Bonsoir François Ruffin,

Sortant de la projection, à Saint-Etienne, du film "J'veux du soleil", je me sens obligée de revenir sur mon coup de sang d'hier.

D'abord, on a apprécié votre petit coucou vidéo juste avant le film. Et on a compris, du coup, pourquoi vous aviez modifié votre agenda pour ne pas louper l'occasion de donner de la visibilité au film, et c'est vrai que les médias sur ce coup-là ne se sont pas précipités jusqu'à présent.

En voyant le film, on a compris pourquoi il était urgent qu'il bénéficie d'une grande résonance : ce film est essentiel. Le message que vous y faites passer est essentiel.

Et ce film est magnifique. Merci de vous être lancés, tous les deux - à l'initiative de Gilles Perret, tout de même :) - dans ce tournage express et dans ce tour de France des ronds-points d'une semaine. Les paroles entendues, la solidarité vue, les histoires bouleversantes des personnes avec lesquelles vous vous entretenez, tout cela magnifiquement servi par la caméra de Gilles Perret, vont, espérons-le, réveiller les consciences.

Votre présence, en fait, n'était pas si importante - même si on aurait bien aimé vous voir ! J'avais cédé (je ne suis sans doute pas la seule) à une espèce de culte de la personnalité (bon, ne prenez pas la grosse tête, hein, c'est pas à ce point-là tout de même), d'où ma colère - mal placée, en fait. Car c'est votre film, à Gilles Perret et à vous, et non le fait que vous veniez - ou non, qui est important.

Un film essentiel pour mettre les choses au point, à l'usage de celles et ceux qui, comme moi, regardaient ce mouvement, depuis novembre, un peu "depuis leur fenêtre", partagé.e.s entre l'opinion relayée par les médias d'un soulèvement facho, noyauté/récupéré par le FN, violent, etc. et le désir d'y aller voir, mais aussi effrayé.e.s par les exactions policières qui sont allées croissant et ne donnaient pas franchement envie d'aller s'exposer là...

Spéciale dédicace à la monteuse qui a fait un travail absolument remarquable. Le rythme du film, les insertions de "moments Macron" (délirants !) et de vidéos des manifestations (festival de pandores shootant dans les GJ à terre)... Bravo !!

Le plus important : ce que vous nous avez donné à voir et à entendre, c'est une vague qui doit, qui va grandir. Ce que nous avons entendu à l'issue de la projection : "assemblées des assemblées" à Commercy et à St-Nazaire, convergence des luttes, tout cela nous donne de l'espoir, c'est pas rien par les temps qui courent.

Alors que la presse locale titre pour ce week-end "Samedi de tous les dangers à Saint-Etienne" (danger pour les manifestants, c'est sûr !), j'espère vivement que le film va pousser les gens à y aller voir, à rejoindre.

Merci pour votre témoignage (vidéo post-projection où Gilles Perret et vous explicitez votre démarche), et merci au monsieur très efficace dont malheureusement je n'ai pas compris le nom, qui vous a remplacés et a animé un échange fructueux avec la salle.

En conclusion, j'ai été injuste dans mon message précédent, ce pourquoi je vous présente mes excuses.

Sachez qu'il y avait du monde et de l'ambiance ce soir au Méliès, une chorale dans le hall, de la doc, des rencontres, etc.

Pour info, samedi à Saint-Etienne :

- défilé du "Carnaval de l'Inutile", départ 13 heures devant "STEEL", zone commerciale monstrueuse en construction à l'exclusif profit des promoteurs de l'immobilier commercial et qui va donner le coup de grâce au commerce du centre-ville

- rassemblement régional des Gilets Jaunes Place du Peuple,

- prévision de rassemblement (sans autre info) devant l'usine Verney-Carron, qui fabrique entre autres les LBD40.

Et... Longue vie à "J'veux du soleil" !


A l'aimable lectorat de l'Appentis Saucier : précipitez-vous à la projection qui aura lieu, n'en doutons pas, près de chez vous ! Ce film aide à comprendre aussi pourquoi le pouvoir est si inquiet de cette vague jaune fluo : un mouvement spontané, qui échappe à toute définition, à toute grille de lecture, un mouvement politique mais a-partisan, pour reprendre un terme entendu ce soir pendant l'échange, qui met dehors par tous les temps et pendant quatre mois d'hiver (au mépris de la tradition des manifs printanières d'une semaine), un mouvement qui est en train de se structurer sur un modèle démocratique en dehors de toute récupération. De quoi exciter Castaner et de quoi hélas lui donner l'occasion de lancer encore plus de flics totalement décomplexés par une impunité acquise.