Délateurs de tous les pays, unissez-vous !

Comme il fait bon, ce matin, la Taulière attend dehors, sur l'esplanade devant la piscine, l'heure du cours d'aquagym. Elle pratique sa distraction habituelle : le regard en coin sur ses contemporains, ses concitoyens, ses congénères, bref ses con... Mais j'avais dit que je boycotterais ce mot (voir billet "Hé bé mon con...")

Pourtant celle qui s'avance, l'air d'un pigeon en chasse au trésor, la tête en avant, le nez sur son smartphone, grommelant à part soi, elle en a bien l'air d'une... Que cherche-t-elle donc, quelle est sa quête, quoi lui faut ?

Rien : elle a déjà trouvé. Sa cible c'est un type qui, agenouillé devant un container "Chrysalide", ramasse les dons (ou jets d'objets divers, la bêtise humaine n'ayant décidément pas de limites), nettoie, trie, fourre les vêtements dans un grand sac.

La mémère au (smart)phone m'interpelle pour me prendre à témoin : qu'est-ce qu'il fait ce lascar là-bas ? Vous savez qu'on peut signaler, y a une appli c'est pratique... Mais qu'est-ce qu'il fait donc ? Ah, c'est peut-être un employé. Elle scrute le type avec Constance et Détermination, ses deux copines de la task-force "dénoncez, dénoncez, il en restera toujours quelque chose".

Je fais remarquer à Mémère un camion siglé "Chrysalide" à côté du container dont la porte est grande ouverte, ce qui tendrait à prouver que quelqu'un en possède la clé, et que c'est peut-être le chauffeur du camion dans lequel sont entassés d'autres grands sacs, tout à fait semblables à celui qu'il est en train de remplir.

Petite leçon de cadrage : au lieu de zyeuter son écran et le type, elle aurait pu d'abord embrasser du regard l'ensemble de la scène et faire marcher un peu son unique neurone. Bon, je ne lui dis pas tout ça mais en substance... Pour toute réponse, voici qu'elle se rengorge et se lance dans une justification : "C'est pour la sécurité, vous vous rappelez pas le petit qui est mort dans une benne ? Ici, à Saint-Etienne ?" - Non, je ne me souviens de rien de tel. Google non plus, lorsque plus tard je le consulterai longuement. Catégorique, Mémère : "c'est y a un an". Voilà. Précis, daté : il y a un an. Ca permet de raconter à peu près n'importe quoi sans étayer ses affirmations.

Pendant ce temps, le voleur potentiel de pauvres frusques a fini de vider le container et remonte dans son camion pour continuer son boulot.

Bon, s'agirait pas de vomir dans le petit bain pendant qu'on trempouille de concert, parce que Mémère-en-chasse elle va au même cours que moi. Elle porte un maillot de bain bleu et rose, mais y a sûrement pas de message subliminal, ne soyons pas parano.

Je n'ai pas fini de soupirer devant cette manifestation d'imbécillité crasse, qu'en lisant les infos locales ce soir...

Politicards de tous les partis, désunissez-vous !

Eh ben ça y est, voilà qui va donner raison au sondage-à-la-... lu ces jours derniers, qui donnait Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Etienne, gagnant au premier tour des prochaines municipales.

Car voici que commence le défilé des majorettes : Pierrick Courbon, socialo bon teint, annonçait avant-hier le premier sa candidature en appelant de ses voeux l'unité à gauche et verte réunies (c'est exprès la syntaxe). Tu parles, Charles. Il a dû y travailler mollement, parce que pour le moment il est tout seul avec lui-même. Imparable technique des soc', qui n'ont pas changé de polycops depuis quarante ans : toujours annoncer qu'on a cherché à rassembler, mais surtout, partir le premier (syndrome dit de Hamon).

Et puis, immanquablement, hier "l'écologiste" (un mot qui fait de plus en plus rire) Olivier Longeon annonçait son départ en course. Solo, lui aussi.

Et aujourd'hui, les pantins de service : France Insoumise, NPA et je ne sais plus quels autres rigolos annoncent qu'ils sont bien groupés tous en tas... mais tout seuls.

Bon, Perdriau avait déjà son fan-club, c'était pas la peine de lui servir le rata en plus.

Bravos les mecs (car il y a très peu de nanas dans cette histoire, vous l'aurez remarqué) ! Vous m'éviterez de me gâcher un dimanche de mars en allant voter.

Je dis "un", parce que devant une telle union des forces, c'est sûr qu'il va passer au premier tour, Perdriau, et qu'on va se re-manger 6 ans de bitume, d'arrachage des arbres (si, si, il le fait), de bagnoles et de centres commerciaux, de braderie du foncier communal, de bras ouverts à la promotion immobilière lyonnaise, de gentrification des quartiers sympas, de vidéoprotection (sic), "d'applis" dévolues à la délation et de racket du stationnement (1).

Et c'est pas la Mata-Hari du smartphone qui va sauver les votes, avec les deux portraits de Wauquiez et de Sarko qu'elle doit avoir au-dessus de son plumard, agrémentés d'une branche de buis.

La lumière est très belle, ce soir, sur la colline. C'est déjà ça, il faut s'habituer à espérer petit.

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Stationnement : sur la colline en face de chez moi il y avait un parking un peu sauvage, mais enfin, deux niveaux où se garaient plein plein de voitures. Et les gens descendaient en ville à pied, et remontaient itou, ça leur faisait les mollets, c'était bon pour leur santé, et gratuit.

A partir de là, il y avait deux solutions. La première aurait consisté à arranger un peu le sol et les accès à ce parking, à y planter quelques arbres éventuellement, et à le transformer en parc-relais. Le bus 12, qui passe à proximité, en faisant un détour de cent mètres, aurait pu avoir un arrêt tout devant (les parc-relais sont gratuits et fonctionnent avec un ticket de bus).

L'autre solution, celle adoptée par la municipalité, vous l'avez devinée ? Eh bien, après le bitumage à grands frais, l'installation de chouettes parcmètres et de murets du plus bel effet, le résultat ne s'est pas fait attendre : zéro bagnole là-haut depuis. Quand je dis zéro : là, je regarde bien, j'ai une vue imprenable, c'est bien zéro.