Malgré une situation professionnelle "tendue" (pour le dire vite), Ben ne perd jamais son sens de l'humour. En témoigne cet échange de textos de ce soir.

Je venais de passer un message collectif en ces termes : "A donner, téléphone fixe un poste, usagé mais pouvant rendre encore quelques services (j'ai l'impression de proposer un dinosaure au pays de la 5G). Faites tourner, merci !"

Ben : "Fouillâ mamy ! T'aurais pas une meule en pierre polie ? Faut que je broie les graminées que j'ai cueillies sur la friche en face de chez moi !"
"Et des flèches en silex, pour les pigeons ! Je vais bien manger... Tu fourgues l'opératrice des télécoms avec ou faut payer à part ? Sans rancune, des bises !".

Moi : "Non, moi j'suis trop chère pour les smicards, hin hin, mais pense à des vieilles personnes dont les pigeons seraient morts par exemple... Bises, espèce de merle moqueur !"

Ben : "Ah oui, t'es de la génération antédiluvienne qui avait une protection sociale... Exorbitant ! T'inquiète, j'ai un fixe, je l'utilise grave : je suis déjà vieux" (il a pas 40 ans, le gaillard).

Moi : "Un jour j't'aurai, toi..."
"Et, au fait, aiguise ta meule et cueille un max de graminées, parce qu'au train où ça va, entre virus et sécheresse..."

Ben : "C'est clair... Mais j'ai choisi un coloc un peu gros, histoire de voir venir... T'aurais pas un saloir et un hâchoir dans ta caverne d'Ali Baba ? A bientôt !"

Moi : "Ah le veinard ! Moi j'ai même pas une voisine un peu tendre... Qu'un tout sec et sportif et au moins quadra, et une rombière dans mon genre mais nettement moins bien nourrie..."

Ce n'est pas grand chose, si vous voulez, que ces petites conversations - pas évidentes, au demeurant, pour qui compose ses textos sur un vieux téléphone à touches (qu'on appelle, de manière post-moderne : "feature phone" par opposition à "smartphone") -, échanges volatils... Mais, comme on le disait plus haut : en ces temps un peu (oh, très légèrement) anxiogènes, tout rire est bon à prendre.

Il y a une histoire de nos rencontres avec Ben : à mes débuts à Sainté, je faisais régulièrement le trajet en train vers Lyon (vous en avez subies, d'ailleurs, des chroniques ferroviaires à cette époque). Immanquablement, en descendant ou en remontant de la gare, je croisais Ben et son sac à dos, son ordi et ses bouquins (il enseigne aux personnels de santé, en gros) car il bosse à Lugdunum, et toujours il allait au train quand j'en descendais, sans espoir, donc, de pouvoir tailler une bavette pendant les 45 minutes du trajet...

On avait juste le temps de se dire "salut, ça boume" et hop, toujours l'un de nous courait en direction de la gare (enfin courir, en ce qui me concerne, c'est un léger abus de termes). Le mieux qu'on ait pu dégager comme temps, c'est un café en dix minutes avant l'heure du train !

La dernière fois que je l'ai croisé, la semaine dernière, il ne courait pas cependant - et pour cause ! Nous parcourions les rues avec nos attestations "achat de produits de première nécessité". Nous avons blagué sur les crayons et les gommes, parce que, lasse de recopier toujours la fameuse attestation (ne détenant pas d'imprimante), je me vantais d'avoir trouvé malin de laisser en blanc la date et l'heure, que je remplissais au crayon à papier. Ben m'a informée que cette technique et ces produits étaient prohibés et que, si la police en trouvait dans mes poches, ce serait pas le port d'armes mais presque, genre : "Madame, reculez ! Posez votre crayon et votre gomme par terre et laissez vos mains en évidence !".

Merci cher Ben, c'est précieux d'avoir pour amis des petits jeunots pêchus et narquois dans ton genre qui, quand il nous croise, moi et mes potes âgées, nous appelle "les anciennes" !

Je vous en souhaite beaucoup, des comme ça,

Portez-vous bien, prenez soin de vous (une véritable scie actuellement, mais qui garde tout de même ses vertus de "stroke positif"), n'écoutez pas Macron lundi soir, il a fait le VRP pour Raoult aujourd'hui, et quand on voit que c'est le journal Les Echos qui rend compte de sa visite au célèbre chercheur, ça donne une indication sur les priorités, en termes de santé publique, du président.