... D'abord les choses se répètent, il n'y a pas de quoi donner du neuf heure par heure. Mais les premiers jours, tout de même, y a du biscuit...

1 Trempée dehors, trempée dedans, c'est un jour éminemment humide. Pluvieux qu'hier.

2 L'Anzieux était bien haut ce matin, il a montré qu'il n'était pas le "ruisseau" que j'ai dit mais un torrent qui doit pouvoir facilement montrer ses gros bras. S'il pouvait remonter un peu dans les canalisations, ça rendrait la flotte thermale moins chaude. La température de potage, concernant la baignade, n'est pas parmi mes préférées.

3 Bruit : le niveau de décibels dans cet établissement thermal est assez impressionnant : grondement des bulles, rugissement des tuyauteries et autres gaines d'aération... Le seul mot qui vient à l'esprit est : vacarme.

4 Par là-dessus s'époumonent à qui mieux mieux les employé.e.s dont le hurlement est le mode de communication ordinaire : "Ca va, Madame Machin ? Quelle cabine, Monsieur Schmirm ? Madame et Monsieur Dupont-Lheureux, cabines 8 et 9 !". On souffre des oreilles avant d'être guéri.e par les "soins". C'est peut-être un principe thérapeutique, par déplacement du siège des douleurs.

6 La population curiste est toujours composée par moitié de bandes de vieux beaux ricanants, flanqués ou pas de leurs mémères teintes en blondes, et de hagard.e.s esseulé.e.s (plutôt chauves et/ou grisonnant.e.s) cherchant leur chemin dans le dédale des bains à bulle, douches au jet, douche "pénétrante" et autres piscine de mobilisation.

7 La "coach" de la piscine arbore un tee-shirt "treillis militaire". Cette adjudante nous enjoint de lever les genoux, "plus haut, plus vite, ALLEZ !!" pendant dix minutes, puis se désintéresse de notre piteux groupe de vioques et met en route "les jets". L'eau verdâtre mousse. Son turbin n'a pas l'air de la passionner, elle n'en hurle pas moins fort et l'architecture apporte un écho sonore du meilleur effet si elle avait pour ambition d'être entendue depuis les monts du Forez voisin.

8 A propos de chemin perdu, je voudrais signaler, si ça peut aider, que l'un des signes de la sénilité commençante consiste en ce qu'on répète les mêmes erreurs avec obstination. Par exemple, on sait qu'il faut passer de l'autre côté du vestiaire pour retrouver le chemin du hall, mais on continue à errer en deça de ces Pyrénées symboliques à portes bleues, tout en sachant vaguement - mais dans un plan parallèle du cerveau qui ne communique pas sur ses intentions - qu'il faut traverser. On est regardé par ses co-curistes intrigués par vos allées et venues, votre humeur ne s'en améliore nullement.

9 Dans le hall, il y a un coin réservé pour les moments de loisir ou de repas tiré du sac. Il consiste en 3 tables rondes format bistrot et 9 chaises. Quand on est 10, la dixième casse la croûte debout, adossée au mur. Ce "coin" en est un, car il est coincé entre les WC d'un côté, des dos d'armoires de l'autre, et se termine sous l'escalier, face au local technique à portes baillantes (serpillères, balais, rouleaux de tuyau d'arrosage...)

10 "OPALIA est né en 2009 de la volonté de Lyonnaise des Eaux et de Vert Marine de s’associer pour créer une société dédiée aux projets de Partenariat Public Privé (Concession ou Contrat de Partenariat) dans le domaine des équipements de sports et de loisirs et plus particulièrement dans celui des piscines et centres aquatiques." (extrait du site du groupe Opalia).

En français dans le texte : "OPALIA est né en 2009 de la volonté de LDE et de Vert Marine de gagner un max de fric sur des publics captifs en mettant un pied dans le service public pour en tirer la substantificque moelle, dût ledit service en crever."


Retour sur le trottoir de Montrond-les-Bains

Prière de ne pas en déduire que j'ai anciennement exercé un métier que j'aurais à coeur présentement, pour amortir les frais de cure, de remettre en service dans le coin. Je veux seulement reparler des "trottoirs" qui mènent (péniblement) votre servante des Thermes jusqu'à la gare (toujours aussi déserte, silencieuse, mais voyez-vous comme on prend vite des habitudes, j'y ai maintenant "mon" banc).

Aujourd'hui, on dirait que la Loire elle-même est montée à l'assaut des rues (ce n'est pas exclu, vu ce qui est tombé ces dernières 24 heures) car de l'eau sourd à travers la pouzzolane mal concassée et d'amples flaques donnent à ces espaces indéfinis, bien que bordurés, l'allure d'une petite Venise dont les constructions seraient tombées en ruines et retournées à l'état de pierraille.

Autrement, la rue du Geyser (car geyser il y a, d'où l'eau chaude dans le machin), devenant par la suite rue de la Gare à condition de tourner à droite au rond-point de l'ADT (voir billet précédent), est ponctuée à intervalles réguliers de villas toutes gardées par des cabots forts en gueule (eux aussi). J'ai beau leur rétorquer, sarcastique, que je vais passer par là dix-huit fois et qu'ils feraient aussi bien de s'habituer à ma silhouette élancée, y a pas moyen. Jusqu'au dernier jour je serai potentiellement une monte-en-l'air alors que j'ai déjà bien du mal à monter dans les baignoires à bulles.

Retour sur la gare

Calme, à défaut de luxe et de volupté. Entre les rails poussent linaire et matricaire. Il manquerait une troisième plante en "aire", de la salicaire par exemple, qui ne doit pas être loin, d'ailleurs.

"A LOUER", derrière la gare, un appartement au premier étage d'une maison qui pourrait être un très ancien HLM, datant de l'époque (connue de la Taulière) où l'on construisait de tout petits immeubles d'un étage. Les fenêtres sont cintrées et les volets, en bois peint de bleu gris, en épousent fidèlement l'arc (c'est heureux). Cet "immeuble" est à demi caché par une haie de thuyas très fournie, cette infamie étant assez répandue dans "la plaine" où l'on craint sans doute le vent autant que la vue des voisins.

Dans le TER, nous sommes 4 dans la rame. Deux hommes montent à la gare suivante et s'exclament : "Ben dis-donc, y a du peuple aujourd'hui !".