La Taulière vous en aura-t-elle abreuvé, des canicules passées (depuis 2013 on ne compte plus dans l'Appentis les lourds et moites billets montés en Celsius) ! Hé ben quoi, c'est l'été, 36 c'est normal dans nos régions ! Et c'est aussi, questions années, un bon chiffre du siècle dernier... Non, rien ? Enfin voilllons.. Populaire. Le Front Populaire, ça vous dit rien ? Le truc qui est en train de se muséifier au fur et à mesure que la Macronie met en ordre la c'tarteup Frenchhh, quouâ. Bref, passons à aut'chose.

Pourquoi faut-il lire le journal Fakir ?

A une copine qui réagissait à mon dernier billet, et qui disait son écoeurement et sa volonté de s'intéresser aux initiatives positives de ses « frères et soeurs humain.e.s » pour éviter « la dépression totale, la pendaison aux réverbères généralisée ! », je conseillais :

« Une autre excellente thérapie (drastique et un peu hard je conviens, mais extrêmement revigorante) que je te recommande : la lecture du dernier numéro de Fakir, le journal "fâché avec tout le monde ou presque", reçu hier. Je te l'apporte lundi.

Dans celui-ci, un (très long) article de fond où le député-journaliste François Ruffin poursuit une conversation avec... Montesquieu, lequel siège, en statue, dans les jardins du Palais Bourbon et où notre François affectionne certain banc environné de roses et s'y réfugie souvent, me semble-t-il. Conversation imaginaire mais extrêmement documentée, essai politico-philosophique sur l'exercice du pouvoir solitaire et "vertical" (Macron croit à la "verticalité du pouvoir").

Implacable réquisitoire d'un pur révolutionnaire de 89 réincarné par le député de la Somme, et où celui-ci confronte les idées des Lumières à celles de 1789 et à la position politique du parlement aujourd'hui (à compter que ledit parlement en ait une, de position - dans le cas des députés LREM on sait que c'est la position du tireur couché). La lecture qu'il fait de ce pouvoir, il l'expose à la lumière de ses convictions, lumière qui n'est pas un simple borgnon (1) je te prie de croire !

Eclairant, donc, et roboratif.

La couv' de ce numéro est digne d'un Charlie Hebdo d'avant les attentats, avec le meilleur et le plus agressif des dessins, je te laisse le plaisir de découvrir... ».

Après s'être citée elle-même dans une de ses crises de délire narcissique, la Taulière veut dire (ou redire) ici pourquoi il faut lire "Fakir". Elle s'était abonnée il y a un an avec trois copines (l'abonnement super-radin, on fait tourner le journal entre nous), elle hésitait à se réabonner et puis la lecture du fameux numéro lui dit qu'il faut le faire.

Certes, Fakir n'est, à peine déguisé, que l'organe d'expression du seul François Ruffin. Les articles qui ne sont pas signés de lui se comptent sur les doigts d'une main. Certes, Ruffin député se sert de Ruffin journaliste comme caisse de résonance de son travail électif et met à son service sa feuille de chou amiénoise - excellente au demeurant même si l'on n'est pas tou.te.s picard.e.s.

Je précise au passage que je ne partage pas 100 % des vues ruffiniennes. Par exemple, sur le "bien-être animal" je pense que Ruffin est en retard d'une guerre parce que j'ai la conviction d'une quasi-végétarienne qu'il ne peut pas y avoir de bien-être pour des êtres qu'on tue pour les manger et de la plus sale façon qui soit : en déléguant la tuerie à d'autres.

Ruffin ne serait pas ce qu'il est, s'il se servait de son canard à des fins personnelles. Il n'en est rien. Passé les réserves ci-dessus, il faut se dire et se redire (bis repetita etc.) que Ruffin, député et journaliste de la trempe des Vallès et consorts, est aussi indispensable au paysage politique français - ou à ce qu'il en reste - que nous serait l'oxygène si d'aventure on s'était égarés dans une préparation anaérobie et qu'un scientifique farceur ait refermé le bocal sans nous prévenir.

Or, la clique à Macron a bel et bien refermé le bocal. Respirez une dernière fois : lisez Fakir et trouvez vite la perceuse pour sortir du bocal !

Le journal Fakir, tout comme les vidéos de Ruffin tournées depuis sa permanence et autres lieux (celle sur les "Marcheurs debout", deux militants LREM dégoûtés et dégottés on ne sait où, qu'il interviewe au sous-sol du "Bourbon", brasserie voisine de l'Assemblée, est un modèle du genre), fait donc, selon moi, partie des outils qu'on peut mobiliser pour remettre en état sa propre pensée.

Oui, je vous vois venir : « ah mais moi, ma pensée elle est claire et droite, j'ai pas besoin d'aide etc. ». En êtes-vous si sûr.e ? Moi, moyennement, j'avoue. La mienne, de pensée, elle est constamment mise à mal par la doxa ultralibérale diffusée ad nauseam sur tous les médias. Alors on est tenté.e de regarder passer les nuages et d'écouter chanter les oiseaux, on se dit bof, à mon âge, s'pas, je ferais mieux de me reposer...

Que cellui-là qui n'a jamais décroché me jette la première déclaration des droits humains...

Laissons-là donc mûrir sous le soleil de juillet cette méditation politique, et passons à la récréation.

Croiser les mots pour rigoler

La Taulière accompagne volontiers son thé matinal d'une grille de mots-croisés. Elle en possède une réserve, filée par une copine abonnée à Télérama. Les grilles de Marc Aussitôt (dit, mais pas aussitôt faits) sont redoutables. N'étant pas une spécialiste de ce sport dit cérébral (j'ai des doutes, je dirai plus loin pourquoi), la Taulière en sue plus d'une et ne cesse d'abandonner une grille pour revenir à une autre, bref, butine et laisse s'exprimer sa matière cérébrale dont le flux, il faut bien en convenir, est de plus en plus sujet à sécheresses récurrentes. Et pis les grilles ne se suivent pas, les solutions sont aux abonnés absents alors je rame !

Mais il est une réjouissance qui me console de mes vains efforts. Ce sont les définitions pleines d'humour capillotracté de M. Aussitôt, dont je vais donner ci-dessous un florilège (vous aurez les solutions dans le prochain, non mais dites-donc, vous voulez pas que je les fasse pour vous en plus ?) Je sens que je vais manger ma honte et que tout le monde aura trouvé du premier coup, mais moi j'avoue avoir passé un peu de temps avant de comprendre le deuxième, voire quatrième degré, de certaines. Et quand j'ai trouvé, en plus de la jouissance de poser mes 8 ou 15 lettres sur la grille, je me suis marrée un bon coup. Et donc :

Site de formation (3 lettres)
Propices, pour certains, à l'exploration des fosses nasales (en 14 lettres)
Canine par la peau (4 lettres)
Inflammation qui ne prévient pas (14 lettres)
Feu à volonté (9 lettres)
Indique un taux d'occupation plutôt faible (13 lettres)
Support de grève (3 lettres)
Lieu de débat (5 lettres)
Couverture florale (5 lettres)
Blindé grande puissance (10 lettres)
Fabrication d'échafaudage (7 lettres)
A un prix très élevé (4 lettres)
Pratiquer un rinçage oculaire (5 lettres)

Voilà, c'était notre rubrique "jeux de l'été". Maintenant, sur les mots croisés mon avis est réservé, parce que : si vous connaissez bien la tournure d'esprit du fabricateur, vous adoptez des réflexes, et quand vous avez fait un peu le tour de ses petites manies, quand, en outre, vous avez en réserve les réponses automatiques sur des trucs comme : le bout du bout en deux lettres c'est UT, ou : se répètent en dernier (ER), eh bien pour le sport cérébral tu repasseras. C'est comme faire toujours les mêmes mouvements avec les bras : tu muscles tes biceps mais pas tes abdos.

Enfin, je trouve que l'impact intellectuel des mots croisés est discutable. On cherche dans le dico, on se documente au besoin sur le Net, et hop, on lit vaguement que les Gétules (gaetuli) sont des berbères du sud de l'Afrique du Nord, mais demain tu l'auras oublié, tu auras oublié le mot et son contexte, sans parler de ses implications géopolitiques.

Quand tu écris pour la centième fois UELE avec la définition quasi galvaudée de tous les verbicrucistes que fait Télé 7 jours, tu n'en sais pas plus sur ce "fleuve d'Afrique" (même pas le pays qu'il traverse : la RDC, quelle ignorance ethnocentrée des Européens !), tu ignoreras toujours que l'Uele est en fait le cours supérieur de l'Oubangui, qu'il s'appelle d'abord Dungu (probablement en langue tshiluba), qu'il prend sa source dans la province de l'Ituri.

Tu ne sauras pas que, allié au Mbomou (Bomu) il vient créer l'Oubangui lequel, faisant frontière entre la RDC et la République centrafricaine, se jette dans le fleuve Congo (appelé sur les cartes "Le Congo"), lequel est le 2e plus long fleuve du monde après l'Amazone (dont l'existence, à l'instar de celle du gars appelé Dieu, reste à élucider car formée de tellement d'entités différentes, portant selon les pays traversés et les réunions mouvantes d'agrégats humides, des noms tout aussi divers).

Moi non plus je ne savais pas tout ça. J'ai le vague espoir, après avoir pioché cinq ou six notices Wikipédia (celle de la République Démocratique du Congo, celles des provinces, langues et fleuves de ce pays magnifique), d'en fixer un peu plus dans ma cervelle en voie d'obsolescence.

Et aussi, après avoir convoqué dans ma mémoire à l'instant la jeune Rachel Maendeleo Rutakaza qui a écrit vers 2013 une thèse remarquable sur "L'action internationale dans le maintien, le rétablissement et la consolidation de la paix en République démocratique du Congo de 1998 à 2008", thèse publiée chez L'Harmattan en 2014 et que j'ai eu l'honneur de relire et corriger, thèse qui m'a tout appris sur la sinistre situation de ce pays en proie à toutes les convoitises et sur la non moins sinistre impuissance de l'ONU, "machin", comme disait de Gaulle, qu'on pourrait utilement réformer ha ha, Rachel dont je n'ai plus de nouvelles depuis son retour au pays.

Je sais juste qu'elle est docteure en droit international, impliquée fortement dans la lutte contre le viol comme arme de guerre dans son pays, bref, sur le Dungu Uele et la RDC, ce n'est que l'accumulation et le croisement de sources diverses qui me donne quelque intelligence de ce qui se passe, de ce qui coule, de se qui se cultive, de ce qui viole, tue, épouvante, là-bas, les milices armées par l'Occident lâche et couard, qui ne sait pas retenir ses chiens lorsqu'il les a lancés et se contente de pomper le colombo-tantalite (le coltan) dont sont farcis vos téléphones portables, une bonne et unique raison de ne pas les balancer à la poubelle mais au cas où, d'en acheter de reconditionnés.

Car ce n'est qu'en tarissant la demande qu'on pourrait à la rigueur assainir la situation de la RDC et éviter la mort de milliers d'enfants dans et autour des mines de coltan, faire cesser l'expropriation, suivie en général d'exécutions, des coopératives agricoles installées sur les bords des lacs du Nord-Est, car la terre est très fertile en RDC et le climat s'accomode à merveille de polycultures essentielles au développement du pays mais l'on y massacre les paysans qui ont osé se regrouper pour faire autre chose que bosser dans les mines, et l'on réduit à néant les efforts de coopération portés par moultes associations dont certaines, françaises, pour que se développe cette agriculture salvatrice, bref, voyez comme l'Uele, 1100 kilomètres, est un fleuve au long cours.... Et tentons donc d'échapper à la définition imbécile en quatre lettres qui surgit immanquablement dans les mots-croisés.

Bon, au départ je voulais rigoler un brin, donc.

La valse des indices

Alors, pour terminer sur une note carrément rigolote, la Taulière a reçu ce matin la notification de l'augmentation de son loyer strictement basée sur l'indice publié par l'INSEE et prévu pour son bail, soient encore 50 boules à intégrer dans le budget 2019, sans compter la prochaine augmentation du gaz qui alimente notre chauffage collectif, les charges aussi vont grimper aux rideaux, bienvenue en Macronie ! Comme l'Uele alimente le Congo, les rivières de petits bénéfices que s'arroge le gouvernement sur le dos des moins fortunés alimente le grand fleuve de la prospérité CAC40ienne. Ils vont bien, eux.

L'indexation de mon loyer, entre 2014 et 2017, n'avait causé que 2,88 euros d'augmentation en trois ans. Ministères Duflot, Pinel, Cosse. Là, on se prend 4,22 euros mensuels dans la vue. Ministère du logement Macron : aucun. Ce ministère a disparu.

Qui donc prend en charge la destinée des gens qu'on doit loger ? Ferrand, l'âme damnée du Mac, pendant un mois en 2017 puis Mézard, un grand compassionnel, lequel hérite en plus de la Cohésion des Territoires, ce qui ressemble à un gag. Un peu comme si tu avais nommé Bernard Arnault ministre de la Solidarité et des Affaires Sociales.

L'indice de 125,90 publié ce trimestre donne une image assez fidèle de ce qui se passe dans la France d'en-bas, que la clique au Mac continue de pomper et de pomper, mortifères shadoks qui cherchent toujours la flotte dans le même réservoir. Faites signe quand vous aurez les pieds déifnitivement au sec, bande de salauds de pauvres. On vous finira à la sulfateuse. Ah non ça c'était Al Capone. Un peu plus direct, le gars. Et plus honnête. Au moins il ne faisait pas de discours sur la "verticalité du pouvoir".

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(1) Borgnon : lumière chiche, qui n'éclaire pas tant qu'elle ne jaunit l'obscurité - piqué dans le "Lexique georgettien", maintes fois cité ici, qui est un recueil des expressions populaires et régionales de Georgette (1913 - 2002).