Celle qui a été rassemblée pour Christophe Dettinger a dû réunir quelque chose comme 120 000 euros.

La seconde, lancée par Renaud Muselier, président (LR) du Conseil régional PACA, au profit des "forces de l'ordre blessées" culmine à plus d'un million d'euros (chiffres à l'heure de notre publication).

Cette disparité reflète parfaitement l'état de la société contre lequel se dressent (entre autres) les gilets jaunes : les pauvres donnent ce qu'ils peuvent et peuvent peu, les riches se débarrassent du montant de leur argent de poche en le défiscalisant au passage.

En effet, il est probable que les donateurs chez Muselier sont des sympathisants, voire militants, LR. Ces gens-là sont rarement recrutés à la sortie de Pôle Emploi ou des bureaux de la CAF dévolus à la gestion du RSA. On se souvient de la quête chez les militants UMP, après l'élection présidentielle de 2012 : deux mois, 11 millions d'euros cash pour compenser l'invalidation des comptes de campagne de Sarko, ce qui, soit dit entre parenthèses, fait apparaître minable la cagnotte Muselier et confirme que chez les riches on sait compter.

S'il était possible de connaître le profil des donateurs, on trouverait sans doute, pour Dettinger, quelque 8000 dons de faible montant (10, 15 euros) et quelques fous à 300 boules, et chez Muselier, environ mille cinglés assez cons pour filer 1000 euros chacun au profit de quelques gnons déjà guéris chez les cops. Ca fait bien des wagons d'arnica. Ou bien, 500 cons et 2 ou 3 millionnaires qui peuvent lâcher 100 000 balles sans tousser (pourquoi ça me fait penser soudain au film "Merci Patron" de Ruffin ?).

Ce qui serait grand, c'est que la cagnotte Muselier soit reversée, après le remboursement du sparadrap et de la bétadine, pour réparation des préjudices subis par les manifestants qui ont perdu un oeil, une main par suite de flashball ou de grenades de désencerclement... Non : les sous iront à l'amicale des flics. Bon, ça va doper les ventes de pastaga, c'est toujours bon pour l'économie.

Dernière minute : le patron de la maison Poulaga, qui a de l'honneur, refuse la "cagnotte" Muselier. Et il le peut : tout bobo ou grosse blessure causée à un.e policier.e dans l'exercice de ses fonctions est pris en charge, et très logiquement, par l'Etat. Les policiers n'ont donc pas besoin du fric des friqués. Et encore moins, d'un fric à fort relent pré-électoral. Un président de région devrait le savoir.