fois. Et ça se sirote, se déguste, se tricote, se mystérise, bref on rigole et on se régale !
ET quand elle trouve à la fin, on se dit mais y a quoi dans le thé ?
La porte vertébrale n'a plus qu'à grincer, avec ce style inimitable, c'est pas du Angèle !
Belle biblio annexe, d'ailleurs !
Bravo.
Bravo Taulière, un récit super bien mené, si vivant, lu deux fois car, si la porte est ouverte, mes yeux matinaux pas tout à fait; mais ça y est, la bouilloire et le thé font un effet fou:-))
Merci de vos passages, lecture, et confusion taulièresque sous la pluie de vos compliments ! Je me suis bien distraite à camper cette auteure brouillonne, bougonne et imbue (trop de thé), qui esclavagise son compagnon mais ne parvient pas à torcher une phrase simple et s'emmêle dans ses titres... Pour celleux qui ont eu un jour ou l'autre sous les yeux le journal de Virginia Woolf, on y voit bien une écrivaine en plein turbin et en plein tourment pendant que son Léonard de mari (tout le monde peut pas s'appeler Bernard) tond la pelouse, va chercher les journaux, tient le standard... Et donc ça m'a amusée de faire un clin d'oeil (de très loin) à une romancière qui a loué à vie (littéraire) 45 % de mon Panthéon personnel, les autres 45 % étant occupés, sur le même palier, par Proust et les 10 % restant par le reste :))
Vous aussi, vous mettez parfois de la vodK dans votre T ?
De la voix de K, plutôt ;-)
Merci du passage, Tania !