Passons sur le contresens où s'ébat Tonton Georges, qui n'avait pas cherché à se perdre dans les méandres de l'étymologie, confondait homonyme et synonyme, mais chantait juste.

Et enfonçons-nous-y, dans l'étymologie. Enfonçons nous-y...

Et pour ce, allumons une première bougie du côté du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales :

CON, subst. masc. et adj.
Subst., trivial. Région du corps féminin où aboutissent l'urètre et la vulve.

Trivial ? Le CNRTL entérine donc l'acception péjorative (c'est un euphémisme) d'un mot signifiant à l'origine le sexe féminin. De plus, ils procèdent par approche biaisée : qu'est-ce donc que cette "région" mystérieuse ? Que l'urètre aboutisse vers une sortie, OK. Mais la vulve, elle aboutit... ? Vous êtes sûrs les gars ? Ne serait-elle pas plutôt, elle aussi, un aboutissement ?

En fait d'éclairage, l'obscurité s'épaissit et je vous sens en proie à la perplexité. Qu'est-ce qu'elle dégoise, la Taulière ? Ousqu'elle s'embarque ? Attendez voir un peu.

Chez Wikipédia, on est plus complet, mais c'est pour mieux nous paumer dans les étymons : de l'origine latine (cunnus - gaine, fourreau) à la tradition populaire (dont Wiki ne nous dit pas, d'ailleurs, si elle recouvre une quelconque réalité), qui fait passer le con par le connil (de cuniculus ?), lequel aurait désigné le lapin - et là, on s'égare dans les garennes - aux étymons germaniques remontant à l'indo-européen, bref c'est de plus en plus clair.

Ce qui est limpide en revanche, depuis le dix-neuvième siècle (les abonné.e.s à l'Appentis savent tout l'amour que porte la Taulière à ce siècle qui vit la morale curetonne modéliser et modeler tout ce qui leur tombait sous le bréviaire), c'est l'acception TRES vulgaire et TRES péjorative de "con" pour signifier la bêtise la plus épaisse, avec une nette accentuation au début du vingtième.

« Ah non, s'insurge une copine avec laquelle je rompais quelques bâtons cet après-midi. Ah non ! S'il te plaît n'utilise pas ce mot pour qualifier la bêtise ». En l'occurrence, je venais de fustiger la bêtise crasse d'un édile de notre connaissance, mais c'est une autre histoire.

Elle avait bien raison, la copine, de me reprendre. Et de mettre un coup de projecteur sur l'infamie, pour nous autres femmes, de devoir entendre à longueur de journée ce mot, qui désigne bel et bien le sexe féminin, utilisé avec abondance, variété et une grossièreté décomplexée, pour illustrer l'état de stupidité, qui plus est, d'un homme. En effet, à ce substantif masculin il a fallu accoler conne, voire connasse, pour qualifier une bêtise féminine.

Doublement péjoratif, donc.

Et tellement passé dans les moeurs que sa polysémie n'interroge même plus.

Bon, chère copine de là-haut sur la colline, promis, je vais essayer. C'est pas gagné, parce que la déclinaison de "con" est tellement riche, que ça me privera d'une sacrée gamme d'expression. A noter qu'au terme de notre mini-colloque on a décidé qu'on pouvait garder "connard". Ca peut servir.

Toutefois, essayons avec "bite" dont l'occurrence avec son sens actuel de sexe masculin, apparaît dès la fin du 16e siècle et procède, nous dit le CNRTL, de "abiter" (= s'approcher, toucher) :

- ah dis-donc, c'qu'il est bite, çui-là !
- quelle bite !
- casse-toi, pauv'bite !
- il est bite comme une valise sans poignée
- Unetelle, elle est d'une biterie abyssale...
- c'est bite, ce qui nous arrive.

ad libitum.

Voualla... Je ne m'étendrai pas davantage (ha ha) mais considérez, cher lectorat, s'il vous plaît, ce qui précède et interrogez votre for intérieur, lequel je le sais vous accompagne fidèlement dans toutes vos occupations, sur les procédés par lesquels les hommes ont, du plus loin qu'il nous en souvienne, asservi, avili, quand ils ne l'ont pas ignoré ou négligé, le sexe féminin.

Et sachez que pour les femmes, vivre dans ce monde-ci tel qu'il nous a été livré, avec cet héritage cathédral, si je puis me permettre, c'est pas toujours « roses et violettes ».

Afin de terminer sur une note riante, j'm'en fus quérir, dans les tréfonds du net, quelque témoignage de ce que cette question n'était pas que la nôtre, à la copine et à moi, là, aujourd'hui dans la laiteuse lumière de l'après-midi tandis que je contemplais, par ses baies vitrées, la vue insensée dont elle jouit, du sommet de son immeuble situé très haut sur la colline en question, une vue qui porte, par temps limpide, jusqu'au Mont-Blanc.

Et j'ai bien ri, à propos d'une vidéo très maligne sur le sujet, aujourd'hui malheureusement privée d'accès, qui recevait une avalanche d'insanités en guise de commentaires, mais parmi lesquels j'ai retenu celui-ci, qui sonne assez gentiment : c'est signé d'un modeste "Supreme III", c'est sobre (et mal orthographié, comme il est de rigueur chez les commentateurs de la toile), du coup ça révèle une certaine fraîcheur adolescente :

Supreme III
« Jme suis perdu sur ytb la »

Tiens, mec, j'te fournis une carte de la région :
ORIGINE DU MONDE.jpg

Addendum réCONfortant ici