Un type colle une banane avec un scotch contre un mur et la vend 120 000 dollars (euros ?) à un.e imbécile qui achète le machin. Un autre type décroche la banane et la mange. Pas grave, on en recollera une autre. 120 000 boules. En plein Téléthon.

Pas grave : Téléthon est une entreprise commerciale qui roule pour les labos privés prêts à se faire un service 3 pièces en or avec les maladies orphelines. La recherche financée continue d'utiliser des animaux alors que les cellules souches leur permettraient de faire aussi bien. 20 % des dons du Téléthon vont à l'administration de la boîte. 20 pour cent...

Pas grave : France Inter relaye à sa manière en invitant ce matin un trio de toubibs assez favorables, sous leurs airs neutres, à des dépistages génétiques et à la manne financière que ça représente.

Pas grave : les grévistes de Radio France ont laissé l'émission se dérouler parce que Téléthon.

Pas grave : pendant ce temps la grève continue. 600 km de bouchons en Ile-de-France, les victimes de la grève sont toujours les mêmes pendant que, au gouvernement, ça en touche une (multipliée par...) sans faire bouger les autres. Je globalise, pardon.

Pas grave : pendant ce temps Delevoye a fini de poser ses billes dans le monde de l'assurance privée et de la retraite par capitalisation. J'y étais même pas si lié que ça, qu'il dit, le rat dans la gueule, la queue qui dépasse. D'ailleurs voyez, je démissionne, hop, vous n'avez rien vu, j'avale, il ne s'est rien passé. Delevoye nous prend pour des cons, comme si on ne savait pas qu'il a joué, comme eux tous, à "si je suis pris je me rends", l'essentiel étant d'avoir posé ses jalons avant de se faire gauler, et tu crois qu'on ne sait pas que tu as toujours le téléphone ? Quitte à foutre le feu en France. Et les syndicats, pendant ce temps... Tous en-sem-ble, tous en-sem-ble...

Pas grave, du moment qu'on récupère ses billes en matière de représentativité aux élections professionnelles (le nerf de la guerre), tant pis pour les pauvres salariés réduits à voyager 4 heures pour bosser 3 heures et repartir pour 4 heures avant de rentrer chez eux. Depuis le temps que les centrales syndicales n'en finissent pas de reproduire un moyen de lutte totalement inadapté au monde actuel. Etablir un mois entier de gratuité, de conduite slow, un mois de gratuité dans les supermarchés, tiens ! Un mois de gratuité du courant électrique (ah mince, Linky !!), tiens, voilà qui aurait de la gueule - Mais, s'écrient les cadres syndicaux, la grève est un droit, mais le détournement de l'outil de travail est puni au pénal, on peut pas faire ça !!

Pas grave, banane à deux balles ! Tu crois que, lors de la première grève au monde (2558 av. Jean-Claude, Egypte) ou de la première grève en France (1229, université de Paris, durée 2 ans), ou des premières grèves ouvrières massives, tu crois que les grévistes ne risquaient rien ? (juste leur peau). Tu crois qu'ils avaient-le-droit ? Mais non, tu préfères garder ton cul au chaud en faisant donner la troupe, mais tu veux pas initier un moyen de lutte nouveau ? Tu t'en balek des milliers de gens emmerdés par les grèves et les manifs qui ont pour premier et dernier effet de paralyser les transports en commun, à l'heure où il faudrait les rendre encore meilleurs si l'on se souciait de l'avenir de nos enfants plutôt que de son propre mandat électoral, et alors que tu ne peux pas ignorer que la classe dominante a ses propres moyens de déplacement ? Tu as perdu le sens de l'histoire ou quoi ? Qui était emmerdé pendant les grandes grèves minières ? Les patrons, mon pote. Les proprios et les actionnaires des mines. Et au premier chef les grévistes et leurs familles, qui crevaient de faim. Au pire un épicier ou deux. Mais pas ou très peu d'impact ailleurs. Et ça a signé la naissance des caisses de secours. Mais non, tu préfères continuer, la tête dans le cul, tous-en-sem-ble tous-en-sem-ble... Ah, Martinez... Ah, Berger... Ah, Veyrier... (1)

Pas grave, les black-blocs s'en occupent. Pas grave, les flics font de l'escalade. Pardon ?? Euh, je veux dire, c'est l'escalade avec les flics, la violence appelant plus de violence encore.

Pas grave : allez voir "Les Misérables", de Ladj Ly. Au-delà, bien au-delà du quartier des Bosquets à Montfermeil, Ladj Ly envoie une multiplicité de messages très importants pour nous tou.te.s. Regardez attentivement, le film en est truffé. C'est bien la première fois que je ne reprocherai pas à un artiste de courir plusieurs lièvres à la fois au risque de perdre le fil de son propos. Ly ne perd rien : ni le fil, ni une occasion de dénoncer, ni le schéma, implacable, de sa démonstration.

Grave : c'est un film grave.

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(1) Hi hi vous savez même pas qui c'est...