A remarquer que l'amie qui a dit "non merci, je suis végétarienne" n'a agressé ni disqualifié personne. Elle a simplement indiqué la cause de son refus parce que la dame au plateau insistait un chouïa, pensant peut-être qu'on était timides.

En revanche, la réponse "Vegan c'est pire" implique bel et bien un jugement de valeur : végé c'est mal, vegan plus mal encore.

Redisons-le ici : la Taulière ne tient pas commerce de bréviaires, cilices et autres mortifiants de poche. Elle récuse et renvoie dos à dos les gens qui refusent la posture végé/végane comme un fondamentalisme dangereux, et les extrémistes qui ont inventé ce terme abusif de "carniste" alors que les gens qui mangent de la viande animale sont tout simplement omnivores.

Elle pense que chacun.e est en prise avec sa conscience et que chaque personne fait ce qu'elle veut, qu'elle juge utile, juste, et surtout : chacune fait ce qu'elle PEUT, tout simplement.

Cela posé, voyons comment accommoder la salade 3/6 autrement. Voici quelques éléments de réponse aux affirmations recensées à la rubrique "Manger" :

L'humain a été tour à tour carnivore, omnivore, végétalien, végétarien, à différentes époques de son histoire. Rien n'indique qu'il doive se fossiliser à l'étape steack-frites.

Les traditions, ce sont la plupart du temps les façons de vivre de nos arrière-grands-parents, guère plus loin. Jusqu'au 18e siècle, à la table du roi de France ne devait apparaître aucun légume-racine car il ne devait rien manger qui crût dessous la terre !!! Quant au terme "viande" il recouvrait jusqu'à la fin du 19e siècle n'importe quelle nourriture, animale, végétale ou céréalière. On peut consulter à ce sujet la notice Wiki du mot "viande", très bien fichue, et très complète.

Les végan.e.s ne sont ni plus ni moins musclé.e.s que toi quand tu comates devant ta TV avec 200 grammes d'emballages carton sur ta table basse. Nous connaissons une végétarienne (qui l'est depuis vingt-cinq ans) qui soulève des moteurs dans son garage, car c'est son gagne-pain (oui, elle est adepte de l'ergonomie et s'est offert une "chèvre"... de levage mais enfin, elle peut encore).

La question du fer est entière et doit être traitée avec attention lorsqu'on change d'alimentation. S'informer (on peut être surpris : la légende du bon boeuf bien rouge en prend un coup...)

Le lobby des produits laitiers nous la raconte pas mal en termes de capital osseux. Mais vous trouverez ici une liste d'aliments intéressante à ce sujet...

Les haricots et autres légumineuses ne donnent pas plus de gaz qu'un boeuf bourguignon (moins, plutôt) ou qu'une orgie de poulet rôti car, lorsqu'un poulet rôti à point est posé sur la table, j'en connais pas beaucoup qui se contentent de leur ration de protéines indispensable de 40 grammes. Pour limiter les flatulences, il suffit d'associer les légumineuses au riz ou autre céréale (couscous, boulgour, pâtes, etc.). D'autre part, ces légumineuses cuisinées sans viande ajoutée sont beaucoup plus digestes.

A ce propos, il nous souvient d'une soupe aux lentilles et aux petites pâtes agrémentée de verdure, que m'offrait une voisine italienne... A s'rouler par terre ! J'ai jamais retrouvé la recette de cette soupe paysanne roborative et goûteuse. Oui, c'est un appel ;-)

L'apéro sans sauciflard, le Noël sans foie-gras, franchement, vous êtes sérieux.se quand vous déclarez que c'est pas possible ?

La choucroute ou le cassoulet sans charcutaille, c'est quand vous voulez. Faut travailler le rapport gras/légume/goût fumé :

- un fort apport d'huile d'olive dans votre bouillon,

- l'ajout en début de cuisson d'une grosse carotte, d'un morceau de céleri rave, d'un poivron (sauf pour ma copine "no-peperoni"), en saison d'une tomate entière, légumes que vous mixerez avec un peu des légumineuses en question à la fin de la cuisson,

- l'introduction d'une petite quantité de préparations végé fumées si vraiment le goût vous manque,

donneront un plat à sauce veloutée, épaisse et à bon dosage de gras, totalement compatible avec vos souvenirs gustatifs d'avant... Recette bien convenable de choucroute ici.

Hélas, le lundi vert - ou plutôt son traitement par les médias usuels, en particulier la télé, font partie des actions les plus contre-productives qu'on nous ait servies, du même tonneau que le fumettu et l'alcool avec modération. No comment.

La satiété, c'est une notion à prendre en compte, quoi que tu bouffes. Dans l'alimentation végé ou végane, faut c'qu'y faut. Un plat contenant des oléagineux par exemple.

L'ADN contient sous forme codée toutes les informations nécessaires à la vie d'un organisme, du plus simple au plus complexe. Une information = 1 gène = 1 protéine. Même chez les habitants de l'Inde, réputés végé. Mais ton ADN n'est pas une espèce d'alien intérieur à nourrir, au contraire : c'est lui qui t'alimente.

Une vache laitière qui ne serait pas promise à l'abattoir dès ses 3 ou 4 ans, peut vivre une quinzaine d'années. Pendant ce temps, elle est susceptible de vêler à un rythme conforme à son confort (certainement pas de manière forcée une fois par an (gestation = 9 mois). La cohabitation avec des animaux bien traités et qui vivraient leur bonne vie en entretenant les paysages (pâtures, haies...) serait tout simplement un bonheur.

D'autre part, sans production effrénée de petits, il n'y a pas à craindre que les vaches ou les moutons nous "grandremplacent" :))

L'emploi, sur la ferme aux mille vaches, combien de divisions ? 30 misérables emplois créés (recensement 2018) et on n'a pas compté les pertes d'emplois sur les fermes "concurrentes", enterrées depuis la création...

Quant aux emplois en abattoir, tiens, parlons-en : conseilleriez-vous à vos proches un tel emploi ? Ou bien plutôt l'aideriez-vous à trouver n'importe quel boulot sauf celui-là ?

Résumons-nous : on veut bien manger de la barbaque mais faut pas voir le cadavre, et encore moins la tuerie. Faut que des esclaves sous-payés tuent, découpent, vident, rincent, emballent ce produit qui parvient dans notre frigo tellement dénaturé, détaché de ses conditions premières d'existence (le cri et la mort d'une bête qui n'a vécu qu'un temps de misère physiologique totale), qu'on peut se permettre d'oublier et l'animal assassiné et les troubles musculo-squelettiques et les cauchemars des assassins délégués.

Voulez-vous qu'on vous raconte la belle histoire de l'élevage heureux, le paysan qui masse ses bêtes avec des huiles essentielles pour leur éviter le véto et ses piquouzes d'antibiotiques ? Pensez-vous que le paysan vertueux va lui-même endormir sa bête ? Pensez-vous que l'animal élevé dans la douceur ne connaîtra jamais la montée dans le camion à coups d'aiguillon ? Vous y monteriez, vous ? Non bien sûr. Mieux vaut aller acheter ses côtelettes. Je dis "animal mort", et c'est le malaise. Je dis "côtelettes" et tout de suite vient le souvenir du goût grillé, salé, juteux, etc. Y a des mots qui sont appétents...

Soja : on pourrait s'interroger sur l'utilité de remplacer un produit (la viande animale) par le soja : 330 millions de tonnes produites en 2018, dont USA 50 %, Argentine + Brésil les 50 autres. En gros. 70 % de cette production est OGM. Bon app.

Cela dit, 90 % de la production est destinée au bétail. Consommer directement du soja au lieu de le mettre à l'intérieur d'une vache qui n'a jamais demandé à bouffer ça, c'est au moins la garantie d'une consommation directement utile, une sorte d'efficacité du rapport plante/alimentation. Mais ces cultures gigantesques bouffent de l'eau et de l'espace, elles participent directement à la déforestation, au réchauffement climatique etc. Rien n'est simple.

C'étaient quelques pistes pour répondre aux interrogations de la salade 3/6 mais qui, vous l'aurez constaté, soulèvent d'autres questions. C'est ainsi qu'on avance.