Dans cet article qui termine tout de même sur une note complaisante, quelques bonnes raisons pour sortir de cette pieuvre... Mais je suis navrée de penser que ça ne changera rien, et qu'autour de moi, toutes les mauvaises raisons qu'énoncent les abonné.e.s pour continuer d'aller sur ce truc-à-fric qui n'est qu'un truc-à-fric, qui vend du "lien" qui n'existe pas, toutes ces mauvaises raisons continueront d'être énoncées par celleux-là même qui promeuvent le truc en l'alimentant.

Or :

Non, il n'est pas indispensable d'être sur Facebook pour "être visible", ou pire "avoir de la visibilité" (comme si c'était une fin en soi, d'ailleurs. Ce qu'on vous vend comme opinion dominante, c'est rien de le dire)... Ce sont les abonné.e.s de FB qui créent cette prétendue visibilité. Elle est si fausse, que lorsque vous n'avez pas de compte, vous ne pouvez pas "partager". On m'expliquera comment 2,32 milliards d'individus "partagent" des trucs qui ne sont pas accessibles aux 7 autres milliards. Enfin, on vit très bien sans être "visible". Première escroquerie.

D'ailleurs, j'attends les chiffres prouvant à ceux de mes amis qui vont sur FB pour ces fameuses raisons de "visibilité", qu'ils ont gagné en visibilité - et surtout en ce qu'ils attendent de cette "visibilité" : plus d'adhérents et surtout plus d'adhérents actifs, engagés, pour les asso. - plus de disques vendus, de dates de concert, pour les musicos. - plus de lecteurs pour les revues littéraires et de réservations pour les festivals - davantage de gens gagnés à telle cause, etc. etc.

Deuxième escroquerie, de taille celle-là : non, les autres utilisateurs de Facebook ne sont pas vos "ami.e.s". Vos ami.e.s sont celles et ceux qui se manifestent auprès de vous physiquement quand ça va bien et surtout quand ça va mal, qui pensent à vous inviter de temps en temps, qui vous proposent des activités communes, s'enquièrent de votre santé, de vos proches, passent du temps au téléphone avec vous quand elles/ils sont éloigné.e.s, vous appellent quand vous gardez le silence trop longtemps, pensent à vous, bref, vous font du bien d'une manière ou d'une autre. Quand je pense au nombre de gens isolés qui restent rivé.e.s à leur écran en s'imaginant avoir "des ami.e.s" et qui, s'ils doivent compter sur leurs vrais doigts pour dénombrer leurs vrais amis, s'arrêtent, si tout va bien... à 1...

Non, Facebook n'a pas "permis" les printemps arabes, pas plus que le mouvement des Gilets jaunes. Tout cela aurait eu lieu de toute façon, un rapide plongeon dans les livres d'histoires suffit à s'en rendre compte et il existe suffisamment de médias - y compris alternatifs - pour faire savoir au monde qu'il y a une révolte en cours et des choses à faire. Les gens qui se sont fait tuer en Algérie, en Egypte, au Maroc, en Tunisie et en Turquie pendant les "printemps" n'étaient pas sur Facebook : ils étaient dans la rue, et ils combattaient. N'importe quel moyen de diffusion d'info aurait pu les rassembler, et au moment où mouraient ces vraies gens, où était M. Zuckerberg ? Il trafiquait avec les gouvernements de différents pays - dont les dictatures en question - pour améliorer la couverture de FB dans ces pays-là, entre autres.

Non, M. Zuckerberg n'a aucune visée philanthropique. Dans l'article du lien ci-dessus, il n'y a pas besoin d'en lire beaucoup pour voir combien il prend ses "abonnés" pour des cons. Les vrais chiffres sont : 9 % de progression en nombre d'abonnés depuis 2017 et 6 % de progression de son action en bourse dès l'annonce de ces résultats.

Zuckerberg, la gueule enfarinée et le sourire hypocrite, énonce sur sa "page" FB quatre priorités pour l'année à venir, en forme de méga-foutage de gueule :

« … 1/ continuer à faire des progrès sur les problèmes les plus sensibles que Facebook doit affronter ;
2/ concevoir de nouvelles expériences qui amélioreront significativement la vie des gens ;
3/ continuer à construire un business solide en soutenant l'activité de millions d'entreprises dans le monde qui ont besoin de Facebook pour croître et créer des emplois ;
4/ communiquer de manière plus transparente sur ce que Facebook fait et le rôle que jouent ses services dans le monde… »

Si l'on passe sur l'enfumage des points 1 et 2, on peut aller directement à 3 : "continuer à construire un business solide". Voilà l'objectif unique de M. Zuckerberg. Le reste : pipeau, emballage doré. On attend avec curiosité la conception de "nouvelles expériences qui amélioreront etc.".

Enfin, si Zuckerberg était adepte de la transparence, on ne l'aurait pas vu aussi désinvolte devant le parlement européen (au fait, combien d'utilisateur.e.s de FB sont au courant de cette audition, je veux dire : dans les détails ?).

Zuckerberg commet des malhonnêtetés depuis l'origine de Facebook, dont il a volé le principe et le travail de recherche à un groupe d'étudiants de Harvard, prétendant que leur étude "n'était pas au point" et s'en servant à des fins personnelles pour créer FB et devenir milliardaire - lire à ce sujet la notice Wiki de Zuckerberg à l'article "Création de Facebook".

Et quand on le prend la main dans le sac pour l'affaire "Cambridge Analytica" (au fait, combien d'utilisateurs FB savent de quoi il retourne ?), il met son costard, vient devant les institutions, prend l'air penaud, dit "m'excuse, ferai plus" et repart vaquer impunément à ses affaires.

Donc, son baratin des quatre priorités, on voit à peu près.

Comment les gens continuent :

- à se boucher la vue et la pensée pour continuer d'alimenter leur compte,

- à trouver toutes les raisons de continuer alors qu'il n'y en a qu'une seule : l'addiction au petit "f" blanc sur fond bleu, dont chaque clic enrichit son fondateur, fait qui suffirait, selon moi, à condamner Zuckerberg pour une entreprise mondiale de décervelage,

- à juger qu'il s'agit de quelque chose de vertueux, d'amical, d'indispensable à la vie, de nécessaire à l'acte politique alors que c'est juste la sauce publicitaire de l'entreprise FB,

... voilà qui me rend perplexe...

Pendant que je vous cause, les affaires continuent et l'entreprise de décervelage généralisé marche fort : le marché européen, avec 512 millions d'habitants, reste pour l'instant la poire juteuse de FB face aux seulement 330 millions d'Américains, bien que le continent africain, avec un taux de pénétration en augmentation de 24 % sur 2018, doive constituer, à l'heure actuelle, le rêve intime de Mark Zuckerberg)

Dédié, avec mes amitiés navrées, à tous ceux qui ont permis à M. Zuckerberg de gagner 6,2 milliards de dollars hier.

PS - Oui, Google fait la même chose que Facebook en termes de siphonnage de données. Mais au moins, chez Google ils ne font pas semblant et ne vous lavent pas le cerveau pour vous amener à cliquer sur un picto de pouce levé pour "aimer" tout et n'importe quoi, et ils ne vous vendent pas des "amis".

Et oui, quand on pense FB, faut aussi penser Instagram, WhatsApp, Messenger. Quand j'écris "pieuvre"...