POESIE A BOUT PORTANT

Franconville bâtiment B, quand la ville dort

Cent mètres de silence, trois tondus et un pelé. Un nommé Beretti, un nommé Fargo. La parole est de plomb.
- Ca va ? - Ca va.
- Ca fait une paye !
- Les mois d’avril sont meurtriers.
- Putain de dimanche…
- Tout fout le camp
- Blague dans le coin, charmante soirée.
- Vous parlez d’une rigolade, de quoi se tordre !
- Ah… mon pote ! Rien ne va plus…
- Et ta sœur ?
- Santé excellente, t’as le bonjour.
- Où est passé Tom ?
- Passage à tabac.
- Et Rodriguez alors ?
- Porté disparu
- Mauvais signes. Taillons-nous !

La chambre du haut

La nuit tombe. Dormez, pigeons. Chambrage maison. Fin de soirée. Seule. La voix au téléphone. Silence de mort. Loup y es-tu ? Un message de Maryse. La fièvre monte, frissons garantis. Refroidissements. Janice ne répond plus : les anges meurent aussi. Les anges ont ces yeux-là. Adieu cousine…

RN 86, coup de torchon, Le Royal Bougnat

- Ho ! Qu’est-ce qu’on déguste ! Défoulons-nous ! A table ! Faute de grives … pour la bonne bouche, on tue le veau gras. La cuisine infernale. Ca sent le gaz. Les harengs ont bon dos. Enlevez le poulet ! Un poulet à frire. Les carottes sont cuites : des vertes et des pas mûres. Le pot-au-feu est assuré. La pizza brûle. Le bouillon -rédempteur- à déguster froid. Pain complet. Soupe aux légumes, festin de crabes. Festival de crêpes. Crème anglaise - à la cuillère. La poire sur un plateau. Du gâteau ! La bouffe est chouette à Fatchakulla ! Bon app !

Notre-Dame-des-Nègres, 1275 âmes

Ne chinoisons pas, voyez le tableau : personne ne devrait mourir comme ça. Prière d’incinérer. Suivez le convoi. Ca sent le brûlé. Zéro de survie, moins 40 de fièvre, qui dit mieux ? La fosse est pleine, sonnez les cloches.
Bad karma…

Rue du Chat Crevé, mardi-gris, zone mortuaire

- Minute fossoyeur ! Beau temps pour caner : laissez bronzer les cadavres la tête au soleil.
L’homme chauve sourit. L’homme qui rit jaune, un Chinois qui vous veut du bien. N’y mettez pas votre nez, circulez ! Cet homme est dangereux.

12 rue Meckert

Alerte ! Dans l’intérêt des familles, pour tuer le ver, mieux vaut courir. Gare à l’intoxe, le temps des charlatans. L’article de la mort, panique en première page. La rue devient folle. La foire d’empoigne.
Printemps pourri. Ca nous fend le cœur. On n’est pas des chiens, vive les viocs - le respect se perd. Qui vous parle de mourir ? On peut toujours recycler les ordures.
Avis déchéance : tout le monde se tire ! Chaudes bises.

Loin de Ris Orangis, le Repos du Routier

On picole sec. On liquide. Virus party : ça s’arrose. De quoi se marrer ! Tu paies un canon ? Vous prendrez bien une bière ? La tournée du patron. A servir frappé. Jusqu'à plus soif. A la tienne, pigeon !

Rapt-time, 00:23, pont de l’Alma

Le moine connait la musique, le diable et son jazz. Petite musique de mort. L’orchestre des ombres. Chanson macabre, mélodie en sous-sol. Le blues des alcolos. La d’jungle, le tango des alambics, le tango des mal aimés, le tango de l’homme de paille, la java des loquedus, le mambo des deux ours. Solo de bayton, king bongo. Change pas de disque, l’air et la chanson, c’est pas du folklore.
Rock-béton, piano barjo : tirez sur le pianiste ! Tirez sur la chanteuse ! Le chanteur de gospel ! Jazz-gang. Honey-Money, Tchatcha nouga, rhapsodie en jaune, be-bop à Lula. Toxic blues : la musique des circonstances.

Et bien, chantez maintenant...

Ô dingos, ô châteaux ! Où va t-elle chercher tout ça ?